Traductions des textes liturgiques – Retour aux règles originales post conciliaires
Par Joshua J. McElwee
Le pape François a décentralisé l’autorité sur la traduction du latin en langues locales des textes utilisés dans les liturgies de l’Église catholique, en transférant du Vatican aux conférences épiscopales nationales la plus grande responsabilité de la matière.
Dans un motu proprio publié le 9 septembre, le pontife dit qu’il modifie le Code de droit canonique de l’Église afin que l’appel du Concile Vatican II à rendre la liturgie plus compréhensible pour les gens soit «plus clairement réaffirmé et mis en pratique».
Le motu proprio, dont le titre est Magnum Principum, modifie deux clauses du Canon 838. Les clauses réécrites disent simplement que le Vatican doit «reconnaître» les adaptations des textes liturgiques latins approuvés par les conférences nationales des évêques.
Une comparaison des textes italiens des versions antérieure et nouvelle du canon montre un changement clair. Là où l’italien dit que le Vatican a été chargé auparavant d’autoriser toutes les traductions liturgiques, il lui est maintenant demandé simplement de “réviser” les traductions faites par les conférences épiscopales.
Cette analyse va déboucher en partie sur une procédure consistant à confirmer que les traductions reflètent correctement l’intention du latin original, connue sous le nom de confirmatio.
La Congrégation du Vatican pour le culte divin et la Discipline des sacrements a déclaré dans une note accompagnant la publication du motu proprio que le processus de confirmatio «laisse la responsabilité de la traduction, présumée être fidèle, à la conférence pastorale et doctrinale de la Conférence épiscopale.”
La congrégation ajoute que la confirmation “présuppose une évaluation positive de la fidélité et de l’équivalence des textes produits par rapport au texte latin”.
Le processus d’élaboration des traductions des textes latins dans les langues locales a été l’un des plus controversés et virulents de l’Église catholique depuis la fin du Concile qui s’est tenu de 1962 à 1965.
Le débat a été centré sur la question de savoir si, pour transmettre le sens des textes latins, ces traductions devraient suivre une approche littérale, au mot-à-mot, ou se concentrer sur l’adaptation de ces textes à une lecture courante dans les langues modernes.
Une instruction de 2001 de la congrégation de culte du Vatican, Liturgiam authenticam, a précisé que les traductions du latin devaient être faites “de la manière la plus exacte, sans omissions ni ajouts en termes de contenu”.
Cette instruction a été un renversement majeur des règles de traduction postconciliaires originales de la congrégation du culte, énoncées en 1969 dans son document Comme Le Prevoit [1], qui encourageait les traducteurs à adapter le latin original aux conditions linguistiques et culturelles contemporaines dans leur pays.
Pour mettre en place la nouvelle approche des traductions dans le monde anglophone, la congrégation du Vatican a créé un nouveau comité en 2001, connu sous le nom de Vox Clara, pour évaluer spécifiquement les traductions liturgiques en anglais. Le comité a assumé une grande partie de l’autorité qui avait été donnée à la Commission internationale pour l’anglais dans la liturgie, qui avait suivi les règles énoncées dans Comme le Prevoit.
En utilisant les normes introduites dans Liturgiam authenticam, l’église américaine a adopté une nouvelle traduction anglaise du Missel romain fin 2011. Cette traduction a fait l’objet de critiques pour son utilisation d’un anglais archaïque et fort peu poétique.
Dans son motu proprio du 9 septembre, François reconnaît l’âpreté des débats sur les traductions liturgiques, en disant : «il n’est pas surprenant que des difficultés aient eu lieu entre les Conférences épiscopales et le Siège apostolique». Il poursuit : «Afin que les décisions du Concile concernant l’utilisation des langues vernaculaires dans la liturgie puissent également être utiles à l’avenir une collaboration vigilante et créative pleine de confiance réciproque entre les Conférences épiscopales et… la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements est absolument nécessaire”.
Les modifications apportées au Code de droit canonique ont été approuvées par François le 3 septembre 2017 et entreront en vigueur le 1er octobre.
Notes
[1] https://www.ewtn.com/library/CURIA/CONSLEPR.HTMTraduction : Lucienne Gouguenheim