Emmanuel Ricœur et Paul Macron
Par Christophe Courtin
On présente Macron comme incarnant le renouveau. En fait, comme tout le monde, il est l’héritier d’habitus familiaux, de traditions politiques et de pensées éprouvées, mais dont il propose une nouvelle synthèse. Avec Ricœur on sait que ce qui est neuf n’est pas nécessairement nouveau. C’est peut-être ce qu’il y a chez notre président, à son corps défendant, de plus ricœurien.
Le philosophe et le politique n’ont pas toujours fait bon ménage : Platon et le tyran de Syracuse, Voltaire et Frédéric II, ou même Heidegger et Hitler. Que dire s’ils se retrouvent dans la même tête ? C’est le cas depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Il n’a pas enseigné la philosophie, il a peu écrit, mais il est titulaire d’une maîtrise de philosophie (mémoire sur Machiavel) et d’un DEA (mémoire sur Hegel) à Paris X où il a suivi le séminaire d’Etienne Balibar [1]. Surtout il a été à vingt-deux ans, deux années de suite, assistant éditorial de Ricœur [2] qui achevait sa dernière œuvre majeure sur l’histoire et la mémoire. Ricœur avait le souci de la proximité avec ses élèves, une pédagogie protestante qu’il a longtemps pratiquée dans les universités américaines. Travailler en tête à tête avec Ricoeur aux Murs Blancs à Châtenay-Malabry où flotte l’esprit d’Emmanuel Mounier [3] doit laisser des traces sur un jeune homme sensible, intelligent et ambitieux. La question est de faire le tri entre l’instrumentalisation d’une communication politique qui voulait donner de l’épaisseur à un candidat peu connu, voire juvénile, et l’influence réelle d’un penseur majeur du XXe siècle sur celui qui présidera notre pays. Entre critique et conviction [4], à distance de toute macronmania béate ou d’un macronbashing haineux, tentons de comprendre ce phénomène à partir de la pensée très exigeante de Ricœur.
Comprendre et expliquer le phénomène Macron
Laissons les penseurs des tréteaux médiatiques nier les faits, en mode infatué pour Onfray et outré pour Finkielkraut. Notre nouveau président possède une réelle culture philosophique acquise auprès de Ricœur. Ils doivent craindre un adversaire connaissant les facilités rhétoriques de leur petit magistère médiatique. C’est François Dosse, biographe de Ricœur, qui a présenté un de ses étudiants à ce dernier qui cherchait en août 1999 un archiviste pour l’aider à gérer sa documentation autour de son travail sur l’historiographie. Outre François Dosse, à en croire des témoins crédibles comme le philosophe Olivier Abel [5], spécialiste et ami de Ricœur, cette collaboration a été intense.
Ricœur était un penseur immense, mais discret qui n’a pas laissé un système de pensée prêt à l’emploi comme le structuralisme, la psychanalyse, le marxisme ou l’existentialisme même s’il a ferraillé avec ces théories. Il a toujours privilégié la méthode discursive approfondie pour comprendre la réalité telle qu’elle apparaît à notre conscience. C’est un transmetteur, un passeur d’idées. À partir d’une question qui lui semblait centrale, il s’attaquait à circonscrire, comprendre et interpréter un phénomène qui l’intéressait : le mal, la mémoire, le religieux, le temps, le juste, la liberté, le politique. Comme Mallarmé creusait le vers, il creusait l’interprétation. S’engager dans la lecture d’un de ses livres, c’est suivre un spéléologue dans les entrailles d’une matière qu’il éclaire au fur et à mesure qu’il avance. Il faut être rigoureux, patient, attentif ; accepter le rythme de l’auteur, les longs détours et les impasses. Mais il est toujours didactique, jamais elliptique. La méthode ricœurienne c’est la confrontation permanente de sa propre interprétation et de ses convictions à celles d’autres auteurs contemporains ou anciens, à partir de la lecture critique de leurs écrits. L’autre est le plus court chemin de soi à soi, disait-il. Une dialectique jamais fermée, un dialogue permanent. Macron a accompagné ce mineur de fond pendant deux ans. Cette expérience a été fondatrice. Il était comme « un enfant fasciné à la sortie d’un concert [6] ». Ce n’est pas neutre, mais est ce déterminant ? Comprendre le phénomène Macron à partir de la pensée de Ricœur c’est appliquer la méthode de celui ci : regarder, lire et écouter de manière approfondie et honnête ce qu’a fait, dit et écrit celui là en confrontant ce matériau à la réalité et à mes propres convictions. Une discussion à quatre : Macron, Ricœur, le lecteur et l’auteur de cet article.
Banquier chez Rothschild : La réalité et la métaphore.
Pendant la campagne, l’évocation du métier de banquier du candidat chez Rothschild de 2008 à 2012, enclenchait le soupçon d’antisémitisme sur celui qui allait sur ce terrain pour le critiquer. Pourtant, objectivement, il a été banquier chez Rothschild. Bien sûr, on a vu fleurir des caricatures nauséabondes, mais le soupçon était aussi un instrument de délégitimation de toute critique. D’autres [7] avaient travaillé chez Rothschild sans que cela ne pose problème, c’était à une époque de prospérité économique avant la chute de la banque Lehmann Brother en 2008 ouvrant la crise financière et ses ravages économiques et sociaux. Ricœur a expliqué que la métaphore avait une efficacité heuristique afin de creuser l’interprétation de la réalité. Pourquoi cette hystérie autour de ce fait objectif du passage chez Rothschild ? L’image du banquier capitaliste est encore la métaphore d’une mondialisation financière hors sol qui fonctionne en auto-allumage systémique entre la science, la technologie et les marchés, sans contrôle humain. Il est probable que si la banque n’avait pas le patronyme d’un banquier juif, la métaphore aurait eu une portée plus limitée. On peut le regretter, la figure du Juif déraciné et cosmopolite a encore un rendement métaphorique certain.
Macron a choisi la banque alors qu’il était à l’inspection des finances qu’il décrit dans la revue des anciens élèves de Sciences Po de 2007, comme « une école de rigueur et donc d’humilité [8] ». Il explique plus loin sans fard son choix : « parce qu’elle me paraissait plus libre et entrepreneuriale ». On ne peut meilleur credo libéral financier. Au-delà de la métaphore du banquier juif, cette partie de la biographie de Macron relève de l’intrigue de son récit. Des dossiers dont il a eu la responsabilité au sein de la banque, deux illustrent le concept de responsabilité associé chez Ricœur à la liberté de l’agent moral. Macron a piloté le rachat par le Crédit Mutuel de Cofidis, le spécialiste des prêts revolving à 17 % qui ont plongé des familles dans l’addiction consumériste. Il a conduit l’acquisition de la branche lait maternel du groupe Pfizer par Nestlé qui a construit son développement en Afrique sur la dépendance au lait en poudre contre le lait maternel. Des travaux de l’OMS montrent que cette stratégie a entrainé la mort de milliers de nourrissons faute d’accès à de l’eau potable.
Bien sûr quand le président passe en revue les troupes à Gao, il n’est pas responsable personnellement de l’enfant qui meurt dans le dispensaire du quartier, trois cent mètres plus loin, faute d’immunité microbienne contre l’eau du puit pastoral contaminé. Il n’est pas plus responsable de la saisie-arrêt pour défaut de remboursement du prêt pour l’achat du homevidéo par le passant en fin de droits qu’il croise à pied sur le chemin de l’ambassade d’Angleterre pendant qu’il ironise sur le dialogue social qu’il vient d’engager en ne disant rien. Il aura dû oublier à ce moment-là, juste pour le plaisir d’un bon mot, la pensée de Ricœur sur le délibératif comme contrepoids nécessaire à la verticalité du pouvoir. Curieusement c’est dans la métaphore de la comptabilité que Ricœur développe sa pensée sur la responsabilité qui est d’abord évaluation, comme on évalue un bilan. Comment évaluer la responsabilité d’un banquier qui apporte son expertise financière dans une stratégie industrielle mortifère ? Ricœur pense que l’homme est un sujet responsable inscrit dans une histoire personnelle, ce qu’il appelle l’identité narrative qui est avant tout morale. L’homme est capable de sa liberté. C’est dans la relation à l’autre que la question éthique se pose, est-ce bien, est-ce mal ? Macron banquier a répondu : ni bien, ni mal, c’est la finance qui est libre. S’il a bien intégré Ricœur, Macron sait aussi que sa propre identité narrative évolue. Huit ans plus tard, il publie son livre de campagne Révolution [9]. Sur la question du mal au cœur de la finance, il a bougé. Page 60 il écrit « il faut lutter contre la finance sans finalité (…) une telle bataille n’est pas seulement technique, elle est politique, morale ». L’acquisition privée d’un immeuble dans un montage bancaire légal à partir de fonds collectifs et d’incitations publiques, relève-t-elle selon lui de la finance sans finalité ? La confrontation au réel à son niveau de responsabilité politique dans un monde en crise où les inégalités se creusent quand la question écologique est devenue celle de l’avenir de l’espèce humaine, le fera-t-elle évoluer plus loin dans son jugement moral sur la mondialisation financière ? Il faut l’espérer.
L’histoire, le récit et la durée d’un quinquennat
Laissons de côté le faux pas sarcokennedien de la soirée du premier tour alors que le Front National était qualifié. Même si le sept mai le choix de la cour du Louvre semble avoir été circonstanciel, l’arrivée à pied du nouveau président, depuis le fond de la cour jusque la pyramide, sur fond d’hymne à la joie, voulait avoir un sens symbolique lourd. D’ailleurs, Macron à ce moment précis devait avoir en tête plutôt Hegel que Ricoeur. Par ce geste inaugural, c’est comme s’il voulait incarner l’Esprit français, depuis la Royauté en passant par l’Empire jusqu’à la monarchie républicaine de la Ve République en marche vers l’État post postmoderne européen. Pompier ? Un truc de communicant façon Buisson ? Une vraie symbolique ? Un peu des trois probablement.
Ayant suivi Ricoeur pendant sa réflexion sur l’histoire, Macron sait que, chef de l’État, il aura en charge le vouloir vivre ensemble des Français à partir de « l’autocompréhension de leurs grands récits nationaux fondateurs » [10]. Sarkozy a voulu grossièrement instrumentaliser l’identité française. Hollande, plus serein sur la question, a reconnu que la déchéance de nationalité avait été une erreur. On sent pourtant chez Macron une volonté déterminée d’aller sur ce terrain. Comme s’il voulait expérimenter dans une grande pédagogie élyséenne la démarche Ricœurienne qui distinguait soigneusement le travail scientifique de l’historien du travail de mémoire collectif, le premier alimentant le second. En février dernier, depuis Alger, il a qualifié la colonisation de crime contre l’humanité. L’historien de la guerre d’Algérie Benjamin Stora lui a donné raison, les autorités algériennes ont instrumentalisé le propos, les associations de rapatriés ont été meurtries et les nostalgiques de l’OAS se sont déchaînés. Il ne prenait pas un gros risque politique, cet électorat mémoriel de l’Algérie française vote bien à droite. En mai 2016, alors que son projet politique n’est pas encore pris au sérieux, il prononce un discours à l’occasion des fêtes johanniques d’Orléans où il s’identifie au destin de Jeanne d’Arc. «Voilà pourquoi, les Français ont besoin de Jeanne d’Arc, car elle nous dit que le destin n’est pas écrit. » Il n’hésite pas à se saisir de ce récit national que le Front National tente de préempter. En août 2016 lors de sa visite au Puy du Fou, lieu de mémoire d’une France mélancolique des vieux équilibres d’avant la révolution, il a cette phrase très ricœurienne, « la réalité m’oblige de vous dire que… » Ce qui l’obligera en politique ne sera pas le jugement moral puisque selon lui plaider la moralité à quelqu’un qui lui-même la plaide, ne sert à rien[11]. Il voudra revenir à la réalité des faits passés. Sur ce plan toutefois, la sociologie analytique américaine que Ricoeur a fréquentée montre que la réalité sociale est elle-même construite, il lui faudra donc être bien prudent sur ce qu’il pense être la réalité. Sur le grand récit national de la Laïcité, il se range clairement dans le camp d’Aristide Briand, contre Émile Combes : « la laïcité est une liberté avant d’être un interdit [12] ». Au regard de l’histoire, un quinquennat c’est court, mais il est certain que pendant la durée de son mandat il aura à naviguer en période de ce que Ricoeur appelle, en citant Gaston Bachelard, de temps musclé. Comme ses prédécesseurs, il devra faire face à des événements qui viendront fragiliser notre « volonté de continuer à faire valoir notre héritage indivis [13] ». La lecture de Ricœur l’aidera-t-il à être à la hauteur de l’événement c’est-à-dire « le surgissement du vécu dans l’histoire [14] » ? Il faut l’espérer.
La politique, l’exercice du pouvoir : le vertical et l’horizontal
« C’est Ricœur qui m’a poussé à faire de la politique parce qu’il n’en avait pas fait ». Cette phrase attribuée à Macron par le magazine en ligne Slate en avril dernier est à la fois ambiguë et biaisée. Elle sous-entend qu’il s’agit d’un conseil, dont on imagine mal Ricœur le faire dans ces termes. Ricœur a bien fait de la politique, non pas au sens strict du terme, mais en étant militant associatif et syndical. Il a participé à la réforme de l’Université juste avant mai 68 et il a été doyen à Nanterre, poste éminemment politique, juste après. La branche française du magazine en ligne américain Slate du groupe Washington Post a été créée par Jacques Attali, Jean Marie Colombani et Alain Minc et financé par Benjamin de Rothschild [15]. En avril, Slate a publié 46 articles sur Macron. Que la phrase soit apocryphe ou pas, elle est révélatrice d’une surdétermination du label Ricoeur sur ce candidat nouveau qui viendrait dépasser les vieux clivages droite/gauche au bénéfice d’un projet politique social libéral. Il est clair que l’estampille Ricœur a été un des instruments de la conquête du pouvoir utilisé par quelques médias acquis à la cause et qu’elle le sera encore un moment. Bien que ce ne soit pas très ricœurien, c’est de bonne guerre politique pour une élection qui n’est selon Ricœur qu’une redistribution du pouvoir. Redistribution rendue possible avec l’appui des pouvoirs économiques et médiatiques.
Alors qu’il est encore chez Rothschild, Macron a signé un article [16] où il donne sa vision du politique. Il explique que le rythme des élections présidentielles en France, s’il correspond au temps court, médiatique, accéléré et personnalisé de la politique, n’est pas adapté au temps long des grands problèmes sociétaux, économiques, géopolitiques ou écologiques. Ces problèmes sont gérés au niveau international et montrent surtout, de sommets mondiaux en conférences internationales, l’incapacité de nos gouvernants à avoir une influence sur la marche de la France dans un monde en crise. Par compensation, ces derniers surjouent l’efficacité dans le court terme et la communication politique en empilant lois, décrets, déclarations et postures. Ils révèlent d’abord leur inefficacité et laissent le champ libre aux passions tristes des Français : antiparlementarisme, déclinisme, xénophobie, racisme. Face à ce diagnostic Macron propose trois remèdes : la décentralisation dotée d’une politique de subsidiarité réelle entre l’Etat et les territoires, la pédagogie de la délibération publique et la mise en perspective de l’action politique dans une vision à long terme. Acceptons en début de mandat la nomination à l’intérieur de Gérard Colomb, vieux routier et notable du socialisme municipal comme administration du premier remède et le livre Révolution pour le troisième. C’est sur la question de la pédagogie des réformes qu’il entend mener que Macron est le plus attendu. Ricœur a eu une expérience difficile à Nanterre qui l’a amené à développer sa pensée sur la nature du politique autour de la distribution asymétrique de l’autorité entre un pouvoir vertical (les institutions étatiques, le droit, la violence légitime) et un pouvoir horizontal, celui de la délibération, du « vécu partagé », des associations et des syndicats. « Quand par (…) mandat on est titulaire de la relation verticale, on cherche sans cesse à donner à celle-ci une légitimité puisée dans la relation horizontale » [17]. Mais le vertical n’est pas réductible à l’horizontal, à un moment il doit trancher. Comment Macron va-t-il mener la réforme du droit du travail, la mère de ses réformes ? On sent qu’il a déjà tranché : le recours aux ordonnances et une ancienne DRH au ministère du travail. La pédagogie a déjà eu lieu en 2016, dans la rue. Comment organisera-t-il la délibération du vécu partagé autour de la transition climatique entre un Premier ministre lobbyiste chez AREVA et Nicolas Hulot ?
Au-delà de cette vision du politique, on trouve chez Macron une influence évidente de la pensée de John Rawls [18] qu’il a lu chez Ricœur [19] questionnant la justice sociale comme processus de redistribution des inégalités, mais organisé de manière à ce que chacun ait un droit égal d’accéder à toutes les fonctions et situations ouvertes dans la société. Si ce droit n’est pas une possibilité, les politiques publiques doivent alors s’attacher à ce qu’il le devienne dans les faits. Le projet de dérégulation de l’économie et des relations de travail s’accompagne chez Macron d’un projet de révision profonde des systèmes de protection sociale afin que chaque personne ait accès au système le plus étendu de protection économiquement possible. Mais qui déterminera l’économiquement possible ? Les opérateurs économiques et les marchés. En parallèle, il propose aussi une refondation de la formation professionnelle. Il attaque ainsi de front la pensée égalitaire de la gauche encore marxiste. Se donnera-t-il ou aura-t-il les moyens et le temps de la pédagogie ? On doit l’espérer.
Le caractère de notre président
Ricœur a écrit sur la psychanalyse même s’il a été mal reçu dans le landerneau psychanalytique orthodoxe parisien, notamment par Lacan. Ricœur retient de Freud le fait que l’inconscient parle, mais en s’adressant à quelqu’un au travers d’un récit jamais linéaire. Il considère le corpus théorique freudien dépassé, mais la pratique analytique toujours féconde. L’inconscient, la vie et le caractère constituent pour Ricœur ce qu’il appelle l’involontaire absolu qui oppose une résistance à la maîtrise consciente. Que veut montrer de sa personnalité notre président à partir des éléments de sa biographie qu’il veut bien lâcher, mais surtout que nous disent-ils de ce qu’il ne maîtrise pas ? Le choix à douze ans de se faire baptiser ; quatre ans plus tard, au lycée il tombe amoureux de sa professeure âgée de quarante-trois ans et avec qui il partage toujours sa vie ; ses lectures d’enfance, notamment Cocteau et Gide « ses compagnons irremplaçables » ; des parents dont il dit juste, comme dans un minimum syndical autobiographique, qu’ils l’ont « laissé construire sa liberté », on n’y sent pas beaucoup de chaleur ; une grand-mère plus présente dans sa vie que sa mère. On voit bien que dans un milieu bourgeois de notables de province, proche de Paris, dans un catholicisme culturel ambiant, une partie de son histoire n’a pas dû être simple à vivre et à construire. En somme, de cette enfance amiénoise, dans une ville longtemps bastion communiste, à l’ombre de la silhouette dominante d’une cathédrale, entourée de marais et d’hortillonnages, au cœur d’une immense plaine ouverte à toutes les invasions, il faut espérer qu’il aura les ressources et la personnalité à la hauteur des défis auxquels notre pays doit faire face.
On présente Macron comme incarnant le renouveau. En fait, comme tout le monde, il est l’héritier d’habitus familiaux, de traditions politiques et de pensées éprouvées, mais dont il propose une nouvelle synthèse. Avec Ricœur on sait que ce qui est neuf n’est pas nécessairement nouveau. C’est peut-être ce qu’il y a chez notre président, à son corps défendant, de plus ricœurien.
Notes :
[1] Étienne Balibar, philosophe marxiste, né en en 1942. Professeur de philosophie à Paris X. [2] Paul Ricœur, philosophe Français ,1913-2005. [3] Emmanuel Mounier, philosophe Français chrétien, 1905-1945. [4] Pour une bonne introduction à la pensée de Ricœur, lire La critique et la conviction. Calmann Lévy 1995 réédition Arthème Fayard Pluriel, 2013. [5] Entretien radio Notre Dame du 16 mai 2017. [6] Lettre envoyée par Emmanuel Macron à Paul Ricœur, citée par Le Monde du 27 mai 2017. [7] Georges Pompidou et Henri Emmanuelli [8] Journal des anciens de Sciences Po « Rue Saint guillaume » 2009 [9] Emmanuel Macron. Révolution. XO éditions 2017 [10] Paul Ricœur La critique et la conviction. Arthème Fayard 2013 Pluriel p. 132 [11] Voir Interview d’Emmanuel Macron France culture du 27 janvier 2017. [12] Emmanuel Macron. Révolution p.169. [13] Ernest Renan, conférence à la Sorbonne en 1882 « Qu’est ce qu’une nation ? » [14] Paul Ricœur. La mémoire, l’histoire l’oubli. Editions du Seuil, collection Essais. Paris, 2000. P 204. [15] Benjamin de Rothschild, président du groupe financier Edmond de Rothschild, différent du groupe Rothschild and Co où a travaillé Emmanuel Macron [16] Emmanuel Macron. Les labyrinthes du politique. Revue Esprit mars-avril 2011. [17] Paul Ricœur. La critique et la conviction. Arthème Fayard Pluriel, 2013. P 65 [18] John Rawls, philosophe américain, 1921-2002. [19] Paul Ricœur. Le Juste. Editions Esprit 1995.Source : https://blogs.mediapart.fr/christophe-courtin/blog/080617/emmanuel-ricoeur-et-paul-macron-1#_ftn13