Les Pokémons, le burkini et le climat
Par Guillaume Duval, Rédacteur en chef d’Alternatives Économiques
Ainsi donc nous avons passé l’été à discuter surtout de Pokémons et de burkinis. Le succès fulgurant de la nouvelle version du jeu qui avait fait la gloire de Nintendo il y a vingt ans dit certes des choses intéressantes sur nos sociétés ainsi que sur les potentialités des technologies de réalité augmentée.
Et la question de savoir comment préserver le vivre ensemble, sur les plages et ailleurs, au moment où l’État islamique multiplie les attentats en France et en Europe est évidemment très sérieuse. Tout ce qui pourrait être perçu, d’une façon ou d’une autre, comme une stigmatisation des musulmans ne saurait cependant être la bonne réponse puisque c’est exactement celle qu’espèrent les terroristes.
Le mur climatique se rapproche
Reste que se sont aussi passés cet été d’autres événements qui auraient mérité nettement plus de place dans le débat public. En particulier les dérèglements climatiques qui ont noyé la Louisiane et une grande partie de la Chine sous des mètres d’eau, pendant que le feu dévastait une Californie desséchée. Tandis qu’en France même, après les inondations du printemps, on apprenait au cœur de l’été que la production de blé avait chuté de 30 %…
Le 2 août dernier la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine confirmait par ailleurs que l’année 2015 avait été celle de tous les records en matière de climat, que ce soit en termes de température, de recul des glaces ou de montée des eaux. Et quelques jours plus tard, le Goddard institute for space studies de la Nasa indiquait que le mois de juillet 2016 avait été le plus chaud jamais enregistré depuis 1880 : la température a été plus élevée en moyenne sur terre de 1,17 °C qu’en juillet 1916, un siècle auparavant. On a donc déjà quasiment atteint la limite de 1,5 ° C de plus que la communauté internationale a fixé en décembre dernier à Paris…
Le changement climatique est évidemment un sujet compliqué. Et les négociations internationales byzantines qui l’entourent dépassent bien souvent l’entendement du commun des mortels. Il n’empêche : ce sera à coup sûr LA grande question du XXIe siècle, celle qui déterminera la survie (ou non) de l’espèce humaine.
Mais ce défi colossal pourrait aussi paradoxalement nous aider à surmonter la perte de sens et l’absence de projet collectif fédérateur qui menacent de faire imploser nos sociétés. Comment réussir à bien vivre, et à préserver en particulier nos acquis sociaux, tout en se passant des énergies fossiles ? C’est notamment le sujet principal autour duquel on pourrait, et on devrait, chercher à relancer en priorité le projet européen…
Bref la lutte contre le changement climatique mériterait plus que jamais de faire la une des journaux télévisés et d’occuper les talk show…
Source : http://www.alterecoplus.fr/guillaume-duval/les-pokemons-le-burkini-et-le-climat/00011734