SEL 85 L’ÉVANGILE SUR LES PARVIS.
Le samedi 2/4/2016, à la Roche-sur-Yon, SEL 85 accueillait Lucienne Gouguenheim et Jean-Bernard Jolly, coauteurs avec Didier Vanhoutte de L’ÉVANGILE SUR LES PARVIS. Ce livre, édité par « Temps Présent », rassemble une sélection d’articles parus dans la revue LES RÉSEAUX DES PARVIS entre 2000 et 2015.
La dernière page de l’Evangile sur les Parvis atteste de la grande diversité du catalogue de Temps Présent qui depuis 1937 a incarné une mise en marche de l’Eglise, dans la ligne du personnalisme d’Emmanuel Mounier et de l’Action Catholique. Une ligne encouragée par le pape Pie XI qui voyait avec lucidité la montée du fascisme en Europe. Temps Présent produisait « la Quinzaine » qui fut condamnée par le pape suivant en 1955. Puis ce fut « la Lettre » avec Jacques Chatagner « qui a participé en France, pendant plus de 50 ans à tous les combats de la gauche et de l’extrême gauche chrétiennes » (page 246).
On trouve en fin de livre, la présentation des invités de SEL 85 ; Lucienne : astrophysicienne. Adhérente et administratrice de « Nous sommes aussi l’Église. » (NSAE), animatrice du Groupe « Évangile et société- Parvis » et Jean-Bernard, religieux mariste, retraité de l’Éducation Nationale, Adhérent de l’association «Communautés chrétiennes dans la cité ».
Comment sont nés les Réseaux des Parvis ? L’événement déclencheur fut la destitution de l’évêque Jacques GAILLOT, après qu’il eut écrit « Coup de gueule contre l’exclusion » en concomitance avec une requête de chrétiens d’Autriche concernant des problèmes de pédophilie dans l’Église. Un groupe de lecteurs « Témoignage chrétien » sur Paris a pris la parole. Plusieurs associations concernées par «l’exclusion » pratiquée par l’organisation de l’Église catholique romaine décidèrent, en 1999 de se regrouper pour fonctionner en Réseau sur le PARVIS en créant la fédération Réseaux du Parvis qui regroupera bientôt une cinquantaine d’associations. Puis par solidarité avec les exclus de tous bords, le titre des Réseaux des Parvis s’imposera. La revue de l’association « Femmes et Hommes en Église » avec Alice GOMBAULT comme rédactrice en chef, acceptait de se saborder pour faire naitre la revue des Réseaux des Parvis. Par la suite Didier VANHOUTTE du CEDEC, Jean-Marie KOHLER, et Jean-Paul BLATZ lui succèderont.
Aujourd’hui Jean-Bernard précise : nous sommes de la génération des témoins de Vatican II. Depuis 1999 et jusqu’à Council 50, une équipe a relu l’ensemble des articles : on a là un trésor. Lucienne continue : Après une préface de René Valette, ancien président du CCFD, ce livre « l’Évangile sur les Parvis » s’ouvre sur un premier article par Jacques Chatagner : « le droit à la parole. » Les réseaux des Parvis sont un espace ouvert, sans frontière, sans clôture et un passage du sanctuaire à la rue et de la rue au sanctuaire.
Suit l’article de Marie-Dominique Chenu, « Le lieu de Dieu, c’est le monde. Il est donc insensé de se séparer des hommes pour rencontrer Dieu.» Un deuxième chapitre explique les racines évangéliques des engagements dans la vie du monde selon les Réseaux.
Un courrier des lecteurs et « la vie des Réseaux » apparaissent sous le titre « Florilèges » à la fin des chapitres. Nous sommes tous militants, engagés en des causes diverses et la revue est un lien entre les personnes qui vivent un engagement, comme le présente le dépliant de SEL 85, que nous soyons très marqués par l’institution ecclésiastique ou que nous en restions très loin.
À ce point de la rencontre, Lucienne et Jean Bernard proposent un tour de table à partir des solidarités dans lesquelles on est immergé.
La variété et la richesse des engagements évoqués lors de la présentation des participants est remarquable, d’autant que la plupart ne sont pas étrangers entre eux. La réalité de « réseaux » s’y révèle clairement.
Les engagements vont du local à l’international. Accueil des migrants, aide alimentaire, visites des prisonniers, participation à de nombreux groupes d’inspiration religieuse ou pas : CCFD Terre Solidaire, Secours catholique, ATD quart monde, ACO, ACE, CMR, CFDT, ACAT, CIMADE, FHEDLES, CCBF, Artisans du monde, Citoyens du monde, Dialogue pour la Paix, France Palestine, Amnesty international, Meravenir, Mer et Bible. Il a aussi été évoqué des groupes de prêtres solidaires par des prêtres présents et un appel à soutenir les jeunes, totalement absents à cette rencontre, en faisant connaître des groupes comme COEXISTER. Des Sites ont été créés et alimentés par plusieurs participants.
L’énumération de ces divers engagements signalés lors de la présentation de chacun invite à quelques remarques et questions.
L’importance accordée aux plus pauvres et à l’actualité. Le souci de construire la Paix, le Vivre ensemble, l’avenir, semblent bien en phase avec la proposition de Joseph Moingt, page 207 : « A nous, chrétiens qui voudrions « communiquer » notre espérance de « communier » plus intensément à ce qui se vit et se pense au plus profond du cœur et de l’esprit de ceux dont nous partageons le destin, et de travailler avec eux à construire l’avenir de notre monde « commun ».
La foi qui s’y devine n’est pas toujours en référence à l’Église même si elle semble se ressourcer par des groupes de partage biblique, réflexion entre croyants de proximité : groupes de prêtres, communautés de base.
Comment ne pas y retrouver la problématique de SEL85 depuis plusieurs années, qui n’a guère trouvé de solution ? Comment « célébrer » ce Souffle de l’Évangile » vécu aujourd’hui dans ces divers et nombreux engagements, y révéler la « Présence réelle » de notre guide Jésus de Nazareth ?
La « messe dominicale » pourrait être une réponse. Mais ce qu’elle est devenue au cours des siècles,et telle qu’elle se vit actuellement dans les paroisses,apparait bien loin de la mémoire du « dernier repas du Seigneur » tel que nous le présentent les Évangiles.
À nous de continuer à chercher, inventer… ?
Après la pause pique-nique, Lucienne et Jean Bernard ont continué de partager des chemins d’espérance, se réclamant d’un optimisme militant, car partout, même dans les situations les plus désespérées, se lèvent des femmes et des hommes sans plus de soutien que leur conscience. Sans n’est-ce pas un hasard si on voit reparaitre l’horizon de la guerre,car dans le combat il y a une excitation de l’acte violent, mais partout aussi il y a des faiseurs de paix. L’Europe avait vogué sur un idéal de paix. La guerre était devenue comme quelque chose d’exotique, mais elle est reparue à partir des années 2000,Irak,11 septembre,conflit palestinien réactivé,d’oùl es sentiments xénophobes qui dominent en Europe.Tout l’ancien bloc soviétique bascule vers un nationalisme exacerbé lors de la guerre en Ukraine. Le retour de la guerre, un risque comme celui des années 30. Lire de Jean-Claude Guillebaud « Le tourment de la guerre ». Aujourd’hui une violence multiforme est générée par le triomphe de l’argent. Lire aussi « L’illusion économique »Gaël Giraud (poche).
Un système de pensée différent est possible. Quoi faire ? S’interroger par exemple sur le choix d’une banque plutôt que d’une autre. À la COP 21 il y eut unanimité pour une même cause sans avoir à avancer son drapeau. Le pape François, dans « Laudato Si, propose une parole crédible bien au-delà des chrétiens.
COUNCIL 50 a marqué l’anniversaire de la clôture de Vatican II. Le pacte des catacombes témoignait d’un choix d’une Église pauvre qui prend parti pour les pauvres. Apprendre à trouver Dieu en des situations qui semblent le nier quand la prostitution, la drogue et la violence continuent de sévir. Il n’y a pas les bons et les mauvais pauvres,les bons et les mauvais réfugiés. Dieu est présent en toute réalité. Prendre conscience de la merveille de la vie. Vivre de « la joie de l’évangile »et valoriser toutes actions qui honorent la dignité de l’autre reconnu comme mon semblable : commerce équitable,micros-réalisations,actions auprès des opinions publiques pour un accueil du réfugié selon ce qui est prévu par les accords internationaux.
LUCIENNE ajoutait : « mettre l’image de Dieu à la place de Dieu lui-même, c’est de l’idolâtrie »et JEAN- BERNARD : « Jésus vient à notre rencontre sur nos chemins ». « L’Évangile sur les parvis »,un livre de référence pour trouver Dieu dans notre histoire humaine aujourd’hui.
http://sel85.monsite-orange.fr
Lire le compte-rendu de la rencontre dans L’Écho de l’Ouest du 8 avril 2016 :