ACCUEIL DES MIGRANTS : LA CIMADE INTERPELLE LES CATHOLIQUES DE L’HÉRAULT
Dimanche 19 février, une lettre ouverte a été distribuée à Béziers à l’occasion de la journée diocésaine des migrants et des réfugiés. Pour appeler l’Église à mettre en accord sa parole et ses actes.
En 2016, le Centre d’accueil des demandeurs d’asile géré par La Cimade à Béziers a obtenu de l’État un agrément pour accueillir 40 personnes supplémentaires. Il s’agissait de répondre aux besoins croissants liés notamment à la guerre en Syrie.
Des contacts étaient établis localement avec l’Église catholique, propriétaire d’un immeuble vide et inutilisé depuis plusieurs années. Une demande accueillie plutôt favorablement dans un premier temps. Mais, quelques jours seulement après la violente campagne d’affichage anti-migrants lancée par le maire de Béziers, Robert Ménard, les instances diocésaines faisaient machine arrière : plus question de louer à La Cimade. Après une rencontre infructueuse avec l’archevêque de Montpellier, Mgr Carré, et devant l’absence de raison valable pour justifier cette décision, La Cimade a décidé d’interpeller directement les catholiques de l’Hérault, à travers une lettre ouverte distribuée lors d’une journée du diocèse consacrée aux migrants et aux réfugiés.
« Il faut s’interroger sur la façon dont on applique l’Évangile », affirmait Mgr Carré en octobre dans le journal « La Croix », rappelant que le pape François avait invité les paroisses à se mobiliser pour l’accueil. Dont acte ?
Lettre ouverte à l’Église de l’Hérault
« Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous faites le vous-même pour eux : voilà la Loi et les Prophètes» (Mt, 7,12).
Vous fêtez aujourd’hui la journée diocésaine des migrants et des réfugiés. Nous vous souhaitons qu’elle soit une grande journée de rassemblement et de fraternité. Nous ne pourrons cependant partager sa réussite sans vous parler dans un langage de vérité. Nous souhaitons vous témoigner notre tristesse et notre déception face à l’attitude de vos instances qui ne nous paraissent pas à la hauteur du message d’accueil que vous souhaitez transmettre lors de cette journée.
Vous savez certainement que la Cimade, de manière historique, accompagne des réfugiés et des migrants partout en France, en lien notamment avec des mouvements et des personnes de l’Église.
À Béziers, depuis plus de 15 ans, nous gérons un centre d’accueil des demandeurs d’asile. En 2016, devant les besoins croissants d’accueil des réfugiés, notamment du fait de la guerre en Syrie, la Cimade a obtenu un agrément pour accueillir 40 personnes supplémentaires.
De nouveaux besoins (locaux supplémentaires…) se sont dessinés afin d’assurer au mieux nos actions et nous nous sommes naturellement rapprochés de l’Église, propriétaire notamment d’un immeuble situé au 2 rue Estienne d’Orves à Béziers. Ce bâtiment – dit « L’Étoile », vide et inutilisé depuis plusieurs années, convient parfaitement à l’accueil des réfugiés. Dans un premier temps, notre proposition de louer cet immeuble a été accueillie plutôt favorablement par les instances diocésaines, nous laissant entrevoir l’aboutissement de notre projet.
Pourtant, en octobre 2016, les jours suivant la campagne d’affiches anti-migrants du maire de Béziers, ces mêmes instances ont finalement décidé de ne pas donner suite à notre demande, et ce sans raison valable. Un rendez-vous avec Monseigneur Carré, évêque de Montpellier suivi d’un courrier daté du 5 janvier 2017, resté sans réponse, ne nous ont pas permis d’obtenir une réponse claire sur les raisons de ce refus.
Comprenez notre tristesse et notre déception. Nous regrettons d’une part que l’Église n’accepte pas de nous louer cet immeuble et d’autre part qu’elle ne se positionne pas à nos côtés face à un tel enjeu. Au contraire, l’absence d’explication nette nous laisse penser que cette décision est liée à la campagne de dénigrement et de rejet mise en place par la municipalité de Béziers.
Nous refusons de céder à la peur engendrée par ces messages, nous la savons source de violence.
Nous osons espérer que cette peur n’empêchera pas le passage de la parole et la prière à l’action véritable et que cette journée sera pour vous l’occasion de faire vivre en actes l’accueil des « migrants mineurs [et majeurs], vulnérables et sans-voix » que vous avez mis au cœur de votre réflexion.
Nous vous souhaitons une bonne journée. Fraternellement,
La Cimade