Chili : première Assemblée du Synode des Laïcs
Par Régine et Guy Ringwald
À la suite de la visite du Pape, en janvier 2018, les laïcs d’Osorno avaient obtenu finalement le départ de l’évêque Barros, et la scandaleuse situation de l’Église catholique du Chili avait été mise au jour. Des groupes de laïcs se sont ensuite formés en divers lieux du pays, travaillant en réseau.
Les 5 et 6 janvier 2019, un synode des laïcs, autoconvoqué et autogéré, a réuni à Santiago, au sanctuaire du Père Hurtado, 350 personnes appartenant à divers groupes et réseaux de tout le pays. Il s’agissait de la première assemblée, à l’issue de laquelle ils ont émis la déclaration qu’on lira ci-dessous. Ils annoncent que dans les prochains mois, ils publieront un document final qui servira de base au travail pastoral. L’objectif affiché est de « reconstruire notre Église dévastée par les péchés et les crimes » dont les causes sont « le cléricalisme, l’abus de pouvoir, la négligence et le manque d’esprit critique des laïcs ».
Du côté de la hiérarchie, rien ne bouge. Il n’y a plus eu aucune initiative du Pape après l’acceptation de la démission de sept évêques (dont Barros), mais deux anciens disciples de Karadima sont toujours en poste, et le cardinal Ezzati toujours à Santiago. Un site proche du Vatican faisait remarquer, il y a quelques jours, que les démissions qui n’ont pas été confirmées par le Pape sont maintenant caduques, selon les règles du code de droit canonique. Cela ressemble bien à l’enlisement dont nous avions parlé précédemment sur ce site.
DÉCLARATION FINALE DE L’ASSEMBLÉE D’OUVERTURE
DU SYNODE DES LAÏCS
Nous, laïcs et laïques disciples de Jésus, réunis pour la journée d’ouverture du Synode National des Laïcs, autoconvoqué et autogéré, au sanctuaire du Père Hurtado de Santiago, les 5 et 6 janvier 2019, partant d’un défi partagé, nous avons décidé d’initier un processus de dialogue et de participation qui puisse favoriser une analyse de l’état présent de l’Église catholique du Chili, et fasse naître le rêve d’une Église de communautés qui soient au service de l’édification du Règne de Dieu dans notre pays.
Éclairés par l’Esprit Saint, cherchant à reconstruire notre Église dévastée par les péchés et les crimes, nous avons discerné, par un travail en communauté, que les causes principales de cette crise étaient : le cléricalisme, l’abus de pouvoir, la négligence et l’absence d’esprit critique des laïcs.
Face à cette crise, nous rêvons d’une Église :
• Constituée de communautés de base.
• Priante, prophétique et libératrice, qui recherche et pratique la justice.
• Qui soit servante et ouverte aux besoins des personnes et du monde.
• Horizontale, diverse, participative et inclusive, où les laïcs soient réellement acteurs, particulièrement les femmes et les jeunes.
Pendant ce temps synodal, nous voulons travailler dans les domaines suivants :
• Promouvoir le changement de la structure du pouvoir au sein de notre Église (ses fondements et la façon dont il s’exerce) et la participation des laïcs à la prise de décisions.
• La participation des femmes dans les instances de responsabilité et de pouvoir.
• Renforcer et renouveler le processus de formation de l’ensemble du peuple de Dieu.
• Éradiquer la culture d’abus de pouvoir, en proposant des actions ayant pour but l’établissement de la justice et de la réparation, et en instaurant un climat de sécurité pour toutes et tous.
En conclusion, nous nous engageons à reproduire ce processus synodal, sous forme d’actions locales.
Pour terminer, nous prions l’Esprit Saint de nous aider dans cette démarche afin que notre Église soit source de vie, de fraternité et de service.
PARTICIPANTS À LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DU SYNODE NATIONAL DES LAÏCS ET LAÏQUES DU CHILI
Santiago du Chili, le 6 janvier 2019.
Merci à vous Régine et Guy de nous partager toute cette vie !
Annie Grazon