Par Michel Bouvard, secrétaire général de la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones (CCBF) [1]
Pour beaucoup de chrétiens, ce début de 21e siècle est synonyme de catastrophe : chute violente de la pratique, mort de la chrétienté qui n’est plus une référence, montée de l’islam remettant en cause, selon eux, les valeurs chrétiennes qui ont fondé notre pays, retour violent de la laïcité et hostilité générale à l’égard des religions. Ces mêmes chrétiens, lorsqu’ils sont aussi parents, voient leurs enfants souvent prendre leur distance vis-à-vis de l’institution et simplement ne plus aller à la messe…
Et parallèlement, ou peut être par voie de conséquence, nous assistons à un retour des tendances maurassiennes, d’une extrême droite et d’une droite dure, qui cherchent à utiliser l’Église comme un dernier bastion pour la défense des valeurs, contre le « tout fout le camp », qui mettent en avant les rites et les dogmes dans une nostalgie d’un passé aux odeurs d’encens, où l’on a du mal à reconnaître la radicalité du message évangélique.
Luc 18, 8 : « Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre»
Matthieu 5, 13 : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. »
Est-ce la fin du christianisme, ou la venue d’un christianisme sans Christ ?
Et pourtant la recherche de spiritualité est toujours aussi importante, les jeunes générations cherchent de plus en plus à s’engager dans des métiers porteurs de sens, on entend de plus en plus parler d’engagement responsable, de développement durable, d’engagement pour la planète, et les paroles du pape François émeuvent le monde entier par leur pertinence.
Autant de raisons de rester optimistes, mais à certaines conditions !
Pour être entendu et compris, le christianisme aura besoin, à l’image de François, de parler le langage de l’Évangile avec les mots d’aujourd’hui, et de le présenter non comme un message de nostalgie, mais comme un message d’espérance vers un royaume à construire ici et maintenant, en lien et en dialogue avec ce monde et ses challenges. La foi ne s’impose pas au monde, elle se vit et s’exprime dans nos engagements, dans les rencontres avec les hommes et femmes de bonne volonté qui ensemble cherchent à découvrir les signes de la présence de l’Esprit. Si nous voulons être le sel de la terre dans ce monde aux multiples tentations, le discernement est un exercice difficile qui ne peut se faire qu’au sein de communautés d’Église à construire, où la foi se nourrit du partage fraternel de la Parole et du partage d’expériences de vie, dans des célébrations à bâtir.
Ce document propose dans une première partie des éléments de réflexions sur le contexte ecclésial difficile actuel, puis dans une seconde partie, il donne quelques pistes pour que vive, s’exprime et se construise un christianisme d’ouverture, ce qui me paraît être le rôle et la responsabilité de la CCBF pour les années à venir.
Note :
[1] http://www.baptises.fr/