LES ASSOCIATIONS RELIGIEUSES PILIERS DES CENTRES D’ACCUEIL DES MIGRANTS
Par Malo Tresca (La Croix)
Plusieurs mouvements catholiques, musulmans ou protestants sont devenus des acteurs indispensables dans la gestion des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) instaurés dans le cadre du plan Cazeneuve de répartition des réfugiés en France.
En septembre dernier, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait déjà salué « l’aide extrêmement puissante » des associations religieuses en matière d’accueil, d’accompagnement, de suivi des migrants au sein des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) français, dans le cadre de son plan de relocalisation des migrants de la « Jungle » de Calais.
Alors que l’opération d’évacuation, lancée lundi 24 octobre, se poursuit dans la ville côtière, plusieurs mouvements catholiques, musulmans ou protestants ont renforcé leurs actions de soutien dans les 450 CAO, censés pouvoir accueillir au total 12 000 migrants dans 80 départements. Certaines de ces associations sont même désormais des gestionnaires à part entière, avec l’État, de ces structures.
Des actions concrètes d’accueil
C’est le cas du Secours islamique de France (SIF) et de ses hôtels franciliens transformés en CAO. De Massy à Sevran, de Thiais à Clamart en passant par Épinay-sur-Seine et Aubervilliers, l’association musulmane accueille aujourd’hui plus de 450 migrants au sein de ses six structures, financées par des subventions de l’État calculées sur le nombre de places occupées.
Négociation d’accès à une salle de sport, don de titres de transport deux fois par semaine pour effectuer les déplacements nécessaires aux demandes d’asile, alimentation assurée par un traiteur… « Nous y menons des actions concrètes d’accueil, de suivi, d’accompagnement juridique pour les démarches administratives de régularisation des migrants, en étroite collaboration avec la préfecture », précise Djilali Benaboura, directeur des missions sociales France de l’association, qui ajoute que le nombre de places y est désormais presque « saturé ».
Des propriétés de l’Église catholique
Plusieurs associations chrétiennes se sont elles aussi engagées activement au sein de ces CAO. Outre le Secours catholique, gestionnaire de certaines structures au même titre que le SIF, plusieurs antennes locales de la Pastorale des migrants épaulent, au quotidien, ces réfugiés. À Angers (Maine-et-Loire), le bâtiment qui héberge le CAO est propriété de l’Enseignement catholique.
Depuis le 5 juillet, l’association, rattachée à la Conférence des Évêques de France (CEF), a appelé les paroissiens à se rendre dans la structure pour y favoriser l’intégration linguistique, culturelle et sociale des 30 migrants présents, en lien avec d’autres associations (L’Abri de la providence, les Restaurants du cœur, la Croix-Rouge…). « Nous y organisons par exemple des repas à thème avec les résidents, des ateliers de conversation autour de thés », se réjouit Régine Dupont, membre du service diocésain de la Pastorale des migrants, chargée de coordonner les actions au sein du CAO de tous les paroissiens bénévoles.
À Bonnelles, petit village des Yvelines en lisière de la forêt de Rambouillet, le monastère des Orantes de L’Assomption – acquis il y a un an par l’association Habitat et humanisme, présidée par le P. Bernard Devert –, a lui aussi été transformé, avec le soutien des services de l’État, en CAO. L’association continue d’y assurer les repas et la logistique, pour les 90 migrants – majoritairement des hommes – qui occupent actuellement les chambres monacales de ce site de 3 000 m2, dans l’attente de retrouver rapidement un emploi en France.
Renforcer l’accès au droit
Et si elle n’agit pas directement au sein des CAO, la Cimade, association aujourd’hui laïque, mais toujours en lien étroit avec l’Église protestante, tente d’œuvrer elle aussi au plus près des réfugiés. À Béziers, elle a ouvert, il y a une quinzaine d’années, un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA), également financé par l’État et qui épaule aujourd’hui 80 personnes dans leurs démarches administratives.
« Le Conseil national de notre association a lancé un appel à toutes nos équipes pour renforcer l’accompagnement de ces personnes dans les domaines de l’accès au droit et de l’apprentissage », souligne Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, ajoutant que l’association rencontrait régulièrement d’autres mouvements religieux – dont le Secours islamique, le Secours catholique, la Pastorale des migrants, « au sein du collectif national informel Vivre ensemble, pour œuvrer en faveur d’une société meilleure ».