Qu’allons-nous faire dans cette période de ténèbres qui s’avance?
Par Didier Hartemann
Quels seront nos choix ? Dirons-nous comme Pierre, avant la bagarre, que nous le suivrons pour tout renier au moment de l’épreuve, ou saurons-nous avoir une attitude “Post Pentecôte”, sachant dire et faire ce qui nous sera suggéré à l’instant voulu ?
Une réflexion sur les 10 lépreux chez Luc 17 :11-19
Il entre dans un village. Dix lépreux s’avancent vers lui et à distance, ils lui demandent d’avoir pitié. Devant ce spectacle il leur dit d’aller se montrer aux prêtres (LEV 14 :1-32) afin de prouver leur guérison… qui s’effectue pendant qu’ils lui obéissent. UN SEUL se voyant guéri, revient sur ses pas et remercie. Or c’est un Samaritain. Du coup Jésus déclare :
- Est-ce que les 10 autres n’ont pas été guéris ?
- Où sont les 9 autres ?
- UN SEUL, un étranger (un quasi-ennemi pour un Juif) est revenu remercier.
Il finit par l’énigmatique (que l’on entend souvent) : « Relève-toi, pars ; ta foi t’a sauvé. »
Que veut-il dire par là ?
Les faits :
- Il est lépreux, membre d’un groupe de 10.
- Il est guéri après demande (des 10).
- Il lui est ordonné de se montrer aux prêtres pour le constat (comme aux 9 autres) (LEV 14 :1-32).
- Ils font ce qu’on leur dit ET, en route, ils sont guéris (les 10).
- Il est le seul qui, après ce constat, revient sur ses pas pour remercier.
DONC les 9 autres ne font pas cette démarche. POURTANT ils sont guéris et le resteront, comme le Samaritain.
Sa foi qui l’a sauvé n’est donc pas un acte, une attitude qui a amené la guérison. DE TOUTES LES FAÇONS il restera guéri, comme les 9 autres.
DONC je répète :
- Qu’est-ce que sa foi ?
- De quoi l’a-t-elle sauvé ?
Il n’y a, dans ce passage, aucune piste, aucune réponse. La seule lueur, très vague, qui peut permettre d’avancer, consiste à décortiquer son attitude, très personnelle.
- Il n’est pas Juif orthodoxe, C’EST UN AFFREUX.
- En se voyant guéri, IL DÉCIDE de remercier la personne source de cette guérison.
- Du coup il ABANDONNE VOLONTAIREMENT (IL PREND UN RISQUE, IL MET SA VIE EN JEU) la reconnaissance officielle qui lui permettrait de réintégrer UNE VIE SOCIALE NOMALE : faire partie d’un groupe, se déplacer, avoir des contacts charnels, d’affection, avec les siens, des rapports amoureux corps contre corps, participer à des rencontres, colloques, cérémonies.
- Son retour montre qu’il privilégie la tendresse humaine vis-à-vis d’une personne, pour la remercier de ce don de la vie récupérée, à une reconnaissance, très importante, essentielle, mais FORMELLE. Peut-être est-ce cela sa foi.
Mais de quoi l’a-t-elle sauvé ?
Si l’on continue, si je continue, à tirer le fil (ce que l’on nomme raisonner) il a été sauvé d’une reconnaissance sociale officielle (se montrer aux prêtres, c’est-à-dire suivre le périple de la loi mosaïque, être « dans les clous ») au bénéfice d’un rapport humain de tendresse individuelle (échanges directs de deux individus), immédiat, ENGAGEANT, alors que l’attitude officielle n’engage pas, c’est un constat suivant une loi.
SON RETOUR SORT DE LA LOI, crée une relation humaine qui va pousser vers d’autres relations humaines. « Relève-toi (HOMMO ERECTUS), pars ». L’attitude non plus courbée, mais droite, réfléchie, « réflexion “, soit se regarder soi-même, être capable de se remettre en cause et regarder la personne avec qui l’on échange. Il faut alors avancer vers les autres humains, vers tout ce qui existe pour ÉCHANGER, pour lancer Amour et Tendresse.
Source de l’illustration : Photograph by Rama, Wikimedia Commons, Cc-by-sa-2.0-fr [CeCILL (http://www.cecill.info/licences/Licence_CeCILL_V2-en.html)], via Wikimedia Commons