Lors de l’audience générale du 15 avril 2015, place Saint-Pierre, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur la famille sur le thème « le don magnifique que Dieu a fait à l’humanité en créant l’homme et la femme » et le sacrement de mariage. Après un bref commentaire du livre de la Genèse, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27), le pape François a souligné que l’expérience nous enseigne que « pour bien se connaître et croître de façon harmonieuse, l’être humain a besoin de la réciprocité entre l’homme et la femme ». Mais, si la culture moderne a ouvert de « nouveaux espaces et de nouvelles libertés… » permettant « une compréhension plus riche de cette différence », elle a aussi « introduit de nombreux doutes et un grand scepticisme ». Ce qui a conduit le pape François à s’interroger sur la théorie du genre qui pourrait être, entre autres, l’expression « d’une frustration et d’une résignation, qui vise à faire disparaître la différence sexuelle car on ne sait plus comment l’assumer ». « Il ne fait aucun doute que nous devons faire beaucoup plus en faveur des femmes », a-t-il poursuivi. Non seulement la femme doit être « davantage écoutée », mais sa voix doit avoir « un poids réel », « une autorité reconnue, dans la société et dans l’Église ». « Nous n’avons pas encore compris en profondeur tout ce que peut nous donner le génie féminin, tout ce que la femme peut donner à la société et peut nous donner », a encore affirmé le pape François.
La lecture de ce texte a inspiré un certain nombre de commentaires dont celui, ci-après, de Jean Riedinger (membre de l’association Espérance 54)
En considérant que l’être humain est homme ET femme, le pape est sur la voie (tout au début) de donner aux femmes la même place qu’aux hommes dans les communautés chrétiennes.
Mais il n’a pas compris la notion de genre. Et de plus il confond l’unité “ontologique” masculino-féminine de l’humanité avec le mariage dit “chrétien” qui est lui même relatif à des cultures, des lieux, des époques.
Bien sur tout cela est à argumenter.
Le Synode ne s’en sortira pas (vu les traditions culturelles multiples dans l’Église catholique) sans accepter, y compris dans ce domaine, des approches différenciées selon les pratiques et les évolutions “locales” (au sens large). Ou alors on aura encore une confusion bien “stalinienne” (sans le pouvoir policier, Dieu soit loué) entre UNICITÉ (la LIGNE officielle) et UNITÉ (qui suppose débats, et pas seulement intellectuel mais fonction de l’expérience vécue, ouverture, dialogue, changements.)
On peut se reporter à la contribution du groupe THEO d’Espérance 54 au synode sur la famille (http://nsae.fr/2015/02/26/analyse-du-rapport-du-premier-synode-sur-la-famille/), contribution envoyée par la voie hiérarchique (comme dans la fonction publique, l’armée et le Parti) à l’évêque (fonctionnaire du sacré: cf Drewermann) de Nancy et Toul, sans grand espoir d’être relayé sinon par l’évêque de Nancy du moins par les délégués de l’épiscopat français au synode. Car l’épiscopat dans sa majorité ne tiendra pas compte des contributions qui ne sont pas a priori dans la ligne “du parti”… Et le pape saura-t-il (mais hélas toujours de façon autoritaire même pour le bien de l’Église de demain) sortir de cette ligne millénaire?
C’est possible.
On peut l’espérer.
Jean Riedinger