Aux États-Unis, religieuses et épiscopat interpellent chacun les candidats à la Maison-Blanche
Par “Paroissiens progressistes”
Interpellation des religieuses
Céline Hoyeau dans son article pour la-Croix.com nous montre que dans une lettre remise lundi 8 août à Donald Trump et Hillary Clinton, 5 000 religieuses appellent à se garder de la «rhétorique de la peur» et à engager un «dialogue constructif» lors de la campagne présidentielle.
«La campagne se passe vraiment très bien », affirmait Donald Trump mercredi dernier en Floride. Les religieuses américaines sont loin de le penser. Dans une lettre qui sera remise lundi 8 août au candidat républicain à la présidentielle Américaine, ainsi qu’à sa rivale démocrate Hillary Clinton, à leurs colistiers et aux responsables de leurs partis, 5 671 religieuses américaines mettent en garde contre le ton de la campagne électorale.
Sans pointer explicitement les outrances et les attaques verbales de Donald Trump, elles dénoncent vigoureusement une politique marquée par «une rhétorique avilissante», un système «paralysé par l’extrémisme idéologique et par un esprit partisan démesuré», l’appel «trop souvent aux plus bas instincts». «Nous ne pouvons pas laisser les voix de la haine et de la peur remporter la victoire», argumentent-elles dans ce manifeste rédigé par la Conférence de direction des religieuses américaines (Leadership Conference of Women Religious – LCWR), qui représente 80 % des religieuses du pays.
Les signataires, engagées elles-mêmes dans l’éducation, la santé, et l’aide aux plus démunis, invitent les candidats à s’engager à un «dialogue constructif» qui reflète «les principes et les valeurs sur lesquels notre nation est fondée» : respect de la dignité humaine, recherche du bien commun. «Le problème, ce ne sont pas nos différences. C’est la manière dont nos désaccords sont traités», relèvent-elles encore, appelant concrètement les candidats à «refréner les paroles qui manquent de respect, déshumanisent, ou diabolisent les autres» pour privilégier la «courtoisie» et la «décence» dans les échanges politiques.
La LCWR par cette lettre montre une belle voie pour cette campagne à la Maison-Blanche celle du dialogue constructif pour en finir avec le populisme qui se sert de nos peurs, tandis que les évêques américains ayant une autre idée en tête publient une nouvelle version de leur document, intitulé «former les consciences pour une citoyenneté fidèle» comme nous le montre Radio Vatican. Ce document d’une quarantaine de pages est publié tous les quatre ans, quelques mois avant l’échéance présidentielle. Alors que Donald Trump et Hillary Clinton sillonnent le pays pour convaincre les électeurs, la conférence épiscopale invite à grader la dimension morale de la politique.
Réflexions de l’épiscopat américain
Il faut prendre en considération la dimension éthique et morale de la politique : tel est l’appel lancé par l’Église américaine à l’heure où la campagne bat son plein. Cette nouvelle feuille de route proposée par les évêques se divise en trois parties, la première développant la doctrine sociale de l’Église, la seconde synthétisant les positions des évêques sur de nombreux sujets éthiques comme la défense de la vie, la promotion d’une économie juste, la liberté religieuse ou encore la sauvegarde de la création. Dans la troisième partie enfin, les évêques émettent des propositions pour les candidats, mais aussi pour tous ceux qui ambitionnent d’avoir des responsabilités politiques.
C’est dans cette troisième partie en particulier que l’Église des États-Unis invite à se garder des partis et des idéologies, en particulier en ce qui concerne la menace de la dignité humaine. Les évêques américains invitent ainsi les candidats à privilégier le bien commun plutôt que les intérêts particuliers. Pour cela, les évêques évoquent dix points que les autorités ne sauraient négliger.
L’un des aspects les plus importants concerne la défense des plus faibles et la protection de la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Outre l’avortement, l’épiscopat américain réaffirme son refus de l’euthanasie et du suicide assisté, le refus de la recherche utilisant des embryons, invitant aussi à ne pas avoir recours à la peine de mort pour combattre les crimes. Rappelant la valeur du mariage entre un homme et une femme, les évêques rappellent aussi l’importance d’une éducation à la complémentarité homme-femme. Le document revient aussi sur l’immigration, souvent instrumentalisée dans la campagne électorale. L’Église américaine appelle à une véritable réforme migratoire qui puisse offrir aux migrants un véritable parcours de citoyenneté.
Un autre point développé par les évêques est la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde, en particulier à travers l’annulation de la dette pour les pays les plus pauvres. La feuille de route revient enfin sur la nécessité de respecter «les limites morales» de l’usage de la force militaire et invite à tout mettre en œuvre pour recherche une solution afin de mettre fin à la persécution qui vise les chrétiens et les autres minorités au Moyen- Orient.
Les évêques américains n’ont pas eu le même but que la LCWR puisque ce document montre qu’ils désirent surtout mettre en avant des buts purement moraux comme leur combat contre l’avortement ou l’euthanasie, et mettent en avant la complémentarité homme-femme au lieu de mettre en avant l’égalité homme-femme, et la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde ne vient qu’en dernier. Décevant, encore une fois, les femmes nous montrent heureusement la voie, aux évêques de les suivre au lieu de se servir des élections présidentielles dans un but politique alors qu’ils devraient se montrer neutres.