Armement : la France dans le top 3 mondial
Par Dominique Gallois
Embellie sur les marchés extérieurs, avec un regain des exportations. Tensions sur le marché intérieur, marqué par un budget de la défense qui reste compliqué à boucler. En ce début d’année, la situation apparaît très contrastée pour l’industrie française de l’armement.
Celle-ci peut au moins se satisfaire d’une chose : en 2014, les ventes d’armements à l’étranger ont progressé de 17,3 %, pour atteindre 8,065 milliards d’euros a révélé, lundi 9 février la Direction générale de l’armement (DGA). Il faut remonter à 2009 pour retrouver un tel niveau (8,16 milliards d’euros).
La France se hisse ainsi du quatrième rang mondial des exportateurs d’armes à la troisième place, ex-aequo avec le Royaume-Uni, derrière les Etats-Unis, qui contrôle la majorité du marché, et la Russie.
Comme à l’accoutumée, les trois quarts des prises de commandes proviennent des pays du Proche et Moyen-Orient, avec une valeur moyenne de quelques centaines de millions d’euros. Cependant, comme les autres années, aucun contrat « éléphant », c’est-à-dire dépassant le milliard d’euros, n’a été engrangé l’an dernier.
Ce devrait être le cas cette année : l’Egypte s’est engagée pour l’achat de 24 Rafale, d’une Frégate FREMM et de missiles MBDA. Cette commande de 5 milliards d’euros au total, en cours de finalisation, serait annoncée très prochainement.
« On a le sourire, nous sommes relativement optimistes », a confirmé, lundi, Laurent Collet-Billon, le délégué général de l’armement. Très rapidement, trois premiers Rafale pourraient être livrés à l’armée égyptienne pour être présentés au début du mois d’août aux cérémonies marquant l’inauguration de l’élargissement du canal de Suez.
Ils seront prélevés sur le contingent des onze avions destinés à l’armée de l’air française. Il en sera de même pour la frégate FREMM de DCNS. Le Normandie, qui devait rejoindre la marine nationale, sera dérouté vers Le Caire. Les livraisons des avions égyptiens interviendraient ensuite dès 2018.
Discussions avec l’Inde
La commande égyptienne pourrait être suivie par d’autres, notamment celle du Qatar qui négocie l’achat de 24 avions de chasse Dassault, avec douze options. Ce pays devrait aussi confirmer à Airbus l’achat de 18 hélicoptères de transport NH90. En revanche, les discussions avec l’Inde pour 126 Rafale prennent du temps. Elles achoppent en particulier sur une question de responsabilité. Dassault se refuse à garantir les avions qui seront fabriqués par le groupe indien HAL. Seuls 18 d’entre eux sortiront des chaînes de l’avionneur français, le reste sera fabriqué sur place. Ce point est essentiel et le contrat pourrait n’aboutir que l’année prochaine.
Si l’exportation de Rafale est bienvenue dans la loi de programmation militaire (2014-2019), qui inclut des ventes de cet avion, il n’en reste pas moins que la tenue du budget annuel de 31,4 milliards d’euros est difficile à atteindre. Cette année, il manque 2,2 milliards d’euros qui devaient venir des recettes exceptionnelles tirées de la vente de fréquences hertziennes.
De nombreuses pistes ont été explorées pour combler ce manque. Mais la seule aujourd’hui en lice est le leasing : l’armée louera du matériel plutôt que d’en être propriétaire, revendant à des sociétés publiques des équipements pour en devenir locataire. Cela concernera cette année 4 avions de transport A400 M d’un montant unitaire de 150 millions d’euros et trois frégates FREMM, disponibles ou à venir, d’un coût unitaire d’environ 500 millions d’euros.
Une société de projet, ou special purpose vehicles (SPV), sera créée pour chaque équipement permettant, au gré des besoins de financement, d’allonger ou non la location. Cependant, ces SPV, défendues par les ministres de l’économie, Emmanuel Macron, et de la défense, Jean-Yves le Drian, et voulues par le chef de l’Etat sont très critiquées par le ministre des finances, Michel Sapin, les parlementaires et les militaires.
« L’idée est simple mais complexe à mettre en œuvre et c’est la seule qui existe », a rappelé Laurent Collet-Billon, balayant les réticences car le temps presse. Pour dégager les premières recettes à l’automne, le dispositif doit être opérationnel au plus tard en juin. Au risque sinon de provoquer des difficultés de paiement.
Dominique Gallois
Source : Article publié dans Le Monde (Cahier Eco&Entreprise) daté du Mercredi 11 février 2014.
Photo : Mouvement de la Paix : 10 août 2014 – Rando ascension du Ménez Hom pour la paix, face au sanctuaire militaire nucléaire de l’Ile-longue (Finistère).
Lire également :
► « A Istres, Crozon ou ailleurs les armes nucléaires constituent un danger non une sécurité » , communiqué du Mouvement de la Paix, du 18 février 2015 à :
► « Les Rafale du Maréchal » à :
http://nsae.fr/2015/02/19/les-rafale-du-marechal/
► « Jean-Marie Muller : « Libérer la France des armes nucléaires » à :
http://nsae.fr/2014/10/30/jean-marie-muller-liberer-la-france-des-armes-nucleaires/
Dans 99% des cas on vend des armes pour faire de l’argent, et très souvent sans être très regardant sur l’usage qui en est fait ou qui risque d’en être fait !
Donc la plupart du temps, en vendant des armes on fait de l’argent sur la mort de milliers et de milliers d’êtres humains !
Il est clair, au regard de la morale, que cela est un des plus grands crimes qui soit, et cependant on continue… !
Lorsqu’on dénonce ces ventes d’armes, il ne manque jamais de contradicteurs pour nous dire à peu près ceci : « vous êtes des utopistes, de toute façon si nous on ne les vendait pas, d’autres pays le feraient, donc ça ne changerait rien pour ce qui est des vies massacrées et donc autant que nous le fassions nous-mêmes, cela améliore notre balance commerciale et cela donne du travail à nos ouvriers et ingénieurs… »
Cet argument « si nous, on ne le fait pas, d’autres le feront, donc autant le faire » est :
– D’une part très fort. Il est réaliste.
– D’autre part absolument inacceptable, car il ouvre la porte à la pire barbarie.
D’abord il est moralement inacceptable car que d’autres (même nombreux) commettent des crimes et des meurtres ne peux en rien justifier d’en faire autant !
Ensuite quasiment tous ceux qui ont collaboré au nazisme ont mis en avant cet argument.
Le gardien du camp d’Auschwitz pouvait dire : « je n’aurais pas fait ce qu’on me commandait, je mettais ma vie en danger et d’autres l’auraient fait à ma place, donc il valait mieux continuer à le faire. »
Le conducteur du train qui emmenait les wagons à bestiaux dans lesquels étaient entassés les juifs, pouvait dire de même : « je n’aurais pas fait ce qu’on me commandait, je risquais gros et d’autres l’auraient fait à ma place, donc il valait mieux continuer à le faire. »
Etc. …
Or l’opinion publique juge que les gardiens du camp d’Auschwitz étaient des criminels…
Et cependant le gardien du camp d’Auschwitz avait une excuse forte, il aurait refusé de faire ce qu’on lui commandait il est probable qu’il aurait été tué, comme l’ont été (je crois) certains soldats allemands qui ont refusé de tirer sur des juifs lors de la Shoah par balles.
Par contre l’ingénieur, l’ouvrier, qui refuse de construire des Mirages ; les commerciaux, le ministre, le président de la république qui refuse de les vendre ne mettent pas leur vie en danger.
Donc si le gardien du camp d’Auschwitz est un criminel (ce que pour ma part j’hésiterais à affirmer) alors :
ces ouvriers ne sont-ils pas des criminels à la puissance 10 ?
ces ingénieurs ne sont-ils pas sont des criminels à la puissance 100 ?
ces commerciaux ne sont-ils pas sont des criminels à la puissance 1 000 ?
ce ministre n’est-il pas un criminel à la puissance 10 000 ?
ce président de la république n’est-il pas un criminel à la puissance 100 000 ?
Je n’affirmerai pas les choses aussi crûment mais je les pense jusqu’à un certain point, en tout cas la question mérite d’être posée.