États-Unis : les évêques américains condamnent les violences à Charlottesville
Aux États-Unis, dans l’État de Virginie, la ville de Charlottesville a connu une journée de violences meurtrières le samedi 12 août. Un rassemblement de mouvements d’extrême-droite américains a dégénéré, faisant un mort et des dizaines de blessés samedi. Dans des déclarations publiées le dimanche 13 août, les évêques américains ont réagi et vivement condamné ces affrontements entre néonazis et antifascistes.
Le cardinal Daniel N. Di Nardo, de Galveston-Houston, président de la conférence des évêques catholiques américains, a fait part de ses prières pour les victimes et en particulier la jeune-femme de 32 ans tuée dans ces violences par une voiture qui a foncé sur la foule de manifestants. Il dénonce « les actes de haine qui ont lieu à Charlottesville ». « C’est une attaque contre l’unité de notre nation ». Le prélat lance un appel au calme et à « l’action pacifique pour mettre fin à ces violences raciales et construire la paix dans les communautés ».
L’évêque de Richmond, métropole à une centaine de kilomètres de Charlottesville dans le sud-est des États-Unis, a lui aussi réagi ce dimanche, rappelant les paroles de saint François « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon ». Mgr Francis X. Di Lorenzo a fait part de ses prières pour que les « hommes et femmes des deux camps puissent parler et trouver des solutions à leurs divergences respectives ».
La situation ne risque pas de s’arranger puisque, comme le montre l’article d’europe1.fr « États-Unis : le FBI ouvre une enquête après les violences à Charlottesville » [1], les États du Sud des États-Unis sont le théâtre d’un débat violent sur l’utilisation des symboles rappelant l’armée confédérée qui défendait le maintien de l’esclavage lors de la guerre civile américaine. L’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche a incité les militants de l’“alt-right”, la droite extrême qui l’a largement soutenu pendant la campagne électorale, à se faire entendre ouvertement. En juillet, une vingtaine de membres du Ku Klux Klan avaient été arrêtés à Charlottesville lors d’un rassemblement contre le retrait de la statue du général Lee qui était à la tête des armées de la Confédération (1861-1865), dont le régime était favorable à l’esclavage. Un paradoxe, car le général Lee lui-même était opposé à l’esclavage. Des nationalistes brandissant des torches avaient également protesté contre cette mesure au mois de mai.
L’attitude du président des États-Unis, Donald Trump ne va pas arranger les choses comme le montre l’article de BFMTV.com : « Charlottesville : Trump sous le feu des critiques après la mort d’une militante antiraciste » [2]. Ce drame a entrainé de nombreuses réactions. À commencer par celle du président américain. “Nous condamnons dans les termes les plus forts possible cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties”, a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe ses vacances. Ajoutant qu’il fallait mettre fin aux divisions, mais sans se prononcer sur la responsabilité d’un camp ou d’un autre et sans clairement condamner les mouvements suprémacistes blancs. Il met ainsi les deux parties au même plan.
Cette attitude a été immédiatement dénoncée par ses opposants et a provoqué un malaise chez les Républicains. Certains y voient une stratégie du président américain pour ne pas s’en prendre à des mouvements qui ont permis son élection. “Très important pour la nation d’entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu’ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs”, n’a pas hésité à déclaré le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio. Le sénateur du Colorado, Cory Gardner, parle le lui de “terrorisme domestique”. “Nous devrions appeler le diable par son nom, mon frère n’a pas donné sa vie pour que Hitler et le nazisme ne soient pas contestés sur notre territoire”, s’est emporté son collègue républicain de l’Utah, Orrin Hatch.
Barack Obama est lui sorti de sa réserve pour réagir aux événements de Charlottesville. “Personne ne nait en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion”, a rappelé l’ancien président, citant Nelson Mandela. L’ancienne adversaire de Donald Trump à la présidentielle l’a, elle, critiqué sans le nommer : “Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs.”
Notes :
[1] http://www.europe1.fr/international/etats-unis-le-fbi-ouvre-une-enquete-apres-les-violences-a-charlottesville-3410237 [2] http://www.bfmtv.com/international/charlottesville-trump-sous-le-feu-des-critiques-apres-la-mort-d-une-militante-anti-raciste-1235098.html