Compte de Noël
Par Dédé
“ La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu’il ne leva même pas la tête à l’arrivée du petit prince.
– Bonjour, lui dit celui-ci. Votre cigarette est éteinte.
– Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour. Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit. Pas le temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf ! Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt–deux mille sept cent trente et un.
– Cinq cents millions de quoi ?
Le businessman comprit qu’il n’était point d’espoir de paix :
– Millions de ces petites choses que l’on voit quelquefois dans le ciel.
– Des mouches ?
Mais non, des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants. Mais je suis sérieux, moi ! Je n’ai pas le temps de rêvasser.
– Ah ! des étoiles ?
– C’est bien ça. Des étoiles.
– Et que fais-tu de cinq cents millions d’étoiles ?
– Cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un. Je suis sérieux, moi, je suis précis.
– Et que fais-tu de ces étoiles ?
– Ce que j’en fais ?
– Oui.
– Rien. Je les possède.
– Tu possèdes les étoiles ?
– Oui.
– Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ?
– Ça me sert à être riche…
– Et à quoi cela te sert-il d’être riche ?
– À acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve.
Celui-là, se dit en lui-même le petit prince, il raisonne un peu comme mon ivrogne”.
Ceux qui veulent connaître la suite savent où la trouver : Dans ce petit livre paru en 1943, en pleine guerre, appelé “le Petit Prince” et écrit par un personnage improbable, mi-poète mi-aviateur, impossible à ranger dans une case : Antoine de Saint Exupéry…
Il était fort, l’Antoine, et il avait une vue perçante : Du haut de son coucou, il avait vu arriver Macron et Trump et leur cortège d’ivrognes accros au pognon comme d’autres le sont à la bouteille…
Ces toxicos cassent tout là où ils parviennent à entrer, ils se comportent sur la Terre comme dans un squat : quand ils voient une belle forêt, ils la coupent à la tronçonneuse pour se faire du fric avec le bois, puis à la place ils plantent de mauvaises herbes trafiquées qu’ils vendent à l’autre bout de la Planète jusqu’à ce que la terre n’en puisse plus de subir leur goujaterie insouciante.
Si plus rien ne pousse à force de répandre du poison, ils s’en vont au hasard enfoncer la porte d’un hôpital, d’une école, d’une assurance, d’un journal ou de n’importe quoi qui ressemble à quelque chose d’utile, et ils cassent et démontent tout ce qui peut se vendre, puis ils abandonnent les lieux en y laissant leurs étrons, leurs tessons de bouteille et leurs graffitis sur ce qui reste de murs : “Il faut être Compétitif ! ” “Préservons la Planète !” “Guerre au Terrorisme “ ! “Mort aux Assistés !” “Travaillez plus pour qu’on gagne plus !”
Et ils engueulent et menacent ceux qui ont le culot de trouver qu’ils y vont un peu fort et ils font un potin d’enfer en même temps qu’ils disent à tout le monde de la fermer. “Aigris ! Jaloux ! Cyniques !” En plus, ils prêtent aux autres leurs propres qualités !
Et ils appellent ça “ faire des affaires ”… Si au moins ils se contentaient de rester sur leur Planète à compter leurs étoiles virtuelles pour les enfermer dans un tiroir comme au bon vieux temps du père Antoine, on pourrait hausser les épaules et sourire de leur innocente manie, mais non ! Il a fallu qu’ils débarquent sur notre Terre et qu’ils viennent saccager ce que tout le monde essaie de faire tenir debout pour la rendre un peu plus habitable…
Normalement là, comme c’est un Conte de Noël, devrait poindre une note d’espoir : Le businessman ivre et saccageur se fait ramasser par la patrouille et enfermer dans une cellule de dégrisement en attendant d’être condamné à réparer tous ses méfaits dans un travail d’intérêt général…
Sauf que dans la vraie vie, le businessman a acheté le commissariat et tous les policiers qui sont dedans… Il a acheté le journal pour qu’il ne raconte pas qu’il a acheté le commissariat… Bref il a tout acheté, il peut donc tout saccager, puisque tout est à lui…
C’est ça qui est bien, avec le pognon… On peut vivre son conte de Noël tout seul bien à l’abri, les aigris et les jaloux ne risquent pas de vous gâcher le plaisir, la Police et la Justice y veillent !
JOYEUX NOËL QUAND MÊME, BANDE DE JALOUX AIGRIS ET ASSISTÉS !