L’insécurité alimentaire dans le monde s’aggrave
815 millions de personnes souffrent de la faim
La FAO, le FIDA, l’OMS, le PAM et l’UNICEF ont publié le 15 septembre « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2017 ». Le rapport indique que 815 millions de personnes souffraient de la faim en 2016, soit une augmentation de 38 millions de personnes par rapport à 2015 et une quasi constance depuis 1990. Le CCFD-Terre Solidaire en appelle à la responsabilité politique des Etats et met en garde contre les fausses solutions.
Il y a un peu plus de 20 ans, lors du Sommet mondial de l’alimentation (Rome, 1996), la communauté internationale s’était donnée pour objectif de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde (sur la base des estimations de 1990 [1]). Or, les chiffres de la faim de 2016 et les nombreuses crises alimentaires et famines de ces dernières années, encore accentuées par les conflits, indiquent clairement que les Etats ont échoué à endiguer ce fléau.
Pour Maureen Jorand, responsable du plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire « ce chiffre en hausse vient confirmer que les problèmes de la faim et de l’insécurité alimentaire doivent faire l’objet d’une véritable réponse politique. Les Etats se sont trompés de recette en promouvant massivement ces dernières années des initiatives internationales reposant sur l’agrobusiness et contribuant à une dérégulation des marchés et secteurs agricoles des pays du Sud. Mais ce qui profite aux uns ne nourrit pas les autres ! Nous avons déjà trop attendu et, comme le souligne le rapport, les dérèglements climatiques vont accentuer l’urgence d’agir structurellement sur les causes de la faim. En France, le gouvernement vient de lancer les Etats généraux de l’alimentation mais il est à craindre que les échanges ne traitent pas des solutions pour faire face à cette situation. En effet, la question de l’insécurité alimentaire à l’international ne fait l’objet que d’une seule réunion. A l’inverse, la priorité est mise sur la conquête de parts de marché à l’international » pour l’industrie agroalimentaire française. Mais alors quelle ambition du nouveau gouvernement français pour répondre aux enjeux de la faim dans le monde ? »
Pour le CCFD-Terre Solidaire, il est impératif que les Etats s’attaquent aux causes structurelles de la faim dans le monde, au-delà des réponses ponctuelles dictées par l’urgence. Pour cela il est nécessaire d’éviter les écueils des années passées, à savoir :
les initiatives largement soutenues par les Etats du Nord et les banques de développement favorisant les grandes multinationales de l’agroalimentaire au détriment des petits producteurs (du type Nouvelle alliance du G8 pour la sécurité alimentaire en Afrique [2], l’appui aux pôles de croissance agricoles [3], etc…) ;
les fausses solutions comme les OGM qui participent notamment à la financiarisation de l’agriculture ;
ou encore la multiplication des accords de libre-échange mettant en péril les agriculteurs des pays du Sud.
Alors que l’agriculture paysanne nourrit aujourd’hui 70% de la population mondiale, le CCFD-Terre Solidaire rappelle que 60% des personnes qui souffrent de la faim dans le monde sont des paysans. Il est de la responsabilité des Etats, du Sud comme du Nord, de soutenir politiquement et financièrement ces acteurs et de leur donner les moyens d’effectuer une transition vers l’agro-écologie, seule vraie solution à même de lutter contre les causes de la faim et de s’adapter aux dérèglements climatiques.
Notes :
[1] Soit 833 millions de personnes [2] http://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/rapport_nasan_final.pdf [3] http://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/rapport_pcaa_exe_ok.pdfSource : ccfd-terresolidaire.org/infos/souverainete/l-insecurite-5926
Illustration : ©Roland Dargelez/CCFD-Terre Solidaire