Les pays des deux bords de la Méditerranée ne peuvent avoir des destins séparés et divergents
Comme chaque année à l’occasion des fêtes pascales, le Patriarche cardinal maronite Béchara Boutros Rai a célébré, le 6 avril 2015 à Bkerké, une messe aux intentions de la France. Messe suivie d’une allocution en présence de l’ambassadeur de France.
Cette rencontre pascale annuelle « est une bonne occasion pour renouveler l’amitié franco-libanaise et consolider les liens séculaires entre la France et l’Église maronite », a tout d’abord souligné le Patriarche cardinal Rai. Cette rencontre permet également « de partager avec vous les soucis que nous ressentons ensemble, concernant le Liban et la région moyen-orientale », a-t-il continué. Soucis pour le Liban qui se trouve au milieu « des conflits géopolitiques et confessionnels et de la barbarie terroriste » et dont les « Libanais subissent fortement les retombées ». Soucis devant la triste situation du Moyen-Orient dans son ensemble, face à la violence des courants intégristes dont « nous restons tous ébahis », a poursuivi le Patriarche cardinal Rai. Après le printemps arabe, tant souhaité par les peuples, « la violence a remplacé l’espérance et le chaos destructeur a remplacé les dictatures », a-t-il constaté. « Les conséquences de ces désastres nous touchent en plein cœur et vous touchent aussi, prouvant clairement que les pays des deux bords de la Méditerranée ne peuvent avoir des destins séparés et divergents », a encore expliqué le Patriarche maronite.
Extraits de l’allocution
- Quant à la triste situation au Moyen-Orient, nous restons tous ébahis devant la violence des courants intégristes qui sévissent dans notre région et qui sont apparus depuis plusieurs décennies déjà et continuent à s’étendre, même après un printemps arabe tant souhaité par les peuples de cette région, il y a quelques années seulement ! La violence a remplacé l’espérance et le chaos destructeur a remplacé les dictatures ; des états ont disparu ou presque chez plusieurs de nos voisins et pays frères, mais ce sont les citoyens innocents qui en sont les victimes et quittent leurs terres millénaires et se réfugient là où ils peuvent trouver un accueil protecteur et émigrent aussi en millions vers l’Europe ; les chrétiens d’Orient, avec d’autres minorités religieuses et ethniques, sont parmi ceux qui ont le plus souffert et certains groupes ancrés depuis des siècles sur une terre ancestrale ont été malheureusement décimés.
- Les conséquences de ces désastres nous touchent en plein cœur et vous touchent aussi, prouvant clairement que les pays des deux bords de la Méditerranée ne peuvent avoir des destins séparés et divergents. La solution de l’espoir ne peut sortir que de ce constat de destin partagé que nous faisons ensemble et d’un engagement mutuel et profond que nous devons prendre ensemble : il ne peut y avoir modernité, développement et respect des droits de l’homme sur la rive nord avec une rive sud qui accumule tous les malheurs, à commencer par la grande injustice qu’a subie, voilà bientôt 70 ans, le peuple palestinien et qui n’a pas encore trouvé une solution pacifique et équitable. Évidemment, d’autres problèmes majeurs nous ont aussi menés vers la catastrophe que nous vivons : de dictatures au manque de libertés de tout genre, à la surpopulation, au manque de développement économique et d’éducation, à la propagation de la pauvreté extrême en même temps que l’opulence des élites. Mais c’est principalement sur le conflit israélo-palestinien que sont venus se nourrir tous les intégrismes violents avec une haine vis-à-vis de l’Occident. Monsieur l’ambassadeur, il est grand temps de rendre justice au peuple palestinien et d’aider sans équivoque à la construction, dans notre région, d’états justes, compétents et au service de leurs peuples.
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