Communiqué de la Fédération des Réseaux du Parvis
À la suite de la publication du rapport de la CIASE, nous, chrétiens des Réseaux du Parvis, nous nous déclarons solidaires de toutes les victimes, enfants, jeunes et femmes abusé-e-s sexuellement, victimes d’individus religieux dépravés, mais victimes aussi d’un système clérical abusif. L’institution catholique les a privés non seulement de justice, mais de parole, afin de conserver l’apparence et l’illusion d’un pouvoir « sacré ».
Or, ce pouvoir, Jésus, lui si proche de Dieu et à l’origine de notre religion, n’en a jamais voulu ! Il n’a jamais tué, blessé, trompé, ni exercé d’emprise sur personne. Il a marché dans la poussière au milieu des gens, les a rencontrés, écoutés, soulagés, guéris, rendant le monde plus vivable et plus humain à son contact. Il n’a exercé son autorité que pour libérer, redonner vie et dignité aux plus méprisés et marginalisés de son temps, malades, parias, femmes, pauvres, étrangers. Il ne nous a laissé qu’un seul commandement : aimer en nous aimant les uns les autres comme lui, Jésus, nous a aimés. Il ne nous a laissé qu’un rite qui nous rappelle de partager notre pain avec ceux qui n’en ont pas.
Les victimes peuvent redresser la tête, elles ont souffert, mais la honte et la souillure ne marquent que leurs bourreaux (Mt 15, 19-20). Que les coupables soient démis de leurs fonctions et punis, qu’ils payent leur dette à la société. Que l’institution ecclésiale, notamment la Conférence des Évêques de France, reconnaisse sa responsabilité systémique (* r24) et mette en place un dispositif de justice restauratrice (* r27). Que par exemple les plus beaux calices d’or, objets « sacrés » du culte, soient fondus en signe clair que rien n’est plus sacré que la moindre personne dans sa dignité inaliénable.
« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 40)
Pour porter remède à cette crise (* r5), nous, chrétiens du Parvis, sommes conscients de la nécessité pour tous les baptisés, laïcs et clercs, de rechercher de nouvelles voies. Il nous faut « passer d’une culture cléricale abusive à une culture du marcher ensemble authentique étendue à toute l’Église »**, dialoguer dans la transparence et la parité clercs-laïcs (* r36), à l’instar du Chemin Synodal allemand, en n’hésitant pas à mettre à plat les fondements théologiques, anthropologiques et dogmatiques de l’Église catholique. Et nous continuerons à travailler avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté à rendre le monde plus juste et plus humain, pour redonner voix à l’idéal de fraternité universelle que nous a transmis Jésus.
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(* r…) Numéros des recommandations du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église catholique
** Communiqué de presse de la CCBF (Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones) du 11/10/2021