Semaine mondiale pour la paix en Palestine Israël (18 – 24 septembre 2016)
Le Conseil œcuménique des Églises invite ses Églises membres et organisations partenaires à se joindre à une semaine de plaidoyer et d’action pour une paix juste en Palestine et Israël. Celles et ceux qui partagent l’espoir de la justice sont invités à prendre des mesures pacifiques, ensemble, afin de créer un témoignage public international commun.
Participer
Pendant la Semaine mondiale pour la paix en Palestine Israël, des Églises de différents pays enverront un signal clair aux décideurs politiques, aux milieux concernés et à leurs propres paroisses concernant la nécessité d’un accord de paix garantissant les droits légitimes et l’avenir des deux peuples. Les participants devront organiser leurs activités autour de ces trois éléments:
- Prier avec les Églises vivant sous l’occupation, en utilisant une prière spéciale de Jérusalem;
- Informer sur les actions qui contribuent à la paix et celles qui l’entravent sur le terrain, en particulier les colonies en territoire occupé;
- Interpeller les responsables politiques en préconisant des stratégies œcuméniques promouvant la paix dans la justice.
Pourquoi ?
La Semaine appelle les participants à demander la justice pour les Palestiniens, afin qu’Israéliens et Palestiniens puissent enfin vivre en paix. L’État d’Israël a été créé il y a 68 ans. Cet événement n’a pas conduit à la création d’un État palestinien indépendant; au contraire, il n’a fait qu’aggraver la tragédie du peuple palestinien. Voilà 49 ans que Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza sont occupés, réduisant à néant la vision pacifique de deux peuples sur une seule terre.
Pourtant, le rêve d’une nation ne saurait se réaliser aux dépens d’une autre.
- Il est temps pour les Palestiniens et les Israéliens de partager une paix juste.
- Il est temps que la liberté succède à l’occupation.
- Il est temps pour l’égalité des droits.
- Il est temps que commence la guérison des âmes blessées.
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Déclaration sur le Conflit israélo-palestinien et sur le Processus de Paix.
Par le Comité central du COE – Trondheim (Norvège)
“Il a détruit le mur de séparation, c’est-à-dire l’inimitié entre nous.” (Éphésiens 2,14)
Cette année 2016, le Pèlerinage œcuménique pour la Justice et la Paix a pour objet le Moyen-Orient – berceau de quelques-unes des plus anciennes civilisations humaines, et de trois religions mondiales : le judaïsme, le christianisme et l’islam –, et plus particulièrement Israël et la Palestine, le pays natal de notre Seigneur Jésus-Christ, pays de son ministère, de sa crucifixion et de sa résurrection. Notre foi vivante y a sa source, nourrie et entretenue par le témoignage permanent des Églises locales dont les racines plongent dans l’époque apostolique.
Nous sommes appelés, au cours de cette année à réfléchir ensemble à la situation des Églises et des divers groupes sociaux de cette région, aux menaces pesant sur la présence et le témoignage des chrétiens dans tout le Moyen-Orient, et à la longue recherche inaboutie de la paix dans la justice pour les Israéliens et les Palestiniens, tout en remarquant que l’année prochaine – 2017 – sera un anniversaire douloureux : 50 ans auront passés depuis qu’Israël a commencé son occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza, et des Hauteurs du Golan.
Pendant cette période, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a cherché à favoriser une solution durable dans la conviction que les Églises sont tenues au devoir de prier et de travailler à une issue aussi juste que possible au milieu de notre désordre humain, sachant que tant qu’une injustice sera sous-jacente, il ne peut y avoir de paix, ni de sécurité pour les Israéliens tout comme pour les Palestiniens.
Les règles du droit et de l’usage international, qui s’appliquent à cette situation – concernant la conduite à tenir dans un conflit armé, la protection des civils, les responsabilités et obligations d’une puissance occupante, la résolution pacifique des conflits, le droit à l’autodétermination et les droits humains – ont été si systématiquement ignorées au cours des décennies passées que le droit international et les organisations internationales multilatérales ont été ébranlés et affaiblis.
Au milieu de la violence et de la division, le mouvement œcuménique cherche à proposer une parole d’espérance, de foi et d’amour, en encourageant et en soutenant les actions en faveur de la paix dans la justice. Le COE a persévéré dans un objectif cohérent rempli d’espoir, et dans la prière – pour une égale justice à la fois pour les Israéliens et pour les Palestiniens.
De tels espoirs ont eu des hauts et des bas suivant les phases successives du “processus de paix” dans la région depuis au moins le milieu des années 70. Il y a eu des hauts avec les Accords d’Oslo de 1993/1995, avec le lancement d’un processus de négociation pour une “solution à deux-États”. Le COE a cherché à favoriser ces espoirs, et la vision de deux États coexistant en paix dans la sécurité et la prospérité, côte à côte, où les Israéliens comme les Palestiniens pourraient jouir d’une égale dignité et des mêmes droits humains auxquels ils peuvent également prétendre.
Le COE encourage à la fois les projets de paix et le dialogue entre les populations d’Israël et de Palestine, et entre leurs gouvernements. Nous prenons acte avec tristesse des nouvelles périodes de conflit et de violence dans la région. Le modèle sans cesse renforcé de l’occupation, la construction du mur de séparation en de nombreuses parties de la Palestine occupée, l’installation continuelle de colonies israéliennes, et le rôle joué à la fois par les extrémistes israéliens et palestiniens, ont régulièrement contrecarré et détruit les espoirs pour une paix juste et durable.
Le COE s’est largement engagé dans les efforts pour une paix israélo-palestinienne depuis 1948, lorsque l’État d’Israël fut créé, et que le COE l’a formellement reconnu. Avant même 1948, le tout nouveau COE s’est efforcé d’aider les juifs européens à immigrer dans des refuges sûrs, hors des territoires occupés par les nazis en Europe, et il a aussi aidé les réfugiés palestiniens obligés de quitter leurs terres ancestrales.
Le COE a constamment dénoncé l’usage de la violence et des actions terroristes, que ce soit de la part de l’État d’Israël ou des Palestiniens, en groupe ou individuellement. Une paix juste et durable ne peut être établie par la violence qui ne peut qu’engendrer plus de violence. En parole et en acte, le COE a constamment encouragé le dialogue et la négociation comme le seul moyen viable de partager un pèlerinage de justice et de paix, en Israël-Palestine, comme partout dans le monde.
En réponse à la réalité de ces plans de paix et résolutions des Nations-Unies restés lettre morte, le COE a publié de nombreuses déclarations et a proposé plusieurs initiatives concrètes. En 2002, le COE a organisé le Programme œcuménique d’Accompagnement en Palestine et Israël (EAPPI) comme manifestation concrète de la solidarité chrétienne par une présence active dans les territoires palestiniens occupés. En 2007, l’”Appel d’Amman” (lancé par une Conférence internationale des “Églises réunies pour la Paix et la Justice au Moyen-Orient”, à l’initiative du COE) a eu pour résultat la création du Forum œcuménique Palestine-Israël (PIEF), comme moyen de “catalyser et de coordonner les nouveaux ou déjà existants plaidoyers des Églises… pour la paix et la justice au service de toutes les populations de la région.”
Contre toutes les pressions du désespoir, des provocations et des appels à la violence, le COE a cherché à encourager et à accompagner la population et les communautés palestiniennes, ses Églises membres et leurs partenaires partout dans le monde, dans leurs efforts pour résister à l’occupation, notamment par des mesures économiques comme le désinvestissement à l’égard d’entreprises tirant profit de l’occupation, et par le boycottage des marchandises produites dans les colonies illégales dans les territoires occupés. De telles actions visent à faire avancer la cause de la paix dans la justice, en Israël et en Palestine, par le recours actif à des moyens fondés sur des critères enracinés dans la foi.
Suite à l’arrêt des efforts de paix sous l’autorité des États-Unis, en 2014, le processus de paix institué par les Accords d’Oslo de 1993/1995 est largement considéré comme une faillite. La volonté politique de la communauté internationale et son adhésion aux efforts pour ranimer la mise en œuvre de la solution à deux-États pour Israël et la Palestine ont régressé face à la réalité des faits sur le terrain, qui la rendent non viable. Pendant ce temps, l’environnement politique en Israël parait de moins en moins favorable aux compromis nécessaires pour une juste paix. De nouvelles initiatives ont été proposées pour faire repartir le processus de paix moribond ; notamment avec une conférence internationale avant la fin de 2016. Mais les espoirs et les attentes devant de telles initiatives politiques sont très faibles.
Le COE lui-même a fait face à des attitudes et à des actions agressives de la part des autorités de l’État d’Israël. Plusieurs personnels du COE, des représentants de ses Églises membres et autres partenaires, qui désiraient entrer en Israël, ont récemment été soumis à des interrogatoires d’intimidation agressifs et violents, et à des traitements comportant une détention de plus de trois jours et l’expulsion.
La fin des espoirs ne peut servir de base à la paix, et encore moins à une juste paix. Au contraire, c’est un terrain dangereux et propice à des actions désespérées et violentes alimentant l’extrémisme qui frappe maintenant tout le Moyen-Orient. Une occupation permanente et expansionniste a un effet corrosif et destructeur sur les ressources morales et politiques des Israéliens et des Palestiniens tout à la fois. Si le conflit ne débouche pas sur une solution juste et durable, des gens continueront à mourir et à souffrir, leur dignité humaine s’amoindrira, le droit et les institutions internationales perdront encore plus de leur légitimité.
Dans ce contexte, et avec ces sujets d’inquiétude, le Comité central du COE, dans sa réunion de Trondheim, Norvège, du 22 au 28 juin 2016 :
1- appelle les responsables israéliens et palestiniens à rechercher activement, et en urgence, la mise en œuvre d’une solution juste, viable et durable du conflit, dans la perspective politique d’une fin de l’occupation et d’une paix juste et durable à la fois pour les Palestiniens et les Israéliens.
2- invite instamment tous les membres de la communauté internationale – notamment le Quartet (Nations-Unies, Union européenne, USA, Fédération russe) – à faire à nouveau activement des efforts résolus et consistants pour aider à tracer un l’horizon politique opportun pour une paix dans la justice entre Israéliens et Palestiniens ;
3- appelle les Églises membres du COE, leurs ministères spécialisés et leurs partenaires œcuméniques à être toujours de plus fortes voix et de plus actifs agents de la lutte contre le désespoir, pour rétablir l’espérance, notamment en soutenant et en fortifiant la présence et le témoignage des chrétiens locaux et de ses Églises membres en Israël et en Palestine, en :
- a) se mettant à l’écoute, et en répondant aux voix des chrétiens palestiniens (notamment ceux qui se sont exprimés par le Document Kairos Palestine) ; et
- b) en prenant une part active à encourager une solide présence chrétienne autochtone en Terre sainte ;
- c) en favorisant et en soutenant tous les efforts non-violents visant à mettre fin à l’occupation (notamment en envisageant des mesures économiques ou autres appropriées) ; et
- d) en renforçant le dialogue interreligieux, et la coopération avec les partenaires juifs et musulmans dans ce pèlerinage pour la justice et la paix.
4- invite à renouveler et à renforcer son engagement en vue d’une juste paix pour les Palestiniens et les Israéliens, où tous vivent dans la justice, l’égalité des droits, la dignité, une sécurité inclusive, et en vue d’une énergique participation des Églises au Programme œcuménique d’Accompagnement en Palestine et Israël (EAPPI)b – principal ministère œcuménique concret d’accompagnement et de témoignage pour la justice dans la région, grâce aux Églises membres du COE et au Forum œcuménique pour la Palestine et Israël (PIEF).
5- demande aux Églises membres du COE, à leurs ministères spécialisés et à leurs partenaires œcuméniques de prendre en considération le danger qui consiste à utiliser les Écritures pour justifier en quelque mesure l’occupation, et de voir dans le Sionisme chrétien une forme de fondamentalisme chrétien mettant particulièrement en danger les communautés chrétiennes palestiniennes autochtones.
6- exprime sa préoccupation au sujet des efforts à l’œuvre dans les instances législatives à travers le monde pour imposer silence et pénaliser les appels à prendre des mesures non-violentes pour résister à une occupation illégale. Toutefois il renouvelle d’autant plus son soutien à la liberté d’expression dans tous les contextes, et aux moyens non-violents de transformation des conflits.
7- recommande que le COE organise une Conférence internationale œcuménique en 2017, à l’occasion du 50° anniversaire de l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et des Hauteurs du Golan, et à l’occasion des cent ans de la Déclaration Balfour, comme des dix ans de l’”Appel d’Amman”, afin de réitérer et de renforcer le témoignage œcuménique pour la paix dans la justice pour les Israéliens et les Palestiniens.
8- soutient les dirigeants d’Églises dans leur rôle difficile en vue du maintien et de l’affermissement de la présence chrétienne au Moyen-Orient, berceau du christianisme.