Le Groupe THEO de l’association Espérance 54 présente ci-après son analyse du rapport final (Relatio Synodi) du Synode sur la famille, diffusé le 18 octobre 2014 en conclusion de l’Assemblée générale extraordinaire du Synode des évêques (5-19 octobre 2014). Ce rapport [1] est devenu une base de discussion pour l’ensemble des catholiques en vue de la seconde session du Synode qui aura lieu du 4 au 25 octobre 2015 à Rome.
I – Présupposés détectés à la lecture du texte du rapport officiel
qui en structurent idéologiquement la rédaction
Avant toute appréciation ou propositions concernant les textes officiels publiés nous notons un certain nombre de présupposés qui en colorent certains aspects
Celui ci, surtout dans sa première partie, comporte sans doute des analyses sociales, souvent accompagnées de jugements éthiques et des points de vue que nous pouvons partager en partie, lorsqu’il décrivent la situation actuelle. C’est un progrès que de voir l’épiscopat mondial se situer par rapport à certaines réalités de notre temps, non seulement d’ordre moral ou culturel (prises de conscience des évolutions et de la diversité des mœurs et mentalités) mais aussi social, économique et politique.
Il arrive que ce regard soit néanmoins méfiant et moralement pessimiste à l’égard des évolutions modernes, par exemple quand il juge que ces pratiques sociales seraient surtout dues « à une époque marquée par l’individualisme et l’hédonisme » (11)
Mais à nos yeux certaines de ces pratiques peuvent aussi être vues de façon positive. Par exemple l’individualisme a permis de développer l’autonomie des personnes à l’égard de la pression sociale et de développer leur liberté de conscience ; l’hédonisme est la forme philosophique qu’a pu prendre une saine réaction au masochisme sacrificiel longtemps prêché dans nos églises. Il fut un temps où le plaisir sexuel était considéré, surtout pour les femmes, comme un péché. Et sur ce point, dans la conception que l’on se fait de la femme, cet interdit de l’orgasme féminin était l’équivalent psychologique de l’excision pratiquée encore de nos jours par certain(e)s ethnies. Enfin le matérialisme nous invite à éviter de faire de la spiritualité une évasion hors des conditions matérielles de l’existence humaine tandis que l’athéisme nous purifie des divinités-idoles, fut-ce des représentations monothéistes du divin (Grand architecte ou Dessein intelligent par exemple)
► Les présupposés structurant le rapport qui nous font particulièrement problème
1- Quand il est question de l’Eglise ce concept désigne en général, dans le rapport, la papauté et l’épiscopat, dont le clergé et autres personnes dites consacrées, voire des laïcs chargés de mission, qui sont des porte parole locaux ou sur un terrain particulier (catéchèse, etc.).
Certes les laïcs sont (ou devraient être) consultés. On met l’accent sur la nécessité pour eux de participer à l’application de la pastorale et de la doctrine…de l’Eglise. Mais ils sont pour ainsi dire maintenus dans une catégorie dépendante de ladite Eglise. Les époux chrétiens (catholiques en l’occurrence) sont l’objet de mesures ecclésiales visant à les éduquer et à vérifier la conformité de leur vie avec la doctrine, voire à les prendre en charge pour réintégration dans la bonne voie en cas de difficultés, donc à exercer sur eux un pouvoir moral et spirituel. Le texte a beau dire qu’ « il sont eux mêmes les sujets actifs de toute pastorale familiale » celle ci reste bien entendu celle qui est définie par la hiérarchie. Car « il ne faut pas mélanger les ministères et les charismes » ainsi qu’il est rappelé. Bref le clergé doit être le guide ou le tuteur, d’apparence bienveillante et cordiale, du laïcat. En effet le langage officiel semble avoir changé depuis cette affirmation de Pie X extraite de l’encyclique Vehementer nos :
« …L’Eglise est par essence une société inégale, c’est-à-dire une société comprenant deux catégories de personnes : les pasteurs et le troupeau, ceux qui occupent un rang dans les différents degrés de la hiérarchie et la multitude des fidèles ; et ces catégories sont tellement distinctes entre elles, que, dans le corps pastoral seul résident le droit et l’autorité nécessaire pour promouvoir et diriger tous les membres vers la fin de la société »
Mais sur le fond cette conception du pape Pie X formate plus ou moins consciemment la pensée et dirige les pratiques pastorales et doctrinales de très nombreux évêques…
2- En effet au numéro 24 et au numéro 29 le texte insiste sur le fait que l’Eglise (la hiérarchie) est définie comme « une maitresse confiante et une mère prévenante » (25) et l’Eglise est appelée à manifester « la tendresse d’une mère et la clarté d’une maitresse » (29).
Ce maternalisme nous fait penser au paternalisme et réduit les laïcs au statut d’éternels mineurs à protéger contre eux-mêmes et d’autre part l’idée de maitresse n’est pas sans analogie soit avec l’idée de « patron » qui imposent la doctrine officielle soit celle d’« enseignant » qui a plus de compétence que ses élèves. Ce qui en l’occurrence est inacceptable et souvent faux quand il s’agit du rapport entre adultes responsables et égaux en droits et devoirs.
3- D’autre part on retrouve dans ce texte l’idée historiquement fausse que les positions de l’Eglise sont immuables depuis son origine et se fondent uniquement sur les enseignements de Jésus et des Apôtres. En particulier il est clairement affirmé que sa conception du mariage n’a jamais changé. « Au cours des siècles, l’Eglise n’a pas manqué d’offrir son enseignement constant sur le mariage et la famille » (17). N’importe quel historien du christianisme pourrait démontrer le contraire. Cette continuité doctrinale est sans cesse affirmée dans les textes pontificaux – car autrement on sombrerait dans les « erreurs » du relativisme doctrinal et de l’historicisme. Oserait-on dire, par exemple, que cette continuité existe entre le Syllabus de Pie IX et les affirmations d’un Jean Paul II selon lesquelles l’Eglise serait à l’origine des droits de l’homme… qu’elle a combattu durant des siècles.
4- Enfin la relation aux textes bibliques et évangéliques dont certains sont aussi essentiels à nos yeux (cf. plus bas) reposent sur des lectures fondamentalistes ou des interprétations contestables.
Nous en donnerions pour exemples :
a- La notion de « mariage naturel » (lié à l’idée qu’il y a un dessein de Dieu que l’Eglise seule connaît et doit imposer) est liée dans le texte à la fois à une lecture fondamentaliste de la Genèse et à une interprétation discutable de Matthieu 19. Dans ce dernier texte la problématique proposée par les interlocuteurs de Jésus ne concernent en rien le divorce au sens moderne mais le droit de répudiation par les hommes seuls de leurs femmes. Jésus rappelle à ces « machos » l’égalité foncière en humanité de l’homme et de la femme telle que l’affirme la Genèse : « Elohîms crée le glébeux à sa réplique, à la réplique d’Elohîms, il le crée, mâle et femelle, il les crée » (traducteur : Chouraki). Et donc que ce qui unit l’homme et la femme de façon indissoluble dans ce texte ce n’est pas le mariage mais l’égalité des sexes en humanité et donc en droits et devoirs. Bien entendu le texte de la Genèse, comme tous les autres récits de ce livre biblique, n’a rien d’historique et n’exclut en rien que ce sont les êtres humains qui ont inventé avec le temps les différentes façons d’envisager les relations, qui sont loin de se valoir sur le plan du respect mutuel de cette égalité foncière de tous les rapports de toutes natures entre les femmes et les hommes. Et que l’on peut et l’on doit juger non d’après une doctrine dite chrétienne particulière mais selon cette affirmation première de l’unité et de l’égalité de droits de l’humain dans la diversité sexuelle égalité que rappelle le Jésus des évangiles. Cette égalité des droits l’Eglise ne la respecte d’ailleurs pas dans sa propre institution réservant certains ministères d’autorité ou sacerdotaux aux seuls mâles célibataires, à l’encontre des droits humains reconnus tant en Europe qu’à l’ONU. Ce qui a rapproché à plusieurs reprise le Vatican des intégristes musulmans dans des combats douteux contre la contraception par exemple.
b- Ou encore la référence à la « sainte famille », une famille dont le modèle traditionnel encore présenté naïvement dans nos églises par trop de prédicateurs, pourrait paraître bien étrange à nos contemporains puisque Marie est enceinte et accouche tout en restant vierge et que Joseph ne serait que le père putatif de Jésus, quoiqu’en pense sa famille et ses concitoyens. Jésus finira par être désigné comme l’incarnation de la seconde personne de la Ste Trinité, doctrine élaborée bien plus tard, et qui n’est pas conforme au sens du concept de « fils de Dieu » dans la tradition juive où s’inscrivent les évangiles.
Il serait peut être temps de lire autrement qu’en termes historiques les récits merveilleux, voire mythiques de Matthieu et surtout de Luc sur la naissance de Jésus. Ils gardent d’ailleurs en ce cas un sens spirituel.
► Des références évangéliques qui nous semblent éclairantes
En revanche prenons quelques exemples évangéliques dont nous souhaiterions qu’ils éclairent l’orientation finale du Synode, que ces récits soient historiques au sens moderne du terme ou des récits à décoder (comme on décode des paraboles par exemple) afin de présenter les enseignements de Jésus retenus par ses premiers disciples.
Jésus ne reproche pas à la samaritaine, à la femme adultère, à la prostituée qui ose le toucher, lui embrasser et lui parfumer les pieds,…etc., leur « mauvaise vie », mais il les reconnaît dans ce qu’il y a de lumineux et d’ouvert en elles vers un plus grand épanouissement humain. « Elle a beaucoup aimé » Et il le fait en s’opposant chaque fois aux moralistes et autres gardiens de la loi qui méprisent ces « garces ».
Jésus mange et boit avec les « égarés » (pécheurs) car il ne vit pas pour ceux qui sont sains et saufs (qui s’imaginent tels), mais pour les souffrants (nous toutes et tous).
Manger et boire ensemble, c’est l’image du royaume , ici et maintenant au milieu de nous, c’est ce que symbolise le partage eucharistique. C’est pourquoi, par exemple, refuser la communion eucharistique à quiconque est déclaré pécheur car il ne respecte pas la doctrine chrétienne du mariage ou excommunier une femme qui a choisi d’avorter, est incompatible avec les pratiques de Jésus, pratiques scandaleuses pour les défenseurs de la moralité qui ne fréquentent pas « ces gens là ». L’inquisition n’a pas entièrement disparu de bien des sous-entendus des réactions des gens pieux. Et il arrive que se réveille les tentations de la chasse aux sorcières.
Ainsi écarter des ministères quiconque n’est pas mâle et célibataire, c’est-à-dire toutes les femmes et tous les homme mariés ou non, homos ou hétéros, est une façon de s ‘enfermer dans un club humainement fermé, qui a des difficultés à connaître et surtout comprendre la réalité complexe des êtres humains et de leurs relations sexuées et sexuelles. Ce qui rend bien des « Pères » évêques, prétendus experts en humanité, incompétents pour prendre des décisions à la place d’autrui, qu’ils prétendent conduire, et à qui ils se targuent d’imposer des fardeaux qu’ils seraient incapables de porter voire d’imaginer. Certains (beaucoup de?) mâles célibataires par engagement clérical ont peur de la femme « séductrice » Ce qui explique certaines de leurs réactions doctrinales ou pastorales…
Jésus propose. Jamais il n’impose. Il libère ou tente de libérer ceux qu’il rencontre. Il ne prétend pas être capable de distinguer le bon grain et l’ivraie et il nous demande de n’en rien faire.
► Ce que nous souhaiterions que le synode reconnaisse comme ouverture chargée d’humanisation positive possible dans les évolutions contemporaines
A titre d’exemples : l’autonomie plus grande des personnes, l’autonomie aussi des citoyens et des Etats, en toute laïcité, dans les choix de la politique familiale, la diversité planétaire des pratiques relationnelles entre hommes et femmes, les progrès de la contraception, les législations régulant l’avortement, la reconnaissance en fait et en droit des couples homosexuels ou du concubinage avant le mariage ou de façon durable, le divorce possible, (notons que le rapport souligne non sans raison le problème des enfants éventuels, quand ils ne sont pas majeurs, alors qu’il arrive que le divorce devienne inévitable), le célibat volontaire hors toute motivation religieuse, le refus d’une politique nataliste ne tenant pas compte de la place des hommes sur une terre somme toute petite et dont les ressources ne sont pas infinies…etc. Dans tous ces cas il n’y a pas une doctrine religieuse à défendre mais des personnes à rencontrer car elles vivent des expériences humaines variées, heureuses ou malheureuses selon les moments, mais que nul n’a le droit de condamner a priori. Et encore moins de les déclarer des états de péché.
II- Conséquences : analyses critiques de certains aspects
des documents diocésains et romains.
Affirmer comme le premier alinéa du document spécifique du diocèse de Nancy qu’il faut « témoigner de la joie du mariage et de la vie de famille » c’est ignorer les réalités de la vie. L’union et la vie de famille de tous ceux qui vivent ensemble dans un mariage « chrétien » ou non (civil, concubins, couples homosexuels, etc.) peut comporter en effet de la joie, de grandes joies, mais également de lourdes difficultés, souffrances, erreurs, conflits, séparations douloureuses, etc. C’est donc ne pas tenir compte dans l’appel au témoignage que ce n’est pas le fait d’être marié, que ce soit à l’église ou à la mairie, ou non marié, parce qu’on est célibataire, handicapés incapables d’engendrer, en concubinage, pacsé, en couple homosexuel, etc. qui change quoi que ce soit à la réalité existentielle où joie, bonheur, souffrance voire tragédies sont possibles. Le fait de s’être marié à l’église n’y change rien. Le mariage chrétien n’est pas une garantie de bonheur. Aucun sacrement ou déclaré tel n’est une police d’assurance ni une formule magique.
La bonne nouvelle, c’est-à-dire l’évangile, n’a pas cette vision obligatoire de béatitude naïve qui peut conduire à des désillusions très éprouvantes qui sont insupportables à tous ceux pour qui la vie en couple ou non, parents ou non, est AUSSI source de déceptions, de souffrances et d’épreuves….
La conception qu’il n’y a que du bonheur dans le mariage chrétien implique que les situations particulières (Cf. alinéa 5 du document nancéien) (donc en dehors des normes reconnues comme telles) sont dignes de commisération : ce qui serait le cas des célibataires volontaires ou non, des familles monoparentales, des couples séparés, divorcés, remariés ou non, des familles recomposées, des homosexuels et de leurs parents, ou des personnes âgées, malades, etc. Mais que viennent faire les personnes âgées ou malades dans cette énumération ? Les citer en cet endroit donne vraiment l’impression que toute l’énumération concerne des cas de détresse pathologiques.
Toutes ces personnes seraient elles malheureuses alors que les bons chrétiens bien mariés vivraient dans la joie de la famille ? Quelle image d’Epinal digne des vieux catéchismes infantilisants ou de la publicité fondée sur des visions séduisante des joies illusoires du consumérisme. L’Eglise aurait elle pour slogan du mariage chrétien la formule des contes qui se terminent « bien » « Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » Quels « communicants » ont imaginé ce genre d’apologétique ?
On sent que la conséquence est un appel à entourer les « handicapés de l’amour » de notre pitié et de notre commisération, de leur faire l’aumône de nos bons sentiments. Ce qui nous hausse socialement dans le camp des gens de bonne moralité qui ont beaucoup de condescendance pour ceux qui sont tombés si bas.
► Des réactions fortes à la lecture de certains paragraphes du rapport romain officiel
C’est dans cet esprit que nous voudrions souligner combien certaines affirmations du rapport final publié de la session de 2014 du Synode nous blessent nous mêmes et nos amis « hors normes ».
- (22) « L’Eglise reconnait cette famille (contexte de l’article : y compris « civile » quand elle est conforme aux normes catholiques par ailleurs) comme la cellule de base nécessaire et féconde de la coexistence humaine ». Il y a une erreur au minimum sur l’article : La famille n’est pas LA cellule de base, etc., mais elle est UNE structure parmi d’autre de l’organisation sociale globale.
- (26) le concubinage, le mariage civil ne sont pas pour les chrétiens une occasion de conduire les couples ainsi formés librement devant l’autel du mariage religieux. D’ailleurs on se demande pourquoi le mariage civil, à la mairie, n’est pas reconnu comme un engagement valable aux yeux de l’Eglise. Le passage ultérieur par l’église est pour certains – sans d’ailleurs qu’ils soient nécessaire qu’il y ait un prêtre, puisque la communauté présente est témoin de leur engagement- une forme de célébration volontaire dans une optique spirituelle communautaire et personnelle mais non obligatoire pour « valider » aux yeux de l’Eglise l’engagement déjà pris civilement. Les conséquences en droit canon en sont parfois étrange quand un divorce n’est pas reconnu comme tel par l’Eglise parce que le mariage en cause ne fut pas religieux.
- (34-40) et autres. Question : une famille chrétienne est-elle une famille où l’on organise des rites religieux : prière en commun, contact avec les Ecritures, où les enfants fréquentent une école catholique, et au minimum une catéchèse (mais laquelle ?) Ou bien est-elle d’abord une famille où l’évangile est vécu concrètement par les parents, dans le dialogue avec les enfants, où ces derniers sont progressivement mis au monde sans enfermement communautariste, en vue de les aider à former leur liberté de choix personnelle. Une famille chrétienne est guidée par le soucis de l’amour du prochain tel que Jésus le considère comme le seul critère de l’amour de Dieu. C’est une famille engagée, selon ses possibilités et ses compétences, dans l’action citoyenne laïque en vue de la justice socioéconomique, culturelle, environnementale, politique. L’article (38) semble aller en ce sens. Mais il est ambigu. Voir ci-dessous. Réciter le bénédicité avant un repas est-il plus significatif que lutter pour que tous aient leur pain quotidien, non grâce à l’aumône, mais à la suite de l’instauration d’un système économique juste. Les enfants comprennent alors où sont les valeurs évangéliques mieux que dans les leçons théoriques ou les rituels religieux.
- (38)« Il faut susciter le dialogue et la coopération avec les structures sociales, et encourager les laïcs qui s ‘engagent, en tant que chrétiens, dans les domaines culturels et sociopolitique ?»Nous rejetons cette conception si, comme nous le craignons, elle vise à organiser des « partis », « syndicats », « groupes de pressions », lobby « chrétiens », alors que les chrétiens sont des citoyens comme les autres qui doivent mener avec les autres un combat social en tant que citoyens. En France l’invitation expresse par l’épiscopat, dans le églises, les écoles catholiques, aux manifestations contre le mariage pour tous, a manifesté une volonté cléricale, inacceptable dans un pays de liberté citoyenne, car c’est instrumentaliser l’autorité morale et spirituelle du clergé à des fins politiques. Que des citoyens chrétiens ou non manifestent contre cette loi est normal et légal. Que l’Eglise, en tant qu’institution religieuse, s’immisce comme telle dans le jeu normal de la démocratie qui concerne ces citoyens en tant que tels est inacceptable.
- (40-41) Nous refusons l’encouragement à se marier religieusement des couples concubins organisée comme une tutelle du clergé sur les laïcs. Il n’y a aucune opposition évangélique à ce qu’un couple chrétien se construise en concubinage et y reste.
- 44 l’Eglise n’est pas une spécialiste du conseil conjugal. Il y a des professionnels pour aider les couples en difficulté. Ceux-ci peuvent aussi librement en parler dans leur communauté s’ils y vivent concrètement mais cela fait partie des échanges humains normaux entre ami(e)s.
- 47 Idem. L’Eglise n’est pas compétente comme telle dans ce genre de problème. Il y a des structures à mettre en place, mais comme bien d’autres services publics ou du public. Il n’y a pas de raison pour que l’Eglise s’en charge et elle doit les abandonner à terme, à la société interconvictionnelle, ce qu’elle aurait pu initier car personne d’autre ne s’en chargeait. Idem que ci dessus pour le rôle humain des échanges entre ami(e)s d ‘une communauté (religieuse ou non d’ailleurs).
- 48 L’encouragement à multiplier les cas d’annulation des mariages pour faire face aux échecs sans divorce et à la place du divorce est scandaleuse et hypocrite. Les couples qui ont vécu ensemble, bien et mal, comme beaucoup de couples, qui ont eu une vie commune, des échanges humains avec des moments forts d’amour, d’autres de conflits, parfois des enfants, etc. considéreront comme une insulte et une blessure morale à leur égard de considérer comme nul ce qu’ils ont vécu ensemble même si c’est un échec. Ce serait nier une partie de leur vie. Les nier eux-mêmes.
- 49 Nous avons déjà noté que nous ne voyons pas en quoi les divorcés mariés seraient traités autrement que les autres membres de leur communauté. Ils doivent pouvoir avoir accès à toutes les célébrations et à l’eucharistie sans être obligés de faire pénitence publique la corde au cou comme les bourgeois de Calais et se confesser comme une erreur ce qui ne l’était pas nécessairement, bien au contraire, mais une forme de résurrection de la vie amoureuse.
Un dernier mot.
Il apparaît dans tout ce texte que l’adjectif « chrétien » est utilisé chaque fois que l’on devrait utiliser, vu son origine, l’adjectif « catholique romain ». Est-ce approuver l’opinion qui fut celle de Joseph Ratzinger que seule l’Eglise catholique est entièrement chrétienne ? On ne peut pas dire que ce soit un progrès de l’œcuménisme !
Un groupe de l’association Espérance 54,
Fédération des Réseaux du Parvis en Meurthe et Moselle
Jean RIEDINGER, président d’Espérance 54
jean.riedinger@club-internet.fr
[1] http://www.la-croix.com/Archives/2014-11-08/DOCUMENT-LE-RAPPORT-FINAL-DU-SYNODE-SUR-LA-FAMILLE-2014-11-08-1261504Illustration : tirée de l’invitation à la rencontre-débat organisée par Noi Siamo Chiesa (Nous Sommes Eglise, Italie) le 14 mars 2015, à Milan avec Andrea Grillo, sur le thème : « Qui est ma mère, qui sont mes frères (Mc 3,33), questions et réflexions sur le couple et les familles.