Mouvement International Nous Sommes Eglise
Déclaration du 30 septembre 2013
Le pape François a annoncé aujourd’hui, lors d’un Consistoire, que la canonisation du pape Jean-Paul II aurait lieu le 24 avril 2014, en même temps que celle du pape Jean XXIII.
Tous les catholiques ne sont pas d’accord avec cette décision concernant le pape Jean-Paul II. Le Mouvement International Nous sommes Eglise a déjà fait connaître son opinion dans un communiqué de presse publié le 16 janvier 2011.
Le pape Jean-Paul II fut un pape de grande contradiction. Sa tragédie est dans la contradiction entre son engagement pour la réforme et le dialogue dans le monde et son retour à l’autoritarisme dans l’Eglise.
C’est son penchant pour l’autoritarisme spirituel qui a contribué à la plus grande tragédie de son pontificat : l’abus sexuel perpétré globalement sur des milliers d’enfants. En faisant passer l’institution hiérarchique au-dessus des besoins des gens, Jean-Paul II a perpétué un environnement nocif permettant à des prêtres, souvent de façon répétée, d’abuser sexuellement des enfants aussi longtemps que ce comportement criminel restait secret, préservant ainsi l’image publique d’une hiérarchie sans tache.
L’une des meilleures illustrations en est peut-être la relation forte de Jean-Paul II avec la Légion du Christ et son fondateur Marcial Maciel. Maciel est accusé de décennies de graves abus contre des femmes et des jeunes, dont beaucoup furent tolérés en partie en raison des décrets approuvés en 1983 par Jean-Paul II en faveur cet ordre religieux, qui exigeaient le secret et interdisaient toute critique du fondateur.
Ce fut le même besoin de contrôle hiérarchique qui conduisit aussi Jean-Paul II à baîllonner la théologie, avec un effet terrible sur la vie des gens. Son acharnement à discréditer la théologie de la libération a privé des milliers de ceux et celles qui œuvraient pour la libération, du soutien théologique et ecclésial qui leur était dû, tandis qu’ils souffraient sous l’empire de régimes politiques brutaux.
L’autoritarisme spirituel s’est aussi manifesté par la tentative de Jean-Paul II d’interdire la discussion sur l’égalité des genres, privant ainsi le monde catholique des dons qu’apporteraient les femmes à la conduite de l’Eglise. Sa position à l’égard des gays et lesbiennes, bisexuels et transgenres (LGBT) le rend complice des Eglises et gouvernements locaux qui continuent à refuser l’égalité civile et morale de ces personnes. De surcroît, sa dénonciation répétée de l’usage du préservatif a compliqué le choix moral de millions de personnes dans le monde qui œuvrent pour prévenir la propagation du HIV/SIDA et pour la santé sexuelle.
Le Mouvement International Nous sommes Eglise (International Movement We Are Church – IMWAC [1]) pense que la béatification et pour finir la canonisation ne devraient pas être fondées sur un « miracle » attribuable à une personne, mais sur le fait que la vie de celle-ci incarne vraiment les valeurs du Christ qui cherchait non le pouvoir mais le bien du peuple de Dieu.
Information complémentaire : le Mouvement international Nous sommes Eglise, fondé à Rome en 1996, est représenté dans plus de vingt pays sur tous les continents. Il est en réseau dans le monde entier avec des groupes réformateurs d’esprit similaire. Nous sommes Eglise est un mouvement international qui fait partie de l’Eglise catholique romaine et a pour but sa rénovation sur la base du Second Concile du Vatican (1962-1965). Nous sommes Eglise est né en Autriche (Wir sind Kirche) en 1995 d’un référendum ecclésial, en réponse au scandale pédophile du Cardinal de Vienne/Autriche, Hans-Hermann Groër.
Mouvement International Nous Sommes Eglise
30 septembre 2013