Le 13 avril, deux événements se sont tenus à Paris : le dévoilement d’une plaque “en hommage aux victimes du massacre de la Saint-Barthélemy”, et François Hollande a reçu le protestantisme “pour les œuvres et les engagements citoyens du protestantisme français”. A cette occasion, le Mouvement du christianisme social a rassemblé sur son site (http://www.christianismesocial.org) une série d’”Adresses à François Hollande”, et publié la déclaration suivante.
![]() ![]() |
Monsieur le président,
Nous sommes heureux de cette invitation à nous souvenir ensemble du massacre de la Saint-Barthélemy. Non par “hérédité” en tant que Chrétiens Huguenots. Ni par besoin de “reconnaissance historique”. Notre foi ne connaît pas de communautarisme et ne réclame aucun droit comme descendants de victimes.
Simplement, nous nous recueillerons profondément au souvenir de ces 3.000 personnes assassinées dans une grande violence le 24 août 1572 en plein Paris. Victimes de querelles religieuses c’est-à-dire théologiques ? C’est ce que l’on voudrait nous faire croire. Mais la réalité est plus simple, plus prosaïque : ces morts furent victimes de la politique, des luttes au sommet de l’État, de l’exercice du pouvoir par la peur.
Les armes de la démocratie
L’exemple de Catherine de Médicis nous l’enseigne : la peur n’est jamais bonne conseillère en politique comme ailleurs, et surtout pas la peur du peuple dans sa diversité et sa liberté. Le massacre de la Saint Barthélémy a miné la France pour longtemps. Et s’il doit en rester une leçon pour aujourd’hui, c’est bien ce dévoiement du religieux, éternelle tentation de tous les pouvoirs.
À l’heure du danger et du désespoir, il faut combattre les divisions et de cultiver les diversités. Les armes de la démocratie, la fraternité, l’égalité, la liberté, forgées au cours des siècles ne sont ni obsolètes ni vaines ni vulnérables. Elles indiquent un dessein collectif et offre le courage de résister à la domination d’un ordre injuste.
Contre la stigmatisation des musulmans
Au nom des convictions du Christianisme social nous pensons que face à la peur n’est efficace que l’espérance. Le politique doit ouvrir de nouvelles voies et non flatter les crispations, les replis et les fermetures. Nous avons refusé le principe de la déchéance de nationalité. Nous nous insurgeons contre la stigmatisation des musulmans jusque dans les déclarations de membres du gouvernement.
Nous attendons des gestes forts qui favorisent l’intégration de tous les habitants de notre pays et qui expriment un accueil concret de l’étranger au milieu de nous, quelques soient ses raisons de chercher une autre terre. Et nous réclamons de toute nouvelle loi qu’elle protège davantage les petits – salariés, étrangers, jeunes, chômeurs –, plutôt qu’elle ne conforte les puissants – les grands patrons et tous les faux prophètes du Marché.
Notre pays a besoin de paroles et d’actes qui ramènent l’espoir et la confiance.