Jean, dans son Évangile, ne parle pas de miracles. Il parle de signes.
Message pour le 5e dimanche de Carême, par le Père Joseph Stenger
Jean 11, 1- 45
Aujourd’hui voici le 7e et dernier signe que fait Jésus avant de donner sa vie sur la Croix. Il réveille Lazare du sommeil de la mort. Il le remet debout. Marthe et Marie avaient envoyé un message à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
Jésus ne se déplace pas tout de suite pour voler au secours de ses amis, car cet événement sera l’occasion de signifier, de montrer qu’au-delà de la mort physique, Dieu nous aime et que son amour, à la fin triomphera de la mort.
« Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ».
« Dès que Marie vit Jésus, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
De tout temps, les hommes ont crié vers Dieu. Pourquoi ? Pourquoi la mort, pourquoi la souffrance ? Que fais-tu ? Tu dors ? Pourquoi tu es absent ?
Je pense aux familles et aux amis de Jean Jacques, Sylvain, Jean Marie, Mahen, Olivier, les médecins qui ont donné leur vie au service des malades, nous pensons à tous les infirmiers, brancardiers, tous les agents hospitaliers, auxiliaires de vie dans les EHPAD, qui sont décédés, et tous ceux et celles qui continuent courageusement, même en étant infectés, à donner leur vie au service des malades et des personnes âgées.
« Il n’y a pas de plus grand amour, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Nous pensons à leurs familles, qui ont peur pour eux.
Nous pensons aux personnes décédées dans les hôpitaux, parfois sans que leur famille puisse être présente, la souffrance des familles qui voient leur papa, leur maman enterrés ou incinérés, sans qu’il y ait une cérémonie à l’église, sans que la famille puisse se rassembler. On le lit dans les annonces : « dans la plus stricte intimité… au cimetière… autour de l’urne… »
« Quand il vit qu’elle pleurait, et que ses amis qui étaient venus pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé » (remué dans ses entrailles).
Il faut continuer à prier, à faire monter vers Dieu la plainte des hommes.
Jésus a souffert de voir ses amis dans la peine. Et il a pleuré.
Et Jésus souffre aujourd’hui de voir ses enfants, aujourd’hui, comme hier, souffrir et mourir, du coronavirus, mais aussi ses enfants, mourir, par millions, de faim, de la malnutrition, de manque d’eau potable…
Mais aujourd’hui, Jésus n’a que nos mains, nos yeux, notre intelligence, pour guérir, relever, remettre debout, redonner la liberté, la dignité.
Dans cet Évangile, le grand miracle n’est pas que Lazare sorte de son tombeau ; le grand miracle c’est que Marthe grandisse dans sa foi, jusqu’à affirmer sa foi dans le Christ, Fils de Dieu, qui est la Résurrection et la Vie.
Et le vrai miracle aujourd’hui, ne serait-ce pas de voir tant d’hommes et de femmes, chrétiens ou non, qui ne baissent pas les bras, qui ne se résignent pas à la souffrance ?
Ils font des miracles.
Nous pensons à tous ceux qui se battent dans les hôpitaux contre la mort, qui luttent, pour sauver des vies, jusqu’aux limites de leurs forces, et au-delà, ces héros du quotidien. Et je pense à tous ces hommes et femmes qui, à travers le monde se battent pour la vie, que ce soit Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, et qui se lèvent, qui se mettent ensemble pour construire un monde de justice et de paix.
Ils donnent le meilleur de leur vie pour que chaque personne puisse vivre libre et debout.
En fait, parfois, sans le savoir, ils répondent à l‘appel du Christ qui a donné sa vie pour sauver tous les hommes, et particulièrement les pauvres, les malheureux.
Pour que la vie triomphe
Tout autour de nous, il y a tous les soignants, tous les aidants, les pompiers, mais aussi le personnel et les caissières des supermarchés, les éboueurs, les routiers, les pêcheurs, agriculteurs, les restaurateurs qui apportent des paniers repas aux personnes âgées ou au restau du cœur, les jeunes qui font les courses pour les personnes âgées, des entreprises qui offrent de l’alcool pour faire du gel, des simples femmes qui cousent des masques pour les vendeuses, tous ces volontaires, bénévoles, tous ceux qui donnent un peu d’amour d’amitié, par une aide, un courrier, un coup de fil…
Ce 5e dimanche de Carême, dans notre diocèse, comme dans toute la France, était prévue la quête pour le CCFD Terre Solidaire, pour soutenir les 681 projets de développement dans 69 pays en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est et en Amérique latine. Pas de messes, pas de quête. Mais vous avez peut-être reçu une enveloppe, vous pouvez faire un don au CCFD, regardez le site du CCFD Terre solidaire sur internet… Rappelons-nous que 2 milliards d’hommes, un quart de l’humanité, souffrent d’insécurité alimentaire.
Le Caterpillar et le virus
Le long du chantier du GCO, le plus grand chantier de France, à l’arrêt total, on peut voir des dizaines d’engins énormes, alignés, comme morts. Le géant Vinci se croyait invincible. Rien n’avait pu l’arrêter, ni les manifestations, ni les députés écolos, ni les tribunaux. Il a fait son œuvre de mort en exterminant des centaines de milliers d’êtres vivants : arbres, fleurs, plantes, animaux, insectes, oiseaux, alors qu’on aurait pu trouver d’autres solutions pour diminuer la pollution de Strasbourg. Mais un petit virus s’est mis en travers des Caterpillars… Demain, les Caterpillars reprendront leur ballet infernal. Mais les politiques sauront-ils en tirer une leçon ??
« Donne-nous notre pain quotidien »
Les Grands Moulins de Strasbourg tournent à plein régime. Il y a un an, ils étaient en faillite. « Grâce à Dieu », aurait dit Barbarin, le groupe Advens, déjà actionnaire à 5 %, et qui fait fortune en pillant le coton en Afrique, a racheté l’entreprise, sans doute pour la fermer un peu plus tard et garder le carnet de commandes.
Avec le coronavirus les Grands Moulins, qui approvisionnent des boulangeries de toute la région, ont augmenté leurs commandes de 40%. L’entreprise tourne à plein régime. Son PDG « redécouvre l’importance du maintien de l’industrie dans nos territoires, et du secteur agricole. Les GMS contribuent à la sécurité alimentaire de tout le Grand Est ». Merci patron ! Et demain ?
Messieurs les curés, un peu d’humilité !
L’autre soir, sur KTO, un prêtre jeune, en col romain parlait du manque, de la souffrance des chrétiens qui ne peuvent pas communier, mais qui « dans quelques semaines, auront le bonheur de refaire leur première communion » ! et il parlait du « privilège des prêtres qui peuvent célébrer l’Eucharistie et communier tous les jours ».
Mais on oublie tous ces chrétiens, divorcés remariés, en concubinage, non mariés religieusement, à qui l’Église interdit de communier depuis des années !!!
Aujourd’hui dans le journal on annonce qu’un prêtre, que je connais bien, dans le Kochersberg, va passer dans les rues des villages, tout seul, en promenant Jésus dans l’ostensoir doré, comme à la Fête-Dieu…
Je préférerais que, le Vendredi saint, il se promène dans les rues en portant sur le dos une lourde croix pour demander pardon à Dieu pour tous les pédocriminels prêtres et évêques qui ont fait tant de mal à notre Église, mais surtout à des enfants innocents.
Messieurs les curés, pitié ! Finissez-en avec ce cléricalisme.
Oui, il nous faut beaucoup prier, et agir aussi, pour que demain ne recommence pas comme hier.
Comme Jésus a réveillé Lazare du sommeil de la mort, nous voulons que les hommes et particulièrement les chrétiens se réveillent du sommeil de l’égoïsme. Nous voulons que les hommes et particulièrement les plus pauvres puissent vivre libres et debout.
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