La théologienne E. A. Johnson récompensée par la LCWR
Lors de son assemblée générale annuelle (12-15 août 2014), la Conférence de direction des religieuses américaines (LCWR), a décerné son Prix du leadership exceptionnel à la théologienne Elizabeth A. Johnson, Sœur de Saint Joseph, reconnue par beaucoup aujourd’hui comme une théologienne féministe catholique des Etats-Unis, de premier plan. A l’occasion de la remise de ce prix, celle-ci a prononcé l’allocution reproduite ci-après.
Remarques pour le Leadership Award Dinner
Par Elizabeth A. Johnson, CSJ
I. Merci beaucoup. Pour citer Shakespeare dans La nuit des rois : Je ne puis vous donner pour réponse que des remerciements, des remerciements et toujours des remerciements. (Acte 3, scène 3)
C’est un très grand honneur que de recevoir de vous cette récompense, vous, femmes fidèles avec lesquelles je partage la vocation d’être religieuse dans l’Eglise aujourd’hui. Vous êtes vraiment mes Soeurs ! Vous auriez pu choisir quelqu’un parmi tant d’autres religieuses en responsabilité aujourd’hui, dans tant de situations différentes. Je suis impressionnée par votre hommage et touchée de rejoindre les rangs de celles qui ont été honorées précédemment.
Une salutation spéciale à ma soeur Susan et mon beau-frère Stephen qui sont venus nous rejoindre ce soir depuis l’Oregon, ainsi qu’à ma chère amie Cathy Hilkert, OP, de l’Université de Notre Dame, à d’autres bons amis et aux membres du gouvernement de ma congrégation de Brentwood.
Cette récompense est une reconnaissance du leadership que j’ai exercé dans le ministère de la théologie. Pour dire la vérité, je ne serais jamais devenue théologienne sans les responsables de ma propre congrégation religieuse. Cette vocation au sein de ma vocation n’était simplement pas dans mon champ de vision. Mais Mère Immaculata Maria m’a envoyée faire des études en vue d’une maîtrise, et les supérieures générales suivantes m’ont envoyée faire un doctorat et m’ont aidée à discerner la proposition d’accepter un poste d’enseignante en théologie à la Catholic University. Elles pensaient que l’Eglise avait besoin de femmes pour enseigner la théologie et elles ont senti mon intérêt pour cela. Depuis ce temps et jusqu’à notre présidente actuelle Helen Kearny et ses récentes déclarations publiques de soutien, l’attention des responsables à mon égard a été sans faille.
Un exemple le montre bien. Quand j’ai fait une demande de titularisation à la Catholic University, j’ai reçu l’accueil unanime du corps professoral. Mais il n’était pas certain que j’obtienne le poste parce que des évêques n’avaient pas aimé un article que j’avais écrit. J’ai envisagé la possibilité de donner ma démission d’enseignante, plutôt que de traverser les procédures ardues de l’interrogation. Dans une lettre que je garde dans ma Bible, notre supérieure générale, soeur John Raymond McGann, m’a conseillé de rester dans la course : « Ne le fais pas si ça doit te tuer. Mais essaie de trouver la joie au coeur des critiques. Ne cherche pas l’orthodoxie et ta sécurité au point de brader le ministère de la théologie et de t’y perdre toi même. La victoire réelle c’est ton intégrité » Il y avait un PS : « Augmente ton budget détente ». (J’ai eu le poste).
Sans ces femmes, je ne serais pas là aujourd’hui. Comme responsables, elles m’ont imaginée et encouragée dans le ministère de théologie. A travers les hauts et les bas, elles ont manifesté le soutien de la communauté pour moi de manière spirituelle et de manière concrète. Ne sous-estimez jamais votre influence de responsables élues.
II. Un mot à propos de mon travail. Faire de la théologie dans l’Eglise est un travail que je trouve intéressant, dur et extraordinaire. Il y a mille ans, Anselme a défini la théologie comme « la foi cherchant à se comprendre». Enracinés dans la tradition chrétienne, et équipés d’outils intellectuels, ceux d’entre nous qui appartiennent au monde théologique pensent la signification de la foi et la manière de la pratiquer. L’objet de la théologie est d’éclairer l’Evangile de mieux en mieux, pour pouvoir le vivre dans une compréhension plus profonde et un amour vibrant pour Dieu et le prochain. J’ai investi mon travail intellectuel dans une variété de sujets parmi lesquels le langage sur Dieu, la signification de Jésus, la communion des saints, et l’évolution et la création. Quel que soit le sujet, enseigner, écrire et donner des conférences publiques ont toujours été pour moi une invitation aux étudiants, lecteurs, auditeurs à « venir et voir», comme le dit l’Evangile de Jean (Jn 1,39). Vatican II nous a appris que « la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance. » (DH1). Ainsi, venez et voyez, pensez, posez des questions, mettez les choses en relation, apprenez la tradition, découvrez vous-mêmes comme la foi est belle. Cela vous conduira à vivre la rencontre et l’amour du mystère caché de Dieu.
Chaque période culturelle apporte de nouvelles questions auxquelles les théologiens tentent de répondre. Il y a déjà longtemps, une question-clé est apparue pour moi quand j’ai réalisé que tous les grands penseurs auxquels j’ai été exposée pendant mes études étaient des hommes. J’ai aimé beaucoup de leurs idées. Mais où étaient les femmes ? L’absence de leurs idées critiques et de leur sagesse spirituelle m’a frappée. Inspirée par une génération pionnière de théologiennes américaines, je me suis engagée de plus en plus à amener au débat des voix de femmes. Cela ne veut pas dire penser aux femmes tout le temps. Cela veut dire utiliser la dignité humaine des femmes comme angle de vue pour penser les autres religions et les sujets d’éthique. Cela signifie être attentive à la pauvreté, au manque d’éducation, à la violence sexuelle, et aux autres théologie ce qui promeut l’épanouissement des femmes dans toute leur diversité. L’année où j’ai été reçue au doctorat et où j’ai commencé à enseigner en université, cette direction est devenue encore plus forte en moi lorsque quatre chrétiennes d’Amérique du Nord ont été assassinées au Salvador : Ita Ford, Maura Clarke, Dorothy Kazel, et Jean Donovan. Leur courage et leur engagement ont eu sur moi un impact profond. Leurs vies lumineuses m’ont conduite à faire de la théologie dans le même esprit, attentive aux difficultés et aux espoirs de ceux qui sont le plus dans le besoin et qui sont sous la menace de la violence.
Il est clair que mon travail s’appuie sur la théologie faite par des hommes, et le fait avec appréciation critique. Mais je suis convaincue que ce n’est pas suffisant pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain. La moitié féminine immergée de l’Eglise, et en fait de la race humaine, est en train de se lever, et la foi que nous nous transmettons de génération en génération sera appauvrie si les femmes n’y apportent pas leurs idées et leurs intuitions.
En prenant ce chemin, je, et l’ensemble des théologiennes aujourd’hui, dessinent une nouvelle voie. Pendant des siècles, l’étude de la théologie a été réservée aux prêtres ordonnés, chargés du ministère d’enseignement de l’Eglise attribué à la hiérarchie. On ne peut surestimer l’impact de Vatican II qui a ouvert les portes des études de théologie aux laïcs. La théologie est exercée aujourd’hui de manière excellente par des prêtres ordonnés, mais toutes sortes de nouvelles questions, méthodes et manières de comprendre fleurissent aujourd’hui, nourries de l’expérience de laïcs, hommes et femmes. Cette récompense que je reçois aujourd’hui, je la considère comme une reconnaissance de ce développement sismique. Je l’accepte avec gratitude, comme un tribut aux femmes qui font de la théologie dans cette veine, et aux hommes dont le travail est habité d’un souci pour la justice inclusive.
III. Normalement je devrais m’arrêter ici. Mais ce serait hypocrite d’ignorer la critique de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi envers la LCWR à propos de la remise de cette récompense. Notez que je n’en aurais pas parlé si le cardinal Gerhard Müller n’avait pas rendu ses remarques publiques. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi juge cette récompense une insulte aux évêques américains dont la commission théologique a critiqué mon livre Quest for the Living God*. Il apparaît dans la déclaration du Cardinal Müller que ni lui ni ses conseillers n’ont lu ni le livre, ni ma réponse écrite aux critiques soulevées, mais qu’ils se sont plutôt faits l’écho du jugement de la commission américaine.
Oui, Quest for the Living God a été critiqué, mais à ce jour personne – ni moi, ni la communauté théologique, ni les medias, ni le grand public, ne sait quelle question théologique est en jeu. En dépit de mes efforts pour donner des éclaircissements et en obtenir, rien n’a suivi.
Je n’ai pas réussi à obtenir la rencontre personnelle que j’ai demandée. Il semble que la commission a réduit la riche tradition catholique à un ensemble de thèses néo-scolastiques aussi étroites que du papier ruban, et ont reproché au livre de ne pas être en accord avec elles. Mais comme Richard Gaillardetz l’a dit cette année dans son allocution présidentielle à la Société Théologique Catholique Américaine, la déclaration de la commission à propos de Quest for the Living God est elle-même théologiquement faible. De fait, la déclaration de la commission soulève une multitude de questions de manière confuse. Elle critique des positions que je tiens qui sont en accord avec le Catéchisme de l’Eglise Catholique. En plusieurs occasions elle rapporte le contraire de ce que le livre dit en fait, dans le but d’y trouver une faute. Je suis responsable de ce que j’ai écrit, mais pas de ce que je n’ai pas dit et ne pense pas. Dans mon jugement, une telle négligence avec la vérité est indigne de la fonction d’enseignement de l’évêque.
Le Cardinal Dolan de New York m’a dit que mon livre a été montré du doigt à cause de son influence. Et pour dire la vérité, en dépit des critiques de la commission, des milliers de messages me sont parvenus de personnes qui ont trouvé dans Quest une aide pour leur propre cheminement de foi. Les ventes sont montées au plafond (ma communauté est reconnaissante pour les royalties !). Des traductions dans des langues européennes et asiatiques continuent à se faire ; en ce moment, la traduction allemande est en cours. J’espère simplement que le livre permettra à ce grand nombre de lecteurs de mieux percevoir qui est ce Dieu vivant, débordant de bonté au coeur de notre monde en souffrance.
Mais aujourd’hui de nouveau mon petit livre sur Dieu et son auteur traversent le feu de l’épreuve pour des erreurs censées être graves mais qui ne sont pas claires. Qu’est-ce qui se passe ? Pour reprendre les mots de Phyllis Trible dans son Etude d’Eve et d’Adam, laissons la femme spéculer. Il m’apparaît qu’une réaction négative au travail théologique qui pense les problèmes brûlants en termes nouveaux est devenue quasi-automatique en certains lieux. Un jugement porté un jour, de l’ordre de « c’est dangereux », est repris, amplifié, pris pour argent comptant et répété. La réaction d’opposition devient systématique. Les raisons sont obscures mais des particules négatives colorent l’atmosphère quand le sujet est abordé.
Cette sorte de négativité systématique apporte quelques lumières sur la manière dont la critique à l’égard de mon livre et la critique à l’égard de LCWR sont imbriquées. Car l’enquête doctrinale de la LCWR apporte la preuve d’un modèle de négativité généralisée similaire qui s’est construit au cours des dernières décades. Alors qu’ils se sont montrés réticents à regarder de près le contexte intellectuel et l’enracinement dans la vie des déclarations faites aux assemblées de la LCWR, les déclarations de l’enquête sont beaucoup plus de l’ordre d’une insatisfaction générale ou d’un manque de confiance sur certains sujets. Des jugements sont rendus auxquels on ne peut répondre de manière satisfaisante. En l’absence d’analyse menée avec prudence, la négativité se répand. Et vous et moi sommes engluées dans une situation conflictuelle qui n’est pas de notre fait.
A travers un discernement prudent et attentif, la LCWR a forgé une réponse qui propose publiquement un cadre pour une forme différente de gouvernement. En réponse à une Eglise divisée et un monde tenaillé par la violence, votre volonté de rester à la table pour chercher des chemins de réconciliation à travers une conversation courageuse et en vérité a donné un témoignage puissant. C’est un travail coûteux. La LCWR fait l’expérience de la vérité de l’adage de Clérissac : « C’est facile de souffrir pour l’Eglise ; ce qui est difficile, c’est de souffrir par l’Eglise. » Toutefois, sous la contrainte, vous persistez, d’une voix honnête et ferme, à donner la parole à la sagesse que vous avez gagnée au cours de tant d’années de vie mystique et prophétique comme Pat Farrel l’a dit l’année dernière. Quelle grâce pour notre temps.
IV. Qu’est-ce qui se passe ici ? Laissons la femme que je suis spéculer un peu en proposant trois grilles de lecture de cette situation, qui montrent que des forces puissantes sont à l’oeuvre.
1. Une grille historique : je pourrais faire référence aux siècles de tension entre les ordres religieux et la hiérarchie. Cela ne veut pas dire que des religieux et des évêques ne travaillent pas merveilleusement bien ensemble. Mais une tension perdure entre un charisme prophétique qui cherche à vivre l’Evangile de manière radicale et un charisme administratif centré sur l’ordre. Il existe de multiples exemples dans le monde entier de l’histoire des tensions entre des mères supérieures et des évêques ; l’exemple de mère Mary MacKillop, en Australie, d’abord excommuniée puis canonisée est peut-être le plus clair. Des historiens ont déjà écrit que la critique manifestée envers la LCWR est un nouveau chapitre de cette tension historique.
2. Une grille sociologique : je pourrais m’engager dans une analyse du pouvoir liée au genre. L’Eglise n’a pas démarré de cette manière, mais comme institution a évolué en structure patriarcale où l’autorité est exercée de haut en bas et où l’obéissance et la loyauté au système sont les vertus majeures. Il n’y a jamais eu auparavant, dans l’histoire de l’Eglise, un ensemble de femmes formées, cherchant à accomplir la mission de l’Evangile, tel que celui de la LCWR aujourd’hui. Dans ce cadre, l’investigation actuelle de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi apparaît comme une tentative de contrôle de certains hommes au pouvoir sur des femmes engagées, compétentes, qui, par l’usage du discernement communautaire dans la vie religieuse sont devenues des adultes croyantes, fidèles à leur conscience et ne sont plus ni silencieuses ni invisibles.
3.Une grille ecclésiologique : Je pourrais porter mon attention sur les manières différentes de penser le renouveau dans l’Eglise d’après Vatican II. Selon la requête du Concile, des religieuses ont vigoureusement mis en oeuvre le renouvellement de leur vie religieuse en accord avec l’Evangile et l’esprit de leurs fondateurs. En conséquence, elles ont rejoint les périphéries, loin d’un centre ecclésial confiné que le pape François définit comme « malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités» (Evangelii Gaudium 49). Bien sûr, la LCWR et les soeurs dont elles ont la charge sont loin d’être parfaites. Mais elles ont « l’odeur du troupeau » sur elles, incarnant une Eglise « qui sait ouvrir les bras et accueillir chacun.»
Comme un « hôpital de campagne pour les blessés, » elles se sont levées en solidarité avec les pauvres, les immigrants, les femmes battues, les personnes homosexuelles, et même la Terre elle-même, blessée elle aussi. A ma connaissance, une mise oeuvre similaire tout aussi vigoureuse de renouveau post-conciliaire n’a pas eu lieu à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, un office de la Curie situé précisément au centre. Il est maintenant connu de tous que le pape François a été élu avec la tâche de réformer la Curie. Cette mission, bien sûr, inclut la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Avant qu’une telle réforme n’advienne la critique est presque inévitable, parce que des rythmes différents de mises en oeuvre du renouveau ont pour résultat différentes manières d’être Eglise.
V. Enfin, laissez-moi rêver d’une grille de plus qui doit encore trouver sa forme, une grille qui propose à la diversité réconciliée de s’entraider mutuellement à oeuvrer au bien du monde que Dieu aime tant. Comme l’a écrit le pape François, les conflits naissent, mais ils peuvent devenir « le maillon d’un nouveau processus.» Cela ne peut arriver que si les gens ont des cœurs d’artisans de paix, s’ils « ont le courage d’aller au-delà de la surface du conflit pour regarder les autres dans leur dignité la plus profonde » (EG 227-228). Gustavo Gutierrez a exprimé son admiration pour Gerhard Müller, expliquant comment celui qui avait été son étudiant a travaillé de nombreux étés parmi les plus pauvres au Pérou. Est-ce que l’engagement évident de la LCWR pour les pauvres peut devenir un terrain d’entente pour une compréhension mutuelle ? Aujourd’hui la LCWR tend un main amicale, cherchant la communion avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en solidarité avec les marginalisés de ce monde. Peut-être que le Cardinal Müller peut tendre une main amicale en retour aux religieuses américaines, qui à première vue peuvent lui paraître aussi étranges que les pauvres du Pérou, mais qui sont aussi le peuple que Dieu aime. Ce serait une bénédiction pour l’Eglise s’il pouvait trouver des moyens créatifs pour mettre fin à cette investigation de manière productive. Quand les besoins du monde en souffrance sont si vastes ; quand l’autorité morale de la hiérarchie part en lambeaux à cause des scandales financiers et l’horrible manquement au devoir de beaucoup d’évêques qui ont couvert des abus sexuels sur des enfants, un silence toujours présent dans certains endroits aujourd’hui ; quand des milliers de gens se détournent de l’Eglise ; quand l’Evangile de libération de la surabondance de l’amour de Dieu a besoin d’être entendu et mis en oeuvre partout : la perte de temps et d’énergie due à cette investigation est déraisonnable. Ne serait-ce pas merveilleux que nous puissions être partenaires et non pas adversaires, pour le bien de l’Eglise et du monde.
VI. Pour conclure. En lisant les remarques de celles qui m’ont précédée pour recevoir cette récompense, j’ai repéré qu’il y avait une habitude de terminer sur une note d’inspiration. Plutôt qu’un poème ou une prière, je vous offre une image, que vous trouvez sur votre table. J’ai pris cette photo dans une rue du Cap, en Afrique du Sud, le 2 août 1987. La conférence des évêques d’Afrique du Sud m’avait invitée à être intervenante à leur Université d’Hiver, au cours de laquelle les évêques et les prêtres mettent à jour leurs connaissances en matière de christologie.
Le contexte de cette photo est politique. Le pitoyable système de l’apartheid était en place ; Nelson Mandela était encore en prison ; le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence ; des troupes patrouillaient les rues ; le danger était dans l’air. Soutenant le violent statu quo, une main inconnue, blanche sans aucun doute, avait utilisé de la peinture noire épaisse pour gribouiller ce graffiti : A MORT (litt : pendez) MANDELA ! Mais attendez – quelqu’un d’autre, probablement d’une main plus foncée, a ajouté le mot ON entre les deux mots peints. Cela subvertit complètement le message ! (Hang : signifie pendre ; hang on signifie « accroche-toi »; on à la suite d’un mot lui donne en général un sens de continuation.) Voir la capacité de l’esprit humain à la résistance sous menace de violence (l’auteur du graffiti aurait pu être arrêté), observer comment une personne pleine d’imagination peut tourner une malédiction en bénédiction – cela m’a impressionnée, enchantée et inspirée depuis lors. Je garde cette photo sur mon bureau à l’université de Fordham et je l’utilise pour encourager les étudiants qui passent par un moment rude dans leurs études ou leurs vies. Un certain nombre d’anciens étudiants signent maintenant leur email avec cette petite préposition.
Merci à la LCWR ! Cette fête de l’Assomption tombe bien qui nous présente Marie, cette femme au coeur de pauvre qui exulte de joie en Dieu son sauveur, lui qui comble de biens les affamés – Allons-y ! (« On » !)
Elizabeth. A. Johnson
Leadership Conference of Women Religious
Nashville, TN, le 15 Août 2014
* Quest for the living God, Elizabeth A. Johnson, Ed. Continuum International Publishing Group Ltd. , 256 pages, 2007.
Source : texte (en français) et photos à :
https://lcwr.org/calendar/lcwr-assembly-2014
Plus d’informations sur la LCWR à : https://lcwr.org
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