Pétition en Inde pour un plus grand rôle décisionnel des femmes dans l’Église
Par Joshua J. McElwee
En Inde, environ 150 femmes catholiques ont adressé une pétition au cardinal Oswald Gracias, lui demandant de prendre des mesures concrètes pour mieux inclure les femmes dans les responsabilités de prise de décision dans l’Église mondiale.
Les femmes répondent en partie à un entretien avec Gracias, publié en février par NCR [1], dans lequel le cardinal a reconnu l’existence d’un parti pris parmi les membres de la hiérarchie exclusivement masculine de l’Église catholique contre l’octroi de rôles de leadership aux femmes. Dans cette interview, il a également déclaré que lui et ses pairs devaient « éliminer ce préjugé ».
Le mémorandum de trois pages fait l’éloge des paroles de Gracias dans l’interview, mais demande « des changements dans les politiques, les pratiques et les structures de l’Église afin que les femmes puissent participer pleinement à… la direction ».
Gracias est l’archevêque de Mumbai, président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde et l’un des six membres du Conseil des cardinaux du pape François.
La pétition a été rédigée en partie par Astrid Lobo Gajiwala, médecin et scientifique qui a été consultante auprès de la conférence épiscopale et a aidé à rédiger la politique de genre de l’organisme.
Certains des termes les plus forts de la pétition se réfèrent à cette politique, adoptée en 2010 et la première du genre dans l’Église mondiale. La politique de genre annonce que l’Église indienne « rejette tous les types de discrimination contre les femmes comme étant contraires à l’intention et au but de Dieu », selon le mémo.
« Les femmes continuent d’être victimes de discrimination quand on les garde à l’écart des organes de décision de l’Église, qui sont contrôlés par des religieux », indique le mémo. « Les femmes n’ont pas leur mot à dire dans l’élaboration des politiques qui façonnent la liturgie, le culte, la théologie et les pratiques de l’église, y compris celles qui affectent leur propre vie. »
Dans l’interview de février au Vatican [1], Gracias a déclaré qu’il était devenu « converti » à la cause des femmes à la recherche de plus de possibilités de responsabilité dans l’Église.
« Je suis maintenant un défenseur des droits des femmes dans l’Église », a déclaré Gracias. « Je comprends pourquoi les femmes demandent de plus grands droits. »
Gajiwala et plusieurs autres femmes ont remis la pétition le 8 mars au Père. K.T. Emmanuel, vicaire judiciaire de l’archidiocèse de Mumbai, demande au prêtre de transmettre le document à Gracias. Elles ont également assisté ensemble à l’une des messes du matin à la cathédrale du Saint-Nom de la ville.
Dans une brève interview, Gajiwala a exprimé sa joie que Gracias ait parlé des droits des femmes dans l’Église et dit que les femmes en Inde « attendent avec impatience qu’il prenne des mesures concrètes pour changer la réalité existante ».
Gajiwala a toutefois déclaré qu’elle était « choquée » que le cardinal ait attribué sa conversion aux droits des femmes à son expérience lors du sommet du Vatican des présidents de la conférence épiscopale à Rome sur les abus sexuels du clergé, en février 2019, où plusieurs femmes se sont exprimées.
« Les femmes en Inde demandent des places à la table de décision depuis le début des années 80 », a-t-elle expliqué. « On dirait quasiment qu’il ne nous écoute pas. »
Note :
[1] https://www.ncronline.org/news/people/cardinal-gracias-church-must-shed-prejudice-against-womens-leadershipSource : https://www.ncronline.org/news/justice/women-petition-cardinal-gracias-more-decision-making-roles
Traduction : Lucienne Gouguenheim