LE MEILLEUR DE L’ÉGLISE
Par José Antonio Pagola
Le contraste entre les deux scènes ne peut être plus fort. Dans la première, Jésus met les gens en garde face aux dirigeants religieux : « Prenez garde face aux maîtres de la Loi ! », leur comportement peut faire beaucoup de mal. Dans la deuxième, il appelle ses disciples à prendre note du geste d’une pauvre veuve : ce sont les gens simples qui pourront leur apprendre à vivre l’Évangile.
Nous sommes surpris par le langage dur et précis utilisé par Jésus pour démasquer la fausse religiosité des scribes. Il ne peut supporter leur vanité ni leur envie d’ostentation. Ils cherchent à s’habiller d’une manière spéciale et à être salués avec révérence pour se démarquer des autres, pour s’imposer et dominer.
Ils se servent de la religion pour alimenter leur fatuité. Ils font de « longues prières » pour impressionner. Ils ne créent pas la communauté, car ils se placent au-dessus de tous. Au fond, ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils exploitent les personnes faibles qu’ils devraient servir.
Marc ne recueille pas les paroles de Jésus pour condamner les scribes qui se trouvaient dans le Temple de Jérusalem avant sa destruction, mais pour mettre en garde les communautés chrétiennes pour lesquelles il écrit son évangile. Les dirigeants religieux doivent être les serviteurs de la communauté et rien d’autre. S’ils l’oublient, ils deviennent un danger pour tous. Il faut réagir pour qu’ils cessent de nuire.
Dans la deuxième scène, Jésus est assis face au tronc des offrandes. Beaucoup de riches y mettent des sommes importantes : ce sont eux qui soutiennent le Temple. Soudain, une femme s’approche. Jésus observe qu’elle y met deux piécettes en cuivre. C’est une pauvre veuve, maltraitée par la vie, seule et sans ressources. Probablement elle passe sa vie à mendier près du Temple.
Ému, Jésus appelle rapidement ses disciples. Il ne faut pas qu’ils oublient le geste de cette femme, car malgré son indigence, « elle a mis tout ce dont elle avait besoin, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Pendant que les maîtres profitent de la religion, cette femme se détache du peu qu’elle a pour aider les autres, en mettant toute sa confiance en Dieu.
Son geste nous révèle le cœur de la véritable religion : une grande confiance en Dieu, une gratuité surprenante, la générosité et l’amour solidaire, la simplicité et la vérité. Nous ignorons le nom et le visage de cette femme. Nous savons seulement que Jésus a vu en elle un modèle pour les futurs dirigeants de son Église.
Aujourd’hui aussi, ce que nous avons de meilleur dans l’Église, ce sont toutes ces femmes et ces hommes, à la foi simple et au cœur généreux. Ils n’écrivent pas de livres et ne prononcent pas de sermons, mais ce sont eux qui maintiennent vivant parmi nous l’Évangile de Jésus. Nous, prêtres et évêques, c’est d’eux que nous devons apprendre.
Source : http://www.feadulta.com/es/buscadoravanzado/item/10199-le-meilleur-de-l-eglise.html
Traducteur : Carlos Orduna