Les cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner ont exprimé un certain nombre de doutes à propos de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia (La joie de l’Amour), dans une lettre adressée au pape François et qu’ils ont rendue publique [1].

Lettre destinée selon eux à « aider le pape à prévenir des divisions et des oppositions au sein de l’Église, en lui demandant de dissiper toute ambiguïté ».

Les questions des quatre cardinaux portent notamment sur l’éventuel accès aux sacrements de divorcés remariés.

« Situation objective de péché »

Selon eux, « des théologiens et des chercheurs ont proposé des interprétations non seulement divergentes, mais même contradictoires » et cela provoquerait « de l’incertitude, de la confusion et du désarroi chez un grand nombre de fidèles ».

Les quatre cardinaux demandent ainsi si « l’expression “dans certains cas” de la note 351 de l’exhortation Amoris Lætitia » suggérant la possibilité d’accès aux sacrements de personnes « dans une situation objective de péché », peut « être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre more uxorio (comme des époux) ».

« Actes intrinsèquement mauvais »

« L’enseignement de l’encyclique de saint Jean-Paul II Veritatis splendor (…) à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ? », interrogent plus largement les quatre cardinaux. Ils demandent s’il est « encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère, se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ».

L’ancien évêque de Dallas, Kevin Farrell, que le pape François vient de nommer à la fois cardinal et chef du nouveau bureau du Vatican pour les laïcs, considère que l’exhortation apostolique du pape sur la vie familiale est inspirée par le Saint-Esprit et envisage d’en faire un document directeur de son dicastère.

Dans une interview donnée au National Catholic Reporter [2], Kevin Farrell a déclaré qu’il avait du mal à comprendre pourquoi certains évêques ont réagi négativement à Amoris Laetitia : “Je ne vois pas vraiment pourquoi et comment certains évêques semblent penser qu’ils doivent interpréter ce document”, a-t-il déclaré ; “Je crois que le pape a parlé”, a déclaré le cardinal, se référant à une lettre de François félicitant un groupe d’évêques argentins qui ont rédigé des lignes directrices concrètes sur les circonstances dans lesquelles des couples divorcés et civilement remariés pourraient éventuellement être autorisés à recevoir la communion [3].

Au cours de l’entrevue qu’il a donnée dans son nouveau bureau dans le quartier Trastevere de Rome, Farrel a également parlé de la façon d’aborder son nouveau rôle, et déclaré qu’il pense que le pape a créé son nouveau bureau – combinant les anciens conseils pontificaux pour les laïcs et la famille et l’Académie Pontificale pour la Vie – comme un moyen d’exprimer sa préoccupation pour les laïcs et de leur donner la parole.

“Ils sont la majorité de l’Église catholique et doivent certainement y avoir une voix et je pense que le pape revient au Concile Vatican II, c’est tout.”

“Maintenant, comme dit le pape François, il est temps de le mettre en pratique”, a-t-il dit. «Je pense que c’est là ma feuille de route, je suis content de la mettre en œuvre ».

Notes :

Illustration par Cynthiab8s (Travail personnel) [CC BY-SA 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

On peut lire aussi :

• http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Amoris-laetitia-quatre-cardinaux-ecrivent-leurs-doutes-au-pape-2016-11-14-1200803011
• http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Amoris-Laetitia-le-Vatican-repond-aux-doutes-de-quatre-cardinaux-2016-11-15-1200803328?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20161115&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=454717&PMID=977cbd9c62ea73f37f42a76f2c9f1aa4