1100 intellectuels israéliens et européens refusent tout assouplisement des directives européennes
Plus de 600 intellectuels israéliens ont cosigné avec 500 intellectuels européens une pétition appelant l’UE à ne pas dévier de ses propres directives, aux termes desquelles aucun fonds UE pour la recherche ne peut aller à des institutions qui exercent leurs activités dans les territoires occupés. Israël essaie de différer l’application de ces règles.
Le vendredi 13 septembre dernier, le site EU-Observer [1] notait que les négociateurs européens et israéliens réunis la veille à Bruxelles n’avaient pas réussi à s’accorder sur les nouvelles règles de financement. Seules quelques options, qui seraient plus faciles à avaler pour Israël, ont été identifiées.
Les entretiens portaient sur la participation d’Israël au nouveau projet scientifique Horizon 2020 de l’Union Européenne [2]. Ce projet de 80 milliards d’€uros couvre une période de sept années à dater du 1er janvier 2014. Israël a déclaré ne pas vouloir participer sous les nouvelles règles, publiées en juillet, qui obligent les entreprises et les institutions à signer des documents attestant que l’argent UE ne financera pas d’activités en territoire occupé.
L’ambassadeur de Grèce en Israël, Spiros Lampridis, a dit à titre personnel au quotidien israélien The Jerusalem Post qu’il sympathise avec le pays qui l’accueille : « Si je me mets à la place d’Israël, je vois pourquoi ils ne sont pas en état de le signer … notre mission en tant que pays européens est de trouver des alternatives pour rendre cette chose utilisable », a-t-il déclaré.
Israël a fait du lobbying auprès des ministères des affaires étrangères de l’UE et des Etats-Unis afin que la Commission Européenne ajourne les mesures. Israël dit ne pas pouvoir signer de documents pour des subsides européens qui disent notamment que Jérusalem-Est est une partie de la Palestine, alors qu’au même moment des négociations sont en cours au sujet des frontières définitives avec la Palestine.
« L’UE estime que 0,3 %, soit 2,5 millions d’€uros sur les 800 millions d’€uros qui ont été attribués à Israël entre 2007 et 2013, ont financé des activités dans les colonies »
Au cours d’une réunion à Vilnius le 7 septembre, John Kerry, ministre américain des Affaires Etrangères, a demandé aux ministres de l’UE d’ajourner ces règles, mais son appel n’a eu qu’un effet limité. La Haute Représentante pour les Affaires Etrangères de l’Union, Catherine Ashton, aurait dit lundi 9 septembre aux ambassadeurs à Bruxelles « il n’y a pas de proposition pour changer la gestion de l’UE ».
« L’UE estime que 0,3 %, soit 2,5 millions d’€uros sur les 800 millions d’€uros qui ont été versés à Israël entre 2007 et 2013, ont financé des activités dans les colonies ». Mais en vertu des anciennes règles il n’existe aucune manière d’exiger la restitution de l’argent, alors que cela contrevient à la position de l’Union sur les frontières d’Israël.
Ce faisant les opinions israéliennes sont partagées sur le sujet. En juillet le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou disait « Nous n’accepterons pas de dictats externes relatifs aux frontières ». Cependant le mercredi 11 septembre, une pétition de plus de 600 intellectuels, anciens fonctionnaires et activistes israéliens, parmi lesquels Ofra Ben-Artzi, la belle-soeur de Netanyahou, a été envoyée à des eurodéputés pour les prier de ne pas fléchir leur résolution.
La pétition affirme que la menace israélienne de quitter Horizon 2020 « est une manœuvre tactique qui nuirait grandement à Israël si elle se réalisait ».
Plus de 500 scientifiques européens ont également appelé l’UE à ne pas assouplir les nouvelles directives relatives aux colonies israéliennes.
« La lettre des chercheurs scientifiques adressée à l’UE au sujet de la participation des colonies israéliennes aux programmes de recherche de l’UE » a été mise au point par la commission britannique pour les universités de Palestine (BRICUP) [3] et par son organisation sœur française, l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) [4], et elle a été cosignée par des chercheurs de 13 pays membres de l’UE.
Le changement de gestion des nouvelles lignes directrices de l’Union est le résultat de campagnes activistes menées dans toute l’Europe, y compris une lettre à Catherine Ashton signée l’an dernier par 250 scientifiques de toute l’Europe.
Le but des directives est de veiller à ce que les institutions de l’UE respectent l’obligation qu’elles ont de ne pas reconnaître une souveraineté israélienne dans les territoires palestiniens qu’Israël occupe depuis 1967, y compris la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, ainsi que le Plateau du Golan syrien.
Comment l’UE peut-elle faire la leçon à d’autres sur le droit international alors qu’il est manifeste qu’elle ferme les yeux sur le viol incessant de ce droit à ses portes ?
Michael Deas, coordinateur en Europe du Comité National Palestinien pour le Boycott (BNC), a déclaré : « Ces lignes directrices montrent que la pression des activistes de la société obligent l’UE à assumer sa responsabilité juridique de ne pas reconnaître le régime israélien d’occupation, de colonisation et d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien et de mettre fin à certains aspects d’une complicité bien enracinée dans le maintien de ce système illégal et criminel ».
Ivar Ekelund de l’AURDIP a déclaré quant à lui : « Enfin l’UE a décidé de se tenir à ses propres principes. Il faut qu’il soit évident que le contribuable européen n’a pas à soutenir des activités dans des territoires qui sont occupés et habités illégalement. Comment l’UE peut-elle faire la leçon à d’autres sur le droit international alors qu’il est manifeste qu’elle ferme les yeux sur le viol incessant de ce droit à ses portes ? En tant que scientifiques nous faisons partie d’une communauté internationale et nous savons qu’une telle communauté ne peut être soutenue que par la justice et par le respect envers l’Etat de droit »
Traduction : Info-Palestine.eu – Marie Meert
Notes :
[1] http://euobserver.com/ [2] Horizon 2020 : http://ec.europa.eu/research/horizon2020/index_en.cfm [3] http://www.bricup.org.uk [4] http://www.aurdip.frSource : source originale à : http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2013/09/16/1100-israelische-en-europese-intellectuelen-geen-versoepeling-eu-richtlijnen
Traduction française de Marie Meert publiée le 24.09.13 à :
http://www.info-palestine.net/spip.php?article14014
En SAVOIR PLUS :
• Lire le COMMUNIQUÉ du 6 novembre 2013 de l’AUDIRP et du BRICUP : « D’éminents universitaires et chercheurs demandent instamment que l’Union Européenne ne capitule pas sur l’interdiction de financer les colonies Israéliennes » à : http://www.aurdip.fr/D-eminents-universitaires-et.html
• Télécharger la LETTRE du 5 novembre 2013 envoyée à Catherine Ashton (avec la liste complète des signataires) en cliquant ci-après : AURDIP-BRICUP-13.11.05-letter-to-Ashton
• Lire la Lettre de l’association Couserans-Palestine adressée aux dix députés européens du Grand Ouest : http://www.europalestine.com/spip.php?article8735
Sur le même sujet :
– Contorsions diplomatiques : http://nsae.fr/2013/10/17/contorsions-diplomatiques/
– Vingt ans après Oslo, l’UE se dérobe : http://nsae.fr/2013/09/17/vingt-ans-apres-oslo-lue-se-derobe/