Je crois en l’homme
par Lucien Jacques (Dieu maintenant)
La couverture de Charlie Hebdo, un an après les attentats de janvier 2015, représente Dieu comme l’assassin qui court toujours (cf illustration en bas de page). Les journalistes qui ont composé ce numéro revendiquent le droit à l’athéisme et au blasphème. Nous ne leur contesterons pas ce droit. Comment pourrions-nous être libres de croire si nous n’avions pas la possibilité de ne pas croire ?
Cependant, qu’il soit permis aux croyants d’opposer à ce droit au blasphème, non pas le droit mais la grâce de croire en Dieu et en l’humanité qu’il habite. Et si nous doutons parfois de l’homme, recevons ce poème de Lucien Jacques : nous nous permettons d’attribuer le “je” qui s’exprime à Dieu lui-même. Quand l’homme reproche à Dieu les crimes qu’il commet, sa propre méchanceté et sa bêtise, il nous reste peut-être simplement à recevoir ce “Credo” de Dieu : sa profession de foi en l’humanité dont Il a épousé à tout jamais la condition…
Je crois en l’homme cette ordure
Je crois en l’homme ce fumier,
Ce sable mouvant, cette eau morte.
Je crois en l’homme, ce tordu,
Cette vessie de vanité.
Je crois en l’homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent,
Ce boute-feu, ce fouille-merde.
Je crois en l’homme, ce lèche sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire
De mortel d’irréparable.
Je crois en lui Pour la sûreté de sa main,
Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie.
Pour son vertige devant l’étoile,
Je crois en lui.
Pour le sel de son amitié
Pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
Pour une main qui s’est tendue.
Pour un regard qui s’est offert.
Et puis et avant tout
Pour le simple accueil d’un berger.
Source : http://www.dieumaintenant.com/jecroisenlhomme.html