G7 : l’indépendance passe par les énergies renouvelables !
Le G7 se réunit ces mercredi 4 et jeudi 5 juin à Bruxelles, pour discuter de la crise ukrainienne. Un vaste et délicat sujet d’équilibrisme diplomatique, qui inclura des discussions sur la « sécurité énergétique européenne ». Et donc des discussions sur la fameuse indépendance énergétique.
L’UE est au pied du mur énergétique
L’Union européenne est le plus important consommateur d’énergie au monde. Ses réserves étant réduites, elle doit compter sur des pays tiers pour lui fournir la majeure partie de l’énergie qu’elle consomme. La dépendance de l’UE à l’égard des importations d’énergie est passée de moins de 40 % de la consommation brute d’énergie dans les années 1980 à 45,1 % en 1999 puis à 53,9 % en 2009. Les taux de dépendance énergétique les plus élevés ont été enregistrés pour le pétrole brut (84,1 %) et le gaz naturel (64,2 %). En 2012, l’UE a dépensé 421 milliards d’euros pour acheter 53% de son énergie hors de ses frontières [1].
Aujourd’hui, la France importe 98% de son pétrole, principalement pour les transports. Le nucléaire est le résultat de l’importation de 100% d’uranium, combustible de base des centrales, depuis des pays comme le Niger ou le Kazakhstan.
Les dirigeants du G7 ne doivent pas céder au chantage russe
La crise sociétale que traverse l’Ukraine et la crise énergétique qui en découle doivent être un réveil pour l’Union européenne, pour changer de cap en matière de politique énergétique, en réduisant sa dépendance aux importations d’énergies sales, fossiles et fissiles, une fois pour toutes.
L’Europe est tout à fait en mesure de se libérer de son addiction aux énergies sales, et être gagnante sur le front de l’économie, du social et pour faire face aux bouleversements climatiques. L’ Europe est tout à fait en mesure de ne pas céder au chantage au gaz de Gazprom, levier de Moscou dans cette crise ukrainienne.
Mais cela sera possible si, et seulement si, les leaders politiques européens font preuve de vision, de volontarisme et de courage !
Au cours des dernières semaines , les dirigeants européens se sont une nouvelle fois agités pour mettre en place des mesures d’urgence. Parmi les pistes envisagées, il a été évoqué de remplacer les importations de gaz russe par des hydrocarbures de schiste, du charbon voire de l’énergie nucléaire. Le recours à des combustibles fossiles venus d’ailleurs, comme d’Afrique du Nord ou du Moyen Orient a été discuté.
Mais ces options seraient une nouvelle erreur : au lieu de changer de fournisseur, l’Europe doit changer de direction !
Faire le pari de l’indépendance énergétique d’un continent sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schiste, sur des projets d’importations ou sur la prolongation de vie des réacteurs nucléaires n’est pas viable [2]. A-t-on déjà mis en balance les gains financiers de l’indépendance face aux coûts des changements climatiques? L’échec des actions contre les changements climatiques coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1 200 milliards de dollars par an et ces coûts devraient doubler dans les vingt prochaines, selon un rapport publié en septembre 2012 aux États-Unis, par le DARA and Climate Vulnerable Forum [3].
Faire le choix de l’efficacité énergétique, de la sobriété et des énergies renouvelables serait, pour l’Europe, faire le choix de gagner sur le plan économique, sur le plan climatique et sur le plan humain.
Le potentiel des énergies renouvelables est énorme
Non seulement elles pourraient répondre à presque la moitié de notre demande d’énergie en 2030, mais avec les bonnes politiques en place, elles pourraient également remplacer l’équivalent du total des importations de gaz actuelles de l’Union Européenne en provenance de Russie. Elles seraient également un symbole : le choix d’une politique énergétique pacifique pour l’Europe, coupant court à toute dépendance aux fossiles et aux fissiles, enjeux de guerres et de conflits depuis des siècles.
L’actualité nous prouve que c’est possible [4] : le 28 mai dernier, on apprenait que les énergies renouvelables ont représenté 28 % de la production d’électricité en Europe, devant le charbon et le nucléaire !
Dansune étude d’opinion réalisée par TNS-Emnid entre le 22 et le 27 mai dans les pays du G7, on apprend que près de 3/4 des citoyens sont inquiets de la dépendance de leur pays aux importations d’énergie et pensent que les gouvernements devraient travailler en priorité à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables pour réduire cette dépendance.
Souhaitons que les dirigeants du G7 ouvrent les yeux et les oreilles et fassent preuve du même bon sens que les citoyens européens !
Notes :
[1] http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/energy-economic-developments-in-europe_en.htm [2] http://out-of-age.eu/?lang=fr [3] http://daraint.org/climate-vulnerability-monitor/climate-vulnerability-monitor-2012/ [4] http://www.usinenouvelle.com/article/les-energies-renouvelables-en-tete-du-mix-electrique-europeen.N265359Source : publié par Greenpeace France le 4 juin 2014 à :
Sur le même sujet :
• « Sortir de la crise par la transition énergétique, c’est possible »
http://nsae.fr/2014/01/07/sortir-de-la-crise-par-la-transition-energetique-cest-possible/
• « Et si on construisait des parcs éoliens coopératifs ? » à :
http://nsae.fr/2011/05/25/et-si-on-construisait-des-parcs-eoliens-cooperatifs/
• « Quand l’éolien devient citoyen » à :
http://nsae.fr/2014/04/04/quand-leolien-devient-citoyen/
• Le samedi 14 Juin, rendez-vous au pied des éoliennes de Béganne pour fêter l’inauguration du 1er parc éolien citoyen ! cf http://www.eolien-citoyen.fr/