Quelle Eglise Jésus a-t-il voulu ?
Ce titre est celui d’un ouvrage de Herbert Haag datant de 1997 et publié dans sa traduction française en 2002 par la revue Réseaux des Parvis sous la forme d’un numéro hors – série, actuellement épuisé. Nous en publions ici la conclusion et donnons, avec l’autorisation des co-éditeurs de la revue, l’accès au texte complet sous forme pdf.
1. Dans l’église catholique il existe deux catégories, les clercs et les laïcs, avec des différences dans les privilèges, les droits et les devoirs. Cette structure de l’église ne correspond pas à ce que Jésus a fait et enseigné. En conséquence elle n’a pas eu d’effets positifs dans l’histoire de l’église.
2. Le Concile de Vatican II a bien essayé, dans ses approches, de jeter un pont sur le fossé profond qui sépare le clergé et les laïcs, mais il ne l’a pas éliminé. Dans les documents conciliaires aussi les laïcs apparaissent comme les auxiliaires de la hiérarchie et il n’ont aucune possibilité de faire valoir efficacement les droits qui leur reviennent.
3. Jésus a refusé la prêtrise du monde juif et le culte des sacrifices sanglants de son époque. Il avait envers le Temple et le service religieux accompli dans ce Temple par les prêtres une attitude contestataire. Il a annoncé le déclin du Temple de Jérusalem et Il a donné à entendre qu’il ne pouvait pas s’imaginer un temple à sa place. C’est pourquoi c’est la caste sacerdotale juive qui l’a livré à la Croix.
4. Jésus n’a annoncé dans aucun de ses propos qu’il voulait établir parmi ses disciples une nouvelle prêtrise et un nouveau culte sacrificiel. Lui-même n’était pas un prêtre, pas plus qu’aucun des « douze » qu’aucun des apôtres, ni Paul lui-même. Et d’après les écrits du Nouveau Testament il ne devra pas plus y avoir une nouvelle prêtrise.
5. Jésus n’a pas voulu qu’il y ait parmi ses disciples des classes ou des catégories. « Vous êtes frères », voilà sa consigne (Mt 23, 8). Et c’est pourquoi les premiers chrétiens se considéraient comme des « frères » et des « sœurs ».
6. En contradiction avec cette consigne de Jésus, c’est une « hiérarchie », une « organisation sacrée » qui s’est constituée au IIIème siècle. Ce qui a eu pour conséquence la scission des fidèles en deux catégories, le clergé et les laïcs, les « consacrés» et le « peuple ». La hiérarchie a réclamé la direction des communautés et surtout la liturgie. Elle n’a cessé d’étendre son pouvoir. Les devoirs des laïcs ont été de servir et d’obéir.
7. En raison de l’extension universelle de l’église, des ministères sont devenus nécessaires. Ceux-ci ont pu, comme nous le montre l’histoire, prendre les formes les plus diverses. Tous les ministères, y compris celui de l’évêque, sont des institutions de l’église. C’est pourquoi celle-ci a le pouvoir de les maintenir, de les transformer ou de les supprimer lorsque les circonstances le suggèrent.
8. Depuis le Vème siècle la célébration de l’Eucharistie demande la participation d’un prêtre consacré par le sacrement. Depuis le Vème siècle l’idée se fait jour que la consécration à la prêtrise marque celui qui la reçoit d’une empreinte indélébile. Cette doctrine qui a été développée ensuite par la théologie médiévale a été élevée par le Concile de Trente (XVIème siècle) au rang d’article de foi irréfutable.
9. Durant 400 ans ce sont des « laïcs » – au sens où nous l’entendons aujourd’hui – qui ont présidé l’Eucharistie. Ce qui montre qu’un prêtre consacré par le sacrement n’est pas nécessaire et ne peut être légitimé ni au nom de la Bible ni par le dogme.
10. La condition nécessaire à la présidence de l’Eucharistie devrait en conséquence être non pas une consécration, mais une mission. Celle-ci peut être confiée à un homme ou à une femme, à une personne mariée ou non. Pour tous deux, homme et femme, il faut en quelque sorte réclamer le ministère d’église dans sa plénitude, qui leur donne du même coup le pouvoir de célébrer l’Eucharistie.
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