“Climat : un pas en avant, mais un clivage persistant”, par Hervé Kempf
Le G8 a effectué un pas substantiel par rapport à son édition 2008 en ce qui concerne la question climatique : les chefs d’Etat et de gouvernement ont, pour la première fois, “reconnu” que “l’accroissement de la température globale moyenne ne devrait pas dépasser les niveaux pré-industriels de plus de 2°C“, un objectif jusque-là endossé par les seuls Européens.
De surcroît, le G8 “soutient un objectif des pays développés de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 % ou plus en 2050 par rapport à 1990 ou à des années plus récentes“.
Même si Arcadi Dvorkovitch, un conseiller du président russe Dmitri Medvedev, a jeté un froid en déclarant, peu après la publication du communiqué du G 8, que l’objectif de 80 % était “inacceptable et probablement hors d’atteinte“, la position adoptée va au-delà de ce que l’on aurait pu imaginer il y a quelques semestres.
Cependant, les membres du G8 n’ont pas réussi à s’entendre sur un objectif des pays riches pour 2020, ce qui a empêché un accord avec les grands pays émergents.
La réunion du Forum des économies majeures, qui se tient en parallèle à la rencontre de L’Aquila, consacrée à la question climatique, n’a pas, elle, retenu l’objectif global d’une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre en 2050.
LE PROBLÈME DU FINANCEMENT
Les grands pays du Sud (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud) subordonnaient en effet un engagement de leur part à la définition d’un objectif des pays du Nord à l’horizon 2020.
Un geste que ne pouvait consentir Barack Obama, qui ne veut pas exciter les forces qui s’opposent, aux Etats-Unis, au projet de loi sur le climat, lequel doit passer l’épreuve du Sénat. Le communiqué du G8 se contente donc, pour 2020, de parler “de réductions robustes, agrégées et individuelles“.
La mise au point d’un traité sur le climat devant prendre la suite du protocole de Kyoto, en décembre, à la conférence de Copenhague, s’annonce difficile.
Autre pierre d’achoppement : celle du financement des actions pour aider les pays pauvres. Les pays du G8 affirment, dans leur communiqué, que “tous les pays -sauf les moins développés- devraient participer à l’effort financier pour combattre le changement climatique“. Mais ils se sont abstenus de faire mention du montant de leur propre effort.
Auteur : Hervé Kempf
Source : Le Monde, édition du 10.07.09