Par Régine et Guy Ringwald

Nous reprenons ici, avec l’aimable autorisation de Golias, un article que nous avons publié après l’annonce de la mission confiée à Mgr Charles Scicluna de recevoir les témoignages des victimes de Karadima, et d’enquêter sur l’implication de l’évêque Barros.

Les commentaires convergent pour constater que cette décision représente un virage à 180° de la part du Pape François, mais que la décision de nommer Barros à Osorno, puis de le maintenir, l’entêtement du pape François, et les paroles brutales et humiliantes qu’il a tenues à Iquique, ont créé de graves dommages à l’Église du Chili.

De plus, il a été révélé le 5 février par Associated Press [i] qu’une lettre en huit pages de Juan Carlos Cruz [ii] était bien parvenue au Pape en 2015. Cette lettre avait d’ailleurs été rendue publique à l’époque. Le New York Times publie une photo sur laquelle on voit Marie Collins [iii] remettre la lettre au Cardinal O’Malley, le 12 avril 2015, celui-ci assurant qu’il l’a remise en main propre. Un peu gênant pour François et ses brutales dénégations.

Les commentaires convergent pour déplorer la manière lamentable dont cette affaire a été menée. Quelques réactions qui émergent :

• Marie Collins: “cela m’a surprise, car j’avais une bonne dose de confiance dans le pape, et il semblait comprendre la souffrance des victimes. J’ai un sentiment de mystification” mais elle ajoute” ce ne serait pas si choquant s’il n’avait pas parlé si durement aux victimes”.
• Juan Carlos Cruz ne sous-estime pas l’importance pour le Vatican de la décision d’envoyer l’archevêque Scicluna, mais il ne peut pas être suffisant “de mettre un pansement sur notre affaire en envoyant un enquêteur. Nous n’avons jamais reçu d’excuses du Pape”
• Le Père Peter Kliegel (dont NSAE a publié récemment une lettre adressée aux évêques chiliens[iv]) a donné une interview à DW [v] où il déplore encore l’état dans lequel est plongée l’Église du Chili.

Le comportement du pape François dans cette affaire est unanimement regretté. Mais le plus grave est qu’il apparaît de plus en plus clairement que le Pape François est très gêné pour traiter ces problèmes de pédophilie dans l’Église, et que son entourage au Vatican (que nous avons déjà signalé) n’est pas de bon conseil. Et pour cause, ils ont tous vécu l’histoire.

Cardinal Angelo Sodano, acteur incontournable

On apprenait en fin de semaine que Mgr Scicluna fera le détour par les États-Unis pour rencontrer en face à face Juan Carlos Cruz.

Notes :

[i] repris par les grands journaux américains, notamment NY Times , USA To-day

[ii] Juan Carlos Cruz, un des accusateurs de Karadim. Il vit aux États-Unis.

[iii] Marie Collins a démissionné en mars 2017 de la Commission pour la protection des mineurs, présidée par le Cardinal O’Malley. Elle déplore d’ailleurs l’état de déliquescence actuel de la commission.

[iv] http://nsae.fr/2018/01/31/lettre-du-pere-peter-kliegel-osorno-a-la-conference-des-eveques-du-chili/

[v] chaine de télé “Deutsche Welle” au Chili

Lire l’article (Golias Hebdo n°514) : Après le voyage du pape – l’archevêque Sicluna en mission au Chili

Illustration : Centro Televisivo Vaticano [CC BY 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0)], via Wiki