Une spiritualité pour vivre avec ou sans religion
Atelier de l’Assemblée générale des Réseaux du Parvis (novembre 2017), inspiré par José Arregi [1], animé par Jean-Marie Kohler et Didier Vanhoutte.
La spiritualité est inhérente à la vie des hommes depuis les premiers temps. Définir la spiritualité n’est pas simple ; n’est-ce pas une ouverture intérieure vers un Esprit qui agit dans tous les êtres. Une inspiration qui libère et relie à la vie, à l’autre : « la spiritualité c’est dans ma rue, attentif à mon voisin », « c’est approfondir l’intensité des relations, de la vie ». La spiritualité émerge et se vit dans les plus petites expériences de la vie.
Aujourd’hui, la religion dévoile largement son caractère désuet à bien des égards. Figée sur une idéologie doctrinale, sur un pouvoir ne laissant pas de place à l’expression, sur une sacralisation incompréhensible des rites, la religion ne tient plus son rôle de passerelle vers le divin. Loin des transformations sociales et scientifiques de l’humanité, elle s’est recluse dans une présence archaïque institutionnalisée dans laquelle les rites ont perdu de leur valeur et leur sens. D’où des réactions : « je me démarque du religieux », « la religion est une vaste supercherie fabriquée par l’homme » ou encore « la religion est totalitaire ».
Et pourtant, depuis des siècles la religion est le véhicule de la parole. Elle assure une transmission de valeurs : le respect de la vie, de l’autre, le service de l’autre ; des valeurs humanistes indispensables à la vie humaine. N’est-il pas salutaire pour la religion d’entendre la contestation, de se réinterroger pour se transformer ?
En son temps, Jésus fut un élément déterminant d’une transformation du religieux ; il s’est démarqué de la tradition judaïque qui privilégiait la Loi. Il a initié un nouveau courant inspiré par les grands prophètes d’Israël et a dépassé le religieux pour laisser place à la liberté et la responsabilisation des femmes et des hommes.
Ne s’agit-il pas aujourd’hui de passer d’une pratique religieuse à une spiritualité de la vie. La rencontre d’autres inspirations, religieuses ou philosophiques, permet de comprendre que la spiritualité transcende le religieux. Certaines coutumes animistes s’inspirent d’un profond respect de la vie, sur la dimension divine du don de la vie, car « Dieu, c’est la vie ».
La spiritualité, quelle qu’elle soit, doit être animée par la force de la bonté, résistante au pouvoir, capable de sensibilité face à la souffrance, face au beau. Elle peut réunir ceux et celles qui ont choisi ce chemin d’amour. Les spiritualités de chacun constituent une pluralité de chemins qui ont vocation à s’assembler. De ce point de vue, l’Évangile est un chemin qui éclaire par l’universel, qui mène vers l’universel.
Compte-rendu par Xavier Renard
Notes :
[1] : Une Spiritualité pour vivre avec ou sans religion