Tel était le thème du « Temps de la fraternité » qui à clôt l’Assemblé générale de NSAE, le 22 janvier 2017
Introduction
(Pascal Cauchois)
Point n’est besoin de redire que notre monde est cassé, cela nous le savons bien.
Pour faire court voici comment on peut résumer les choses : l’indispensable solidarité qui est au cœur de notre humanité a été remplacée petit à petit insidieusement avec ou sans notre consentement par 2 principes fondateurs : la compétition et le consumérisme
Ne tombons pas dans le piège des déclinistes pour qui tout était bien avant. Avant quoi ? Avant qui ?
Même si nous devons reconnaitre que nos générations ont bénéficié d’avantages fabuleux pris sur le crédit de nos enfants, il n’y a pas, il n’y jamais eu de temps béni.
Jean-Marie Tjibaou, leader Kanack indépendantiste non violent, assassiné en 1984 nous le dit :
« Le retour à la tradition est un mythe. Aucun peuple ne l’a jamais vécu. La recherche d’identité, le modèle pour moi, est devant moi, jamais en arrière. C’est une reformulation permanente. L’identité (elle), est devant nous »
Ces fâcheux voudraient nous faire croire que rien ne va plus.
La faute à qui ?
Aux immigrés alors que nous le sommes tous un peu quelque part !
Aux pauvres qui ne veulent plus être pauvres ?
Masquant ainsi l’indispensable et nécessaire refondation de notre contrat social
Eh bien, nous, fort de l’espérance nous redisons que la solidarité est une véritable valeur aussi bien laïque, qu’évangélique, que coranique.
Et pour faire bon poids nous ajoutons la joie de vivre véritable antidote aux manipulations.
Derrière cette joie se cachent des trésors insoupçonnés :
À plusieurs c’est quand même plus marrant
La tendresse de Dieu
Un coucher de soleil
Nos jeunes qui résistent
Et toutes les fraternités et tous les liens sociaux que nous vivons au quotidien
Résister c’est aussi espérer, car les puissants nous imposeront toujours leur grille de lecture du monde.
A nous oui, à toi à moi, d’ouvrir dans la joie et la solidarité les portes invisibles de nos vies.
Je termine avec ce poème d’Andrée Chédide :
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
j’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur
Déroulement
Musiques, témoignages, images se sont succédés, avec des plages d’intervention spontanée des participants en suivant le fil conducteur suivant, en 4 temps.
Premier temps : monde cassé
« Everything is broken » (Tout est cassé) chante Bob Dylan et nous dit aussi Cécile Entremont dans son livre « S’engager et méditer en temps de crise » [1], livre qui se clôt sur une citation de Bernanos pour qui « l’espérance est une vertu héroïque ».
Qui n’a pas vu la route, à l’aube entre deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que l’espérance.
L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté.
L’espérance est une vertu héroïque.
On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance.
L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques.
L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme. On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts.
Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir.
Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore.
(Conférence aux étudiants brésiliens, 22 décembre 1944)
Deuxième temps : engagements
On sait, et on ne fait rien. C’est que, nous dit Cécile Entremont, face à l’immensité des dangers qui nous font face, nous nous protégeons par le déni, individuel et collectif. S’engager avec les autres, agir avec d’autres, est une façon d’en sortir.
- témoignage de Pascal Cauchois sur son vécu en milieu carcéral avec les personnes détenues : Annoncer Jésus en prison
- témoignage d’Annie Grazon sur son vécu avec les personnes en fin de vie : Accompagnement auprès de personnes gravement malades et/ou en fin de vie et de leurs proches
- lecture d’extraits de “Lettres d’Alice Domon, une disparue d’Argentine”
Troisième temps : résistances
• Présentation par le groupe NSAE 45 de 2 tableaux de Maxime Kantor
Trois arbres
Pour Kantor il s’agit en fait d’un calvaire. Au centre le Christ, à droite le bon larron, à gauche l’autre malfaiteur, et cependant, la suggestion d’une espérance malgré tout…
Nuit d’hiver
On peut comprendre cette composition comme une parabole du samedi saint. C’est la nuit et le froid de l’hiver : l’attente et l’espérance des disciples se sont effondrées. Les chiens qui tournent en rond, comme les disciples désorientés, désaxés. Et pourtant parmi ces chiens, il en est un différent, à contresens. Dans cette nuit et cette perte de sens, mystérieusement, le Christ est déjà présent, mais les disciples ne le reconnaissent pas encore… Et à l’arrière, se dresse la maison rouge, signe de résistance et d’espérance [2].
• Le département de français participe à la cueillette des olives à Gaza
en écoutant le Chant des gauleurs d’olives (M. Taos-Amrouche)
Quatrième temps : méditation
En contemplant en silence la sculpture de Pierre de Graw : «Je suis vivant”
puis en chantant (Chant de Taizé)
« Jésus le Christ, lumière intérieure,
ne laisse pas mes ténèbres me parler.
Jésus le Christ, lumière intérieure,
donne-moi d’accueillir ton amour. »
Notes :
[1] http://nsae.fr/2016/12/23/preparer-lassemb…cecile-entremont/ [2] Commentaires d’Ignace Berten