L’Évangile est un trésor caché
Par François Vercelletto
Dans un livre magistral, Jean Lavoué nous invite généreusement à partager le sel de la parole évangélique.
N’y aurait-il qu’une alternative ?
Se résigner, avec tristesse, à limiter son horizon aux chimères du matérialisme.
Ou se réfugier, habité d’une fausse joie, dans le cocon identitaire d’une religion tournée vers le passé ?
Jean Lavoué nous propose – et de quelle manière – une troisième voie éclairée par la lumière de l’Évangile.
L’Évangile est un trésor unique qui enrichit d’autant plus qu’il est partagé.
Malheureusement, et Jean Lavoué rejoint ma profonde conviction, ce trésor est largement dissimulé par l’Église qui a pourtant pour mission de le faire connaître.
C’est là le reproche le plus terrible que l’on puisse faire à l’institution. « Ce qui fut support, ce qui fut protection est devenu obstacle. La rigidité des concepts et des dogmes ne permet plus d’entendre la brise légère de la parole de Jésus qui retournait les foules », estime l’auteur.
D’où ce souhait : « Qu’elle cesse ainsi de vouloir garder pour elle seule le trésor d’une bonne nouvelle destinée à tout homme. »
Ce souhait est aussi le mien, et c’est en cela que ma critique de l’institution se veut constructive. L’Évangile en liberté de Jean Lavoué est venu mettre des mots justes sur mon propre cheminement.
Ce n’est pas tant la critique d’une institution qui s’épuise à consacrer « l’essentiel de son énergie à défendre sa propre survivance » qui importe. Mais, selon Jean Lavoué, de sortir de la religion pour « entrer dans la danse illimitée de l’amour et du vivant ».
Pour moi, ce n’est pas incompatible avec un engagement dans l’Église. Ou en dehors de l’Église. Comme le souligne l’auteur, « l’institution cherche à consolider ses bases, tandis que les croyants, ayant goûté à la liberté, poursuivent leur voie dans l’exploration de nouveaux horizons ».
« Voilà la vocation du chrétien : devenir lui-même ce qu’il est tout en laissant Dieu naître en lui », écrit encore Jean Lavoué.
Mais pour que Dieu naisse en nous, il faut lui dégager la voie. Or, souligne Jean Lavoué, cette voie a « été longtemps obstruée, interdite, par la voix des clercs. Désormais, et Jésus l’annonce déjà, ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, mais en tout homme ouvert au Souffle qui le traverse que se donne à entendre la parole de Dieu (Jean, 4, 21). »
Le feu de l’Évangile est d’une telle intensité qu’aucune institution humaine n’est en mesure de le contenir. L’Esprit souffle où il veut.
Jean Lavoué est le digne héritier de « ces enseignants d’une spiritualité exigeante et compatible avec la raison : Marcel Légaut, Michel de Certeau, Christian Duquoc, Louis Evely, Jean Sullivan, Bernard Feillet, Bernard Besret, Maurice Bellet, Gérard Bessière, Gabriel Ringlet, Daniel Duigou, Blaise Ollivier, Jean-Pierre Bagot, Jean Lemonnier… »
Je n’ai lu que quelques livres de certains de ces auteurs. J’ai eu la chance d’en rencontrer quelques-uns. Et, je l’avoue, je me suis senti en harmonie avec eux, cheminant en bonne compagnie.
Jean Lavoué avec la poésie de son Évangile en liberté rejoint ces brillants marcheurs.
« L’éclat d’un sourire caresse parfois la surface des jours, un affleurement vous parvenant de bien plus loin que vous-mêmes. Lumière même de l’instant-éternité. Plus d’avant ni d’après. Un immense acquiescement de l’âme au don renouvelé. Comment se fait-il que des visages disparus balisent fréquemment le chemin qui s’ouvre ? Vous vous enfoncez en terres d’amitié durables ! C’est en haute tendresse qu’il faut à présent se laisser refonder ! »
Belle invitation.
Pour compléter ce post : cliquer ici
Lire aussi ci-dessous l’interview de Jean Lavoué
pour : lechoixdeslibraires.com et bonnelecture.fr
1) Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Jean Lavoué. J’ai 58 ans. Je suis marié. J’ai quatre enfants. Deux petits-enfants. Je suis directeur d’une association d’action sociale en Bretagne. Je suis également écrivain.
Je me passionne en particulier pour la question du devenir du christianisme dans un contexte libéré des représentations et des concepts qui le tenaient prisonniers. A cet égard la découverte des sagesses d’Asie – je pratique le Qi Gong – mais aussi celle d’autres approches comme la psychanalyse venant relativiser la suprématie du mental et de la raison, constituent à mes yeux une étape déterminante pour l’Occident dans sa préparation à recevoir autrement le « poème » de l’Évangile.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
L’exode des chrétiens d’Occident par rapport aux formes traditionnelles du « croire » n’est pas une catastrophe, une calamité, contrairement à ce que certains pensent. C’est la chance du christianisme ! C’est par là qu’il se renouvelle. L’exode a partie liée avec la condition chrétienne, avec la croix. C’est aussi le passage nécessaire pour une résurrection.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
« L’exode n’aura pas de cesse ! »
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Une fugue de Bach !
5) Qu’aimeriez-vous partager avec les lecteurs en priorité ?
Le goût pour le Poème qui habite notre culture, qui en est la source. Retrouver l’eau vive : l’Évangile comme liberté et non comme culpabilité ou morale.
6) Pouvez-vous nous dire en une phrase quelle place tiennent les livres dans votre vie ?
… de la cave au grenier !… le matin, le soir… le jour, la nuit… l’automne, l’hiver, le printemps, l’été… Autrement dit : essentielle !
Enfin pouvez-vous rédiger une courte dédicace ? .
Dans ces méditations glanées au fil d’une année d’écriture – 2012 – profitant des aubes calmes du week-end et de quelques matins d’été, j’ai voulu retrouver la veine pour moi joyeuse de l’Évangile. La Bonne Nouvelle du Poème ! Celle qui court toujours à travers le monde même si certains pensent qu’on ne la sent plus, qu’on ne la voit plus. Que la vie s’en est allée… Ou bien qu’elle s’est pétrifiée dans les pensées et les rituels d’un autre âge. Or elle n’a jamais été aussi vive. Mais il faut la retrouver là où elle est : partout où bat le cœur des hommes. Leur soif de présence et d’intériorité. Leur goût du silence. Leurs combats. Dans leurs recherches, leurs désespoirs, leurs drames, leurs espérances… Là où les religions, le christianisme en particulier, devaient sans doute, tôt ou tard, accepter de lâcher leur main pour leur permettre de retrouver par eux-mêmes et en eux-mêmes la vocation à laquelle ils étaient appelés : devenir, les uns pour les autres, parole, verbe de vie, compassion, tendresse, Christ… Pour les femmes et les hommes de ce temps, cet exode hors des terres de chrétienté auxquelles les générations précédentes étaient habituées crée les conditions pour qu’ils réentendent à neuf la source de l’Évangile, le Poème… Dans l’ouverture à toutes les autres quêtes spirituelles ! J’écris avec et pour ceux qui sont sortis et dont je suis, même s’ils s’expriment encore du cœur d’une tradition!
J’ai aussi écrit ce livre en hommage à Jean Sulivan dont nous célébrons cette année le centenaire de la naissance : il est l’un de ces petits prophètes pour temps d’incertitude dont la voix porte encore aujourd’hui. Son dernier livre, posthume, s’intitulait « l’exode »…
Source : http://religions.blogs.ouest-france.fr/archive/2013/05/10/l-evangile-est-un-tresor-cache.html
Merci pour avoir fait la promotion de ce livre de Jean Lavoué “L’évangile en liberté” de 2013…il me donne envie de le rencontrer pour partager en équipe et plus que ça ! Serait-ce faisable….?