Par Philippe Clanché
Father Ted était une série humoristique britannique, hilarante et joyeusement anticléricale. Dans une île perdue en Irlande, Ted, curé opportuniste, Dougal, jeune vicaire débile et un vieux prêtre aussi odieux qu’alcoolique et libidineux vivent des aventures délirantes, avec une gouvernante hystérique.
Dans l’épisode Speed 3, le vicaire crétin se trouve au volant d’un véhicule de laitier, piégé par une bombe ! Il ne peut ralentir son camion sous peine d’explosion. Informé par le poseur de bombe, Ted appelle à l’aide des prêtres voisins. Et l’on voit débarquer à côté du camion fou, trois prêtres en aube célébrant la messe sur un autel roulant. Sans aucun effet miraculeux. De retour au presbytère, les trois hommes d’Église se relaient devant un tableau noir pour trouver une solution à la crise. Les minutes passent. Une seule réponse s’impose toujours : dire la messe, dire une autre messe.

Pendant la crise que vit notre monde, il semble que l’Église catholique, à l’image de ces Irlandais de comédie, ne sache faire que cela. Les évêques font des pieds et des mains pour retransmettre via la toile « leur » célébration, seuls face à un cameraman. Un prélat a même enjoint ses « amis » sur la page Facebook de son diocèse de multiplier les « j’aime » pour pouvoir, comme ses camarades, diffuser une messe en direct sur le réseau social. Dans son communiqué à la veille des Rameaux, l’épiscopat s’est félicité de proposer plus de 300 cyber-célébrations de l’entrée de Jésus à Jérusalem !! Voici qui va grandement aider notre société apeurée.
Pour ceux qui ne peuvent aller à l’église, Le Jour du Seigneur et KTO portent cette responsabilité toute l’année. Ils savent le faire et le font bien. À quoi sert cette course à la vidéo-messe ? Ne peut-on penser une autre présence que cette cérémonie laquelle, privée de la présence du peuple de Dieu, perd une grande partie de sa pertinence ?
À cette interrogation, on m’objecte que les prêtres, de toute façon, célèbrent tous les jours la messe. Oui. Mais en quoi cela signifie-t-il qu’il convient de continuer ainsi sans jamais s’interroger ? Aujourd’hui, c’est la pandémie qui empêche les fidèles d’assister à l’office, mais demain, ce sera la majeure partie de la population française qui ne pourra le faire, faute d’officiants.
Les temps de crise, nous disent les penseurs, permettent de changer nos modes de vie et de pensée. Nombre d’observateurs assurent que rien ne sera plus comme avant l’irruption dans nos vies du Covid 19. Déjà en crise multi dimensionnelle avant ce printemps funeste, l’Église catholique sera-t-elle la seule à maintenir ses pratiques à l’identique ?
On ne peut décemment rien attendre de Rome, au cœur d’une Italie dévastée, où l’on tente plus de survivre que de penser les réformes. Mais c’est alors aux évêques, ainsi qu’aux prêtres et fidèles bien entendu, notamment de France, de proposer une autre manière de dire la sollicitude des catholiques envers le monde en pleurs. Pas se concentrer sur l’exploit technique du maintien, en moins bien, de ce qu’on a toujours fait.
Quand j’ai testé cette idée iconoclaste sur twitter, un contradicteur m’a répondu : « La célébration de la messe est le cœur de la vie du prêtre, sa raison d’être. Pourquoi voulez-vous qu’ils soient ailleurs ? Diffusées ou non, leurs messes seront bien évidemment célébrées, pour le plus grand bonheur de tous ». La première phrase prête déjà à discussion, avec son caractère bien plus autocentré que pastoral. Passons. Le « bien évidemment » et le « bonheur de tous » me font penser à l’orchestre sur le pont du Titanic. Coulons avec nos certitudes comme bouée de sauvetage.
Cette bien étrange Semaine sainte se prête peu à la révolution. Je vous invite à étudier la proposition d’Anne Soupa, qui propose de fêter « Pâques, mais après la fin du confinement » (à lire ici). Je compte sur l’arrivée prochaine de l’Esprit-Saint, qui devrait résister à la contamination, pour amener un grand courant d’air frais.
Source : http://cathoreve.over-blog.com/2020/04/des-messes-des-messes-devant-personne-mais-des-messes.html
Bonjour , je voudrais vous soumettre ce vécu le jour de Pâques
Mme V … a son époux opéré d’un cancer à Montpellier cette semaine . Impossible de lui rendre visite ni de lui parler car en réa . Elle doit rester à son domicile à Montélimar , à 150 kms de son époux du fait du confinement. Ses enfants depuis St M… à 200 kms organisent avec skype ce jour de Pâques à midi une visio conférence avec leur Mère , partage une recette de cuisine tout le matin et à l’heure du repas ils passent ensemble à table devant l’écran . Je “crois” que cela a été une cène .