Du plastique dans nos assiettes
Par Mika Leandro (Bordeaux), Martin Caldwell (Londres/Berlin), Julia Krzyszkowska (Varsovie), Virginia Lopez Calvo (Madrid), Olga Vukovic (Bologne), Joerg Rohwedder (Lübeck) et toute l’équipe WeMove.EU [6]
Avez-vous vu cette baleine échouée, il y a quelques mois, sur une plage norvégienne [1] complètement décharnée ? L’autopsie a permis de découvrir que l’estomac du pauvre cétacé renfermait trente sacs plastiques et autres déchets. Mourir de faim à cause du plastique : c’est le destin qui touche d’innombrables oiseaux, tortues et poissons chaque jour. Le plastique est un danger pour tout notre écosystème : une fois désintégré, ses fines particules restent dans l’environnement pendant des siècles, sont ingérées par des animaux… et atterrissent dans nos assiettes. Elles ne sont même pas détectables dans le sang humain [2].
L’Europe est le deuxième plus grand producteur de plastique au monde, et la consommation de plastique y croît chaque année. Aujourd’hui cependant, nous avons l’opportunité d’inverser cette tendance. Dans les prochaines semaines, la Commission européenne doit travailler à l’élaboration d’une stratégie sur le sujet [3]. Un travail qui pourrait enfin donner lieu à des changements positifs… ou non. Car si l’UE se déclare déterminée à s’attaquer au problème des déchets, le lobby des industries du plastique fait pression en coulisse pour défendre ses intérêts – en s’opposant notamment à une interdiction des produits plastiques à usage unique. Il nous appartient d’inverser le rapport de force.
Nous devons faire entendre notre message : au moment où la Commission européenne lancera une grande consultation auprès des fabricants et organisations environnementales à Bruxelles, nous comptons montrer notre opposition par d’imposants affichages répartis dans la ville, à l’aéroport et directement devant le siège de la Commission. Les espaces publicitaires étant très demandés, nous devons les réserver dès que possible. Mais le message ne passera qu’à condition que des milliers de personnes répondent à notre appel. Nous vous remercions donc de soutenir cette action, en apposant votre signature dès maintenant !
Entre les concombres emballés dans du plastique, les bouteilles à usage unique et les crèmes solaires contenant des microbilles… le plastique fait intégralement partie de notre quotidien. Depuis les années 50, ce sont plus de huit milliards de tonnes de plastique qui ont été produites dans le monde. Seule une petite portion a fait l’objet d’un recyclage, 80 % se retrouvant dans l’atmosphère ou dans des décharges [4].
Arctique, abysses, îles inhabitées… Même les coins les plus reculés de la planète sont aujourd’hui pollués par des tonnes de déchets plastiques. Au lieu de pourrir, le plastique se désagrège en très fines particules. Leur forme miniature n’enlève en rien leur dangerosité : confondues avec du plancton, ces microparticules sont ingérées par les poissons et s’invitent aussi dans notre chaîne alimentaire, menaçant notre santé : en effet, de nombreux types de plastique contiennent des additifs toxiques.
L’UE doit mettre en place dès aujourd’hui des solutions efficaces contre la pollution par les plastiques, en concentrant son action sur trois tableaux [5] :
- Emballages : il s’agit de mettre fin à ce qui est une véritable folie des emballages, pour réduire la consommation globale de plastique ; et de mettre en œuvre des législations pour réduire l’utilisation des microplastiques et des produits en plastique à usage unique.
- Production : les produits plastiques ne doivent plus contenir d’additifs toxiques, mais être durables et recyclables.
- Recyclage : les efforts de collecte et de recyclage des plastiques doivent être considérablement renforcés, pour limiter leur dispersion dans la nature.
L’UE peut contribuer de manière significative à un monde sans pollution plastique, et nous devons nous assurer que ses efforts ne seront pas freinés par le lobby des plastiques. L’Accord de Paris sur le climat l’a montré : si l’Europe ne bouge pas, rien ne changera. Si l’Europe se montre capable de déployer une stratégie efficace sur le plastique, d’autres pays suivront son exemple.
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TAFTA, CETA, glyphosate : la Commission européenne a terni son image à plusieurs reprises récemment… Elle recherche actuellement des moyens de la redorer. Voilà une opportunité pour elle d’agir dans ce sens : le problème du plastique réunit tous les ingrédients pour devenir sa priorité en matière environnementale. C’est dans cette optique que nous lançons une nouvelle campagne avec des partenaires dans toute l’Europe, afin de réclamer une stratégie forte contre les plastiques. Signez la pétition et transmettez cet e-mail à vos amis et proches. Ensemble, lançons un appel massif pour mettre fin à la folie du plastique en Europe !
Notes :
[1] “Baleine échouée sur les côtes norvégiennes avec plus de 30 sacs plastiques dans son estomac”, The Telegraph, 3 février 2017 http://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/plus-de-30-sacs-plastiques-retrouves-dans-le-corps-d-une-baleine_1875928.html [2] “Le Bisphénol A (BPA) n’est pas si nocif, si vous ne lisez pas la plupart des études à son sujet”, www.newsweek.com, 03 avril 2015http://www.newsweek.com/2015/03/13/bpa-fine-if-you-ignore-most-studies-about-it-311203.html [3] “Roadmap, Strategy on Plastics in a Circular Economy”, European Commission, 26 janvier 2017
http://ec.europa.eu/smart-regulation/roadmaps/docs/plan_2016_39_plastic_strategy_en.pdf [4] “Presque la totalité du plastique produit depuis 1950 est encore présente dans nos déchetteries” Pacific Standard, 17 juillet 2017
https://psmag.com/environment/almost-all-of-the-plastic-produced-since-1950-is-still-in-landfills [5] “Open Letter: Rethink Plastic’s summer challenge for the commission”, Rethink Plastic Alliance, 10 juin 2017
http://ecostandard.org/wp-content/uploads/rethink-plastic-letter-to-first-vp-frans-timmermans-10-july.pdf
[6] WeMove.EU – Bougeons l’Europe (https://www.wemove.eu/fr) est un mouvement ouvert à toutes celles et ceux militant pour une meilleure Union européenne, attachée à la justice sociale et économique, à la gestion durable de l’environnement, et à l’implication des citoyens dans les processus démocratiques.