Txetx Etcheverry : « La stratégie la plus efficace est la non violence »
Par Émilie Massemin (Reporterre)
Dans la nuit de vendredi 16 décembre à samedi, l’écologiste Jean-Noël « Txetx » Etcheverry, a été interpellé avec quatre de ses amis. Pacifistes, ils allaient neutraliser des armes du mouvement basque. En avril 2015, il nous expliquait son choix de l’action directe et son refus de la violence.
Le militant écologiste à Bizi ! et Alternatiba, Jean-Noël Etcheverry (plus connu sous le nom de « Txetx »), ainsi que le président de la chambre d’agriculture alternative du Pays basque, Michel Berhocoirigoin, le viticulteur Michel Bergouignan, la journaliste Béatrice Molle-Haran et le vidéaste Stéphane Etchegaray ont été transférés lundi 19 décembre au matin de Bayonne au parquet antiterroriste de Paris, à Levallois.
Ils avaient été interpellés dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 décembre aux alentours et dans une maison isolée de la commune de Louhossoa (Pyrénées-Atlantiques), alors qu’ils tentaient de rendre inutilisable une partie de l’arsenal de l’organisation clandestine et séparatiste basque ETA, avant de le remettre aux autorités. Leur but était de « contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays basque », selon un courrier adressé au site Mediabask par MM. Etcheverry, Berhocoirigoin et Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (LDH), qui devait participer à l’opération.
La garde à vue de ces cinq personnalités de la société civile a été prolongée une première fois dimanche 18 décembre au soir. Une enquête préliminaire a été ouverte vendredi soir pour « association de malfaiteurs terroriste » et « infraction à la législation sur les armes et les explosifs en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste ».
« C’est insensé, car le gouvernement français, présent vendredi soir sur les lieux par l’intermédiaire de la police, savait très bien qu’il n’avait pas affaire à des membres de l’ETA, mais à des gens de la société civile, a dénoncé M. Tubiana, joint au téléphone par Reporterre. Ces chefs d’accusation sont très surprenants contre des gens qui souhaitaient seulement récupérer les armes et les livrer aux autorités, pour faire face à l’obstruction des gouvernements français et espagnol et montrer que l’ETA était prêt à se désarmer volontairement et sans contrepartie. »
Dimanche, 4.000 personnes se sont rassemblées à Bayonne pour témoigner leur soutien aux cinq interpellés. Plusieurs personnalités politiques, comme la sénatrice (PS) des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac et les écologistes José Bové, Pascal Durant et Yannick Jadot, ont pris le parti des activistes. Plusieurs personnalités ont demandé leur libération dans une tribune publiée samedi sur Reporterre [1]. Depuis, une pétition [2] a été mise en ligne appelant à ce qu’ils soient relâchés.
Lire aussi l’entretien avec Reporterre, où Txetx expliquait sa conception de l’action collective [3].
Notes :
[1] https://reporterre.net/Nous-demandons-la-liberation-immediate-des-faiseurs-de-paix-du-Pays-basque [2] http://artisansdelapaix.wesign.it/frSource : https://reporterre.net/Txetx-Etcheverry-La-strategie-la-plus-efficace-est-la-non-violence
Photo : © Lucas Mascarello/Reporterre