La crise sanitaire, une occasion pour les croyants ?
Par Michel Deheunynck
Avec NSAE, nous sommes des chrétiens partageant librement nos chemins de foi en Jésus, notre ami et frère en humanité. Comme Lui, nous voulons être adultes dans cette foi, émancipés d’une tutelle religieuse et de sa tentation récurrente de se l’approprier cléricalement.
Cette crise sanitaire, comme toutes les crises de l’histoire, a pu être l’occasion pour les croyants de franchir une étape dans la façon de vivre leur recherche de foi et le sens qu’ils y donnent dans un monde désormais largement sécularisé ; de redonner priorité à l’Esprit de l’Évangile contextualisé autour des nouveaux enjeux et défis vécus aujourd’hui plutôt qu’à des pratiques et à un langage cultuels d’une tradition en mal de renouvellement ; de témoigner d’une foi libérante car contribuant, pour sa part, à donner du sens à la vie plutôt qu’à un dispositif religieux, à l’inverse, souvent enfermant, replié sur lui-même, « confiné » ; d’oser, enfin, être chrétiens… autrement.
Pour certains, le confinement sanitaire a pu être vécu comme un heureux déconfinement institutionnel par l’ouverture à une recherche de sens, de foi et de prière renouvelée, une spiritualité d’ouverture, à distance des formes trop convenues.
Mais pour les plus cléricaux, laïcs, prêtres, évêques, trop religieusement formatés, cette conversion forcée des repères les fait aspirer à un retour précipité à leurs bonnes vieilles habitudes. Des prêtres, en manque de représentation cultuelle publique, se sont livrés, en grande tenue d’apparat, à des exhibitions narcissiques sur les réseaux sociaux. Et voilà qu’ils demandent de pouvoir rouvrir les lieux de culte, si valorisants pour eux, de façon prématurée pour la célébration de la Pentecôte. Oubliant que cette fête de la Pentecôte, selon Saint Paul, est la fête de tous les amis de Jésus et d’abord des moins initiés, largement dispersés en humanité, bien plus que celle de quelques regroupements communautaristes identitaires.
Fussent-ils dépositaires d’une révélation divine pleinement incarnée, ils se trouvent même discrédités par les autres responsables cultuels qui ont mieux compris que la citoyenneté est première sur la religiosité et s’en remettent aux décideurs publics.
À NSAE, nous croyons que la laïcité est une chance pour l’authenticité d’une foi libre et nous dénonçons, comme le pape François, toute primauté cléricale sur la vie des croyants et sur celle de la société.