La fascination du passé : l’impasse conservatrice
L’article de Gilles Herlédan, paru sous ce titre dans le n° 383 de Golias Hebdo (http://golias-editions.fr/article5320.html), mérite qu’on s’y arrête.
Dans une première partie, l’auteur indique la constante dualité des êtres vivants, à la fois conservateurs dans la transmission de la vie (individus) et pratiquant sans cesse l’évolution pour s’adapter (perpétuation de l’espèce). C’est cette ‘tension’ qui caractérise la vie « la poule est le meilleur moyen qu’un œuf a trouvé pour se reproduire». Les choses ne sont-elles pas plus claires ainsi, avec l’humour en plus ?
Ce préambule pour montrer que la même dualité caractérise notre vision politique entre ce qui est dû à l’individu « entrepreneur de lui-même » et ce qui est dû à la société et à ceux qui nous ont précédés, et qui est l’héritage culturel. Ne pas confondre hérédité et héritage comme peuvent être tentés de le faire les conservateurs de tout poil qui cherchent dans le passé un fondateur qui serait immuable. La transmission de l’héritage ne peut se fonder sur la seule permanence. Le passé idéal, la société heureuse et équilibrée n’a jamais existé que dans le discours qui relève d’une volonté affichée, consciemment ou non, de garder le pouvoir qu’il soit culturel ou économique, voire religieux.
Cruelle vérité dénoncée dans cet article : « Les conservateurs ont besoin de l’échec de masse à l’école afin d’interdire au plus grand nombre d’élèves d’accéder à la culture (….) classique. Continuer à proposer des objets culturels à un public pour qui ils ne font plus sens est une façon de confisquer la culture.
Pour le conservateur, l’objet qu’il transmet est l’unique source de richesse, alors que la transmission est aussi un don qui implique à la fois celui qui le fait et celui qui le reçoit. L’héritage devrait nous engager à la responsabilité vis-à-vis de la société et de nos concitoyens. Alors que selon André Burguière [1] l’élitisme « est devenu (…) le cri de ralliement de tous ceux qui s’opposent à la démocratisation du système scolaire… L’élitisme républicain est aujourd’hui l’idéologie dominante des hauts fonctionnaires et des cercles du pouvoir…..»
La permanence des avantages acquis n’est donc qu’illusion et refuser que l’évolution nous accompagne est une erreur que l’on trouve aujourd’hui aussi dans une partie de l’Église. Renouveler la tradition voila ce qui devrait nous guider.
Pascal Cauchois – NSAE Dordogne
[1] http://blogs.mediapart.fr/blog/andre-burguiere/270415/nicolas-sarkozy-regis-debray-meme-combat