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Sommet de Rome – Sortie ratée

Accueil Faire église autrement Sommet de Rome – Sortie ratée
Faire église autrementTextes critiques
Lucienne Gouguenheim11 mars 20190 Commentaire

Par Régine et Guy Ringwald

Avant le « sommet » de Rome, on pouvait se demander ce qu’il fallait en attendre. Après le sommet, on s’interroge encore sur la suite, c’est-à-dire sur la portée réelle qu’auront eue ces trois jours et demi de réunion d’une assemblée, sans précédent par sa composition et ses conditions de travail.

Dans les conclusions que le Pape tire de cette rencontre, l’expression de « tolérance zéro » a été gommée : malheureusement, elle est symbolique d’une volonté. Il n’est plus question non plus de nommer les causes du phénomène, pourtant exprimées, avec force, par François lui-même, en d’autres temps (question de pouvoir, cléricalisme). Satan a pris la place. Le traitement envisagé reste principalement la répression au cas par cas, comme si on n’était pas encore sorti de l’approche selon laquelle il s’agirait de coupables isolés qu’il faut punir, alors qu’on sait que le problème a des composantes structurelles. Pas question non plus de réparation.

Pourtant, les jours précédents avaient connu des avancées intéressantes quant à l’écoute, et à une certaine prise de conscience. Des victimes, venant de cinq continents, ont délivré aux évêques des témoignages poignants qui ont porté.

Une fois encore, François nous étonne, mais pas dans le sens qu’on aimerait. Ses réminiscences théologiques datent un peu. Ses références aux errements qu’on peut constater ailleurs sont hors sujet. Quant au rôle des femmes, puisque le sujet s’est invité inopinément dans le débat, les changements ne sont pas vraiment à l’ordre du jour.


Le discours de clôture

Après avoir présenté le « sommet » de Rome comme un événement majeur, considéré parfois comme crucial pour le pontificat de François, le Pape avait dit, et fait dire, qu’il ne fallait pas trop en attendre. Avait-il en tête la teneur de ce qu’il allait dire dans son discours de clôture ?

Ce qui surprend d’abord dans le discours du pape, c’est le long développement introductif qui occupe une moitié de son intervention, pour nous expliquer que de la pédophilie, il y en a partout. Passons sur une comparaison avec les sacrifices humains, qui paraît incongrue. « La première vérité qui émerge des données disponibles est que ceux qui commettent des abus… sont surtout les parents, les proches, les maris d’épouses mineures, les entraîneurs et les éducateurs ». On ne s’attendait pas vraiment à trouver dans les propos du Pape François, ce vieux poncif. Entendu maintes fois, il est souvent mis en avant pour banaliser la question, et feindre d’oublier que la pédophilie dans l’Église revêt un caractère particulier du fait de la position moralisatrice de l’institution, de la protection des prédateurs, de la sacralisation du prêtre. Tous sujets qui ne sont pas cités. La responsabilité particulière de l’Église est tout de même pointée : « Nous sommes confrontés à un problème universel. Mais nous devons être clairs : l’universalité d’un tel fléau, tout en confirmant sa gravité dans la société, ne diminue pas sa monstruosité au sein de l’Église ». Une référence aux données statistiques de l’OMS, de l’UNICEF et de divers organismes locaux, reprises en grand détail dans les notes, renforce cette impression de vouloir noyer le poisson, et de nous dire : « regardez ailleurs ».

Ajoutons une référence appuyée au rôle de Satan : on voit que la modernité a ses limites. Mais il ne s’agit pas d’un écart de langage : la veille de l’ouverture du sommet, le Pape, stigmatisant ceux qui accusent, avait dit qu’ils étaient « les amis, les cousins, la famille du diable ».

Après ce long développement, le pape expose, en huit points, les directions dans lesquelles il engage les actions à prendre pour la protection des mineurs. Il se base sur les préconisations des « Best practices » formulées sous l’égide de l’OMS, et sur les travaux de la Curie et de la Commission Pontificale. À côté de déclarations de principe : une véritable purification (l’Église s’interrogera…), accompagner, écouter les victimes, des points plus concrets : livrer à la Justice quiconque aura commis ces délits, renforcer les directives données aux conférences épiscopales, la sélection et la formation des candidats au sacerdoce. Une demande s’adresse à la société (limiter les sites web qui portent atteinte à la dignité humaine). Les communautés ecclésiales renforceront l’accompagnement pastoral des personnes victimes du tourisme sexuel.

Il y a là des principes qui évidemment vont dans le bon sens, mais qu’il restera à mettre en œuvre. Quelques propos fermes constituent une allusion – mais implicite – à la tolérance zéro: « Je voudrais réitérer clairement que si l’Église découvrait ne serait-ce qu’un seul cas d’abus, ce qui représente en soi une monstruosité, un tel cas serait affronté avec le plus grand sérieux », et la prise en charge des victimes: « l’objectif de l’Église sera d’écouter, de protéger, et de guérir les mineurs abusés, exploités et oubliés ».

On a pourtant bien de la peine à trouver à ce discours les accents de la nouveauté, cela ressemble plutôt au catalogue de ce qui aurait déjà dû être fait. Dans la mesure d’ailleurs où cela concerne le problème, car il est louable de venir au secours des victimes du tourisme sexuel, mais d’abord, réglons les problèmes dont l’Église est responsable.

En une circonstance exceptionnelle comme celle de ce sommet, on attendrait du discours de l’autorité suprême qu’elle prenne la hauteur nécessaire et lance un message fort, de nature à faire comprendre qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Ce n’est vraiment pas ce que portait ce discours, et c’est ce qui déçoit le plus.

Réaction des victimes

L’attente était grande, la déception le fut aussi. Dès dimanche après-midi (24 février), les représentants des victimes ont protesté, parfois avec dureté.


Pour Francesco Zenardi (Réseau des victimes, en Italie), « la campagne tolérance zéro, annoncée par le Vatican, est devenue zéro crédibilité ».


Miguel Hurtado, psychiatre espagnol, victime d’abus commis par un moine de Montserrat, n’apprécie pas l’importance donnée à la pédophilie hors de l’Église : « le Pape a giflé les victimes venues à Rome demander des explications ».


Peter Saunders
, lui-même ancienne victime, et qui fut exclu de la Commission Pontificale [1], et maintenant membre fondateur d’ECA [2], juge le discours très décevant : « Le discours parle du Diable, du mal. Il n’y a rien sur la tolérance zéro, l’exclusion définitive de violeurs d’enfants et des agresseurs sexuels employés par l’Église ! Le Pape fait habilement diversion en regardant ailleurs ».


Pour Anne Barrett Doyle (Bishop Accountability [3]) : « le discours du pape François aujourd’hui a été une déception stupéfiante, une mauvaise interprétation catastrophique du chagrin et de l’indignation des fidèles… le pape fait des promesses tièdes, que nous avons déjà entendues. »

On comprend mieux ces réactions quand on sait que ces représentants de divers groupes réclament essentiellement : l’exclusion de l’état clérical des prédateurs, leur dénonciation systématique à la justice civile, des sanctions contre les évêques qui dissimulent des crimes, et précisément un dispositif de l’ordre d’un tribunal pour les juger. Or la sanction des évêques ne relève, en principe, que du Pape. C’est d’ailleurs sur ce sujet que Marie Collins avait rompu avec la Commission Pontificale.

Avant et pendant l’assemblée, les victimes présentes à Rome avaient fortement fait parler d’elles, au point que le Pape François avait reconnu « la pression des victimes » : une rencontre avec Mgr Scicluna [4] et le Cardinal Cupich, une manifestation sous les fenêtres du Vatican, diverses prises de parole très fermes.

Cinq témoignages

Cinq victimes se sont adressées à l’assemblée, au début des travaux. Pas directement, mais par vidéo: apparemment à Rome comme à Lourdes, les évêques ne sont pas encore tous prêts à la confrontation.

Le premier à parler est chilien : il exprime la douleur qu’il ressentait quand il était traité comme un menteur, un ennemi de l’Église. « Vous êtes des médecins de l’âme et pourtant, à de rares exceptions près, vous avez été transformés – dans certains cas – en meurtriers de l’âme, en meurtriers de la foi ».

Une femme africaine, abusée par un prêtre à l’âge de 15 ans, trois fois enceinte, a dû subir trois avortements. « Au début, je lui faisais tellement confiance que je ne savais pas qu’il pourrait me maltraiter. J’avais peur de lui et chaque fois que je refusais de coucher avec lui, il me battait ».

Un prêtre, originaire d’Europe de l’Est, dit porter encore les blessures de l’abus dont il a été victime à l’adolescence, et aussi du rejet qu’il a subi quand il en a parlé à son évêque. « Que voudrais-je dire aux évêques ? qu’ils écoutent ces gens, qu’ils apprennent à écouter les gens qui parlent. Je voulais que quelqu’un m’écoute ».

Une personne des États-Unis explique que « ce qui (me) blessait le plus était la perte totale de l’innocence de ma jeunesse et la façon dont cela m’affecte aujourd’hui ».

Un Asiatique, maltraité « plus de cent fois », dit continuer à subir des traumatismes et des réminiscences qui rendent difficiles ses contacts avec les autres. « Je demande aux évêques qu’ils soient clairs à ce sujet, car il s’agit de l’une des bombes à retardement qui se produisent dans les Églises d’Asie.


Venant de tous les continents, ces témoignages ont aidé à la prise de conscience d’un problème « planétaire”. Mgr Mark Coleridge, archevêque de Brisbane [5], qui avait déjà entendu des victimes, dit avoir été surpris de se voir pleurer.


La parole des femmes

Bien peu nombreuses parmi cet aréopage de prélats, seulement douze, les femmes ont fait entendre des voix qui ont marqué l’assemblée. Sur des registres différents. La première à prendre la parole fut Linda Ghisoni, sous-secrétaire du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Pour elle, l’écoute n’est pas « un exercice de commisération ». Il s’agit « d’une rencontre avec la chair du Christ à laquelle sont infligées des blessures qui ne cicatrisent pas ». Puis elle insiste sur la nécessité que le problème soit traité partout avec la même approche : « l’unique Église du Christ s’exprime partout, garantissant à tous outils, procédures, critères qui protègent les mineurs ». Elle propose qu’un mécanisme de contrôle soit mis en place. Intervenant spontanément, le Pape loue la parole des femmes : « inviter une femme à parler sur les blessures de l’Église, c’est inviter l’Église à parler sur elle-même ». Mais immédiatement, il précise qu’il ne s’agit pas de donner plus de fonctions à la femme dans l’Église : « on ne résout pas le problème comme cela. Il s’agit d’intégrer la femme comme figure de l’Église dans notre pensée ». Car « tout féminisme finit par être un machisme avec une jupe ». Ce qui peut se traduire : on est heureux de leur offrir des fleurs, mais qu’elles continuent à balayer la sacristie. Et là encore, ce n’est pas un dérapage : dans le livre d’entretiens avec Dominique Wolton [6], le Pape disait déjà : « il y a une vraie dynamique des femmes et de leur capacité… à ne pas confondre avec la revendication des femmes, comme si c’était le machisme en jupe ». Et une autre fois dans un entretien à la Civittà Cattolica: « je crains la solution du machisme en jupe ».

Avec Veronica Openibo, religieuse nigériane, supérieure de congrégation, on change de ton : elle fait état de plusieurs cas d’abus dont elle a eu connaissance, puis elle s’attaque au problème du déni qui a encore cours parmi les évêques africains : « Le fait qu’il y ait d’importants problèmes de pauvreté, de maladie, de guerre et de violence dans certains pays du sud ne signifie pas que la question des abus sexuels doit être minimisée ou ignorée ». Ce problème a été par ailleurs évoqué de plusieurs façons, car il est lié aussi à la culture : ces problèmes sont traités en communauté, entre soi, avec le risque que ces choses soient plus ou moins admises. Elle signale aussi le processus de sacralisation du prêtre : « cela me préoccupe quand je vois à Rome, ou ailleurs, les tout jeunes séminaristes être traités comme s’ils étaient différents de n’importe qui d’autre, ce qui les encourage, dès le début de la formation, à avoir une conception grandiose de leur statut ».


Valentina Alazraki,
journaliste mexicaine, qui couvre l’actualité du Vatican, et les voyages des papes, depuis 45 ans, parle d’abord en tant que mère pour qui l’abus sur mineurs est « la pire des perversions”, puis elle condamne ce qu’elle a souvent entendu : une accusation contre les médias, manipulés par des pouvoirs occultes, de vouloir discréditer l’Église. Elle lance aux évêques un avertissement : « Nous pouvons être alliés, pas ennemis. Mais si vous ne vous décidez pas de manière radicale à être du côté des enfants, des mères, des familles, de la société civile, vous avez raison d’avoir peur de nous, car nous les journalistes, qui voulons le bien commun, serons vos pires ennemis ».


Paroles d’évêques


Les propos tenus par plusieurs évêques marquent de nettes avancées dans les mentalités.

Le cardinal Gracias (Bombay) a donné la première conférence en séance plénière. Il a traité de la synodalité et de la collégialité, insistant sur la nécessité d’une bonne communication et de l’usage de la correction fraternelle. Il touche aussi le problème de la guérison : « Une Église collégiale est synonyme de guérison… qui doit atteindre les victimes d’abus, mais aussi d’autres personnes affectées, y compris les communautés dont la confiance a été trahie ».

Pour le cardinal Luis Antonio Tagle (Manille), les victimes sont le premier souci des pasteurs. Ému aux larmes, il rappelle que « les blessures du Christ portent la mémoire de la souffrance des innocents, mais elles portent aussi la mémoire de notre faiblesse et de notre péché… nous devons nous rapprocher de la blessure des victimes sans crainte d’être blessés nous-mêmes ».

Mgr Scicluna a tenu plusieurs conférences de presse: il a loué la « sagesse des femmes », insisté sur la nécessité pour les évêques de se soutenir les uns les autres, dans une « responsabilité partagée ». Lors d’une conférence conjointe avec le cardinal Cupich, au lendemain du discours de clôture du pape, il insiste sur le rôle des femmes, donnant l’impression de vouloir rattraper un peu les propos de François. Ensemble, ils reviennent sur la nécessité d’impliquer les laïcs.

Une autre notion passée sous silence dans le discours du pape : la transparence. Pourtant, le Cardinal Marx, Archevêque de Munich (et connu pour être proche de François), avait consacré une conférence de presse à cette question, dès le samedi 23. « Il n’y a pas d’alternative à la traçabilité et à la transparence… ». Il a dénoncé la destruction de documents qui concernaient ces actes terribles. Il préconise des mesures immédiates :
• définir l’objectif et les limites du secret pontifical
• rendre publiques des statistiques sur le nombre et les détails des cas d’abus.
• publier les procédures judiciaires, car ces procédures servent à établir la vérité.


Derrière ces propos, il y a une condamnation de ce qu’on appelle « le secret pontifical » qui empêche le public, enfin le peuple de Dieu, d’être informé, mais surtout qui interdit de fait aux victimes de savoir ce que deviennent leurs plaintes.


Dans le même esprit, Mgr Scicluna a souhaité que, lorsqu’un évêque est destitué, les raisons d’une telle décision soient données : au Chili, par exemple, on ignore, malgré la demande des laïcs, sur quel critère l’évêque Barros a vu sa démission « acceptée »

Et maintenant ?

Pour s’en tenir à ce qui a été annoncé par le Père Frederico Lombardi [7], le 24 février, trois mesures sont attendues :
• le pape François publiera bientôt, sous forme d’un motu proprio, un nouvel ensemble de lois et de directives pour encadrer la lutte contre d’éventuels cas d’abus sexuels au sein de la curie et de la cité du Vatican, actuellement dans un vide juridique.
• dans quelques semaines, un mois ou deux, un vade-mecum destiné aux évêques sera préparé par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce manuel énumérera un ensemble de lignes directrices et « aidera les évêques du monde entier à comprendre clairement leurs devoirs et leurs tâches” dans le traitement des cas de maltraitance ».
• des commissions d’experts vont être mise à disposition des diocèses qui en auront besoin.


Le P. Lombardi a toutefois déclaré que « les travaux visant à garantir la mise en place de règles et d’actions concrètes ne font que commencer ».

Ces annonces signalent une réalité, constatée sur le terrain : tout le monde n’est pas au même niveau de conscience devant le problème, et n’a pas la même approche ni la même compétence pour le traiter. Cela tient notamment à des pratiques locales qui ne criminalisent pas ces actes, du fait que l’enfant n’a pas le statut protégé qu’il a acquis dans nos pays, et depuis 1989, par la Convention de l’ONU. Cela nous rappelle d’ailleurs que le regard que nous portons sur la question a beaucoup évolué ces dernières décennies.

Quelle perspective ?

Dans les conclusions que le Pape tire de cette rencontre, l’expression de tolérance zéro a été soigneusement évitée. Or c’est là-dessus que les victimes attendaient une réponse. Les causes du phénomène, pourtant diagnostiquées par François lui-même, en d’autres temps (question de pouvoir, cléricalisme) sont passées à la trappe. Le traitement envisagé reste principalement la répression au cas par cas : il y a des vilains qu’il faut punir et si possible, mettre hors d’état de nuire. Comment le mal sera-t-il éradiqué si on ne traite pas les causes structurelles ? Pas question non plus de réparation financière pour les victimes et, même si la remarque n’est pas « politiquement correcte », rien non plus pour venir au secours des abuseurs : n’ont-ils besoin de rien ? Osons l’évidence : ne serait-il pas temps de changer en profondeur les positions de l’Église catholique sur la sexualité ? Cela touche trop de choses à la fois ?

Dans Golias Hebdo n° 564, nous nous interrogions : de quoi va-t-on parler à Rome ? Nous soulevions la question des séminaristes et celle des religieuses. Nous avons la réponse. Pourtant, sur les religieuses, on peut s’attendre au développement du scandale. Quant aux séminaristes, il y aurait urgence. Pour eux d’abord, mais aussi sur les pratiques dont on a des échos. On a entendu parler récemment du cardinal McCarrick, Mgr Duarte, au Chili, est poursuivi par un groupe de séminaristes pour les pratiques qu’il leur imposait.

Une fois encore, François nous étonne, mais pas comme on aime : Satan est jugé comme une référence médiévale, et « notre mère l’Église » est une notion qu’auront du mal à reconnaître les victimes, et quelques autres aussi. Quant au rôle des femmes, inopinément traité au détour d’un joli compliment, les changements ne sont pas vraiment à l’ordre du jour.

Question : dans quel esprit François pourra-t-il affronter les événements à venir ? Et des événements, il y en a en ce moment : à l’heure où nous écrivons, le Cardinal Pell est en prison, McCarrick a été destitué, le scandale des abus dont sont victimes des religieuses s’annonce, les suites des abus pédophiles gagnent de nouveaux pays : en Pologne, on vient de déboulonner la statue du prêtre qui fut l’aumônier de Solidarnosc, et un film sur les scandales passe actuellement sur les écrans. Les affaires d’Argentine se réveillent : le cas de Gustavo Zanchetta, exfiltré au Vatican et celui de Grassi, un prêtre condamné alors que le Cardinal Bergoglio avait lourdement œuvré à tenter de le disculper. Au moment où nous écrivions ces lignes, on apprenait que Mgr Coleridge, cité plus haut, qui a prononcé l’homélie de la messe de clôture, faisait l’objet d’une enquête.

Notes :
[1] Il avait proposé d’entendre Juan Carlos Cruz, à l’époque considéré comme calomniateur
[2] ECA : Ending Clergy Abuse, organisation internationale dont la fondation avait été décidée à Santiago, pendant la visite du pape au Chili, et qui a été constituée en juin 2018 à Genève (Golias Hebdo n°536)
[3] Organisme basé aux États-Unis qui recense les évêques dissimulateurs (ou pire).
[4] Archevêque de Malte, n° 3 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : c’est lui qui avait enquêté au Chili.
[5] Archevêque de Brisbane et président de la conférence épiscopale d’Australie.
[6] « Pape François, Politique et Société », Rencontres avec Dominique Wolton, p. 137
[7] Jésuite, ancien directeur de la salle de presse (porte-parole) du Vatican, il a été le modérateur de la réunion au sommet.


Source : Golias Hebdo n°566

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