Pour le Vatican, Tony Flannery doit signer des serments de fidélité ou rester suspendu
Par Joshua J. McElwee
Un prêtre irlandais populaire suspendu de son ministère public en 2012, principalement en raison de son soutien à l’ordination des femmes, est maintenant menacé par le Vatican de rester indéfiniment suspendu à moins qu’il ne signe quatre serments stricts de fidélité aux enseignements catholiques.
Le père Tony Flannery, rédemptoriste, a révélé le 15 septembre au National Catholic Reporter (NCR) qu’il avait reçu cet été une lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF). Elle lui demande d’affirmer les positions officielles de l’église sur la prêtrise masculine, les relations homosexuelles, les unions civiles et l’identité de genre.
Le document, envoyé sur papier à en-tête de la congrégation et signé par le responsable en second de la Congrégation, l’archevêque Giacomo Morandi, informe la direction des Rédemptoristes à Rome que Flannery « ne devrait pas retourner au ministère public » si le prêtre ne signe pas les quatre serments joints.
Flannery a dit à NCR qu’il pense qu’il ne peut pas signer les documents en bonne conscience, et s’attend à ce que ce soit pour lui « la fin du chemin » en termes de ministère public.
« Signer ce document serait totalement ridicule pour moi », a déclaré le prêtre. « Ce document est tellement éloigné de la situation dans laquelle je me trouve actuellement, et il est formulé de telle manière qu’il n’y a aucune possibilité de dialogue de quelque nature que ce soit ».
Flannery est un écrivain irlandais populaire, animateur de retraites et, autrefois, pasteur. Il a été retiré du ministère public en février 2012 après que la congrégation du Vatican a exprimé son inquiétude concernant un certain nombre de chroniques qu’il avait écrites pour Reality, un magazine dirigé par des Rédemptoristes en Irlande.
Le maintien de la suspension du prêtre semble en contradiction avec les appels fréquents du pape François à une église plus ouverte au dialogue et au débat. Au cours des quatre synodes des évêques que François a accueillis pendant ses sept années de papauté, par exemple, le pontife a fréquemment exhorté les prélats participant à ces événements à ne pas exclure de sujets.
Le premier serment que Flannery est invité à signer concerne l’ordination des femmes. Le texte présente une « proposition doctrinale » selon laquelle « seul un homme baptisé reçoit valablement l’ordination sacrée ». Il demande ensuite au prêtre de signer qu’il a décidé de se « soumettre » à cette proposition.
Les trois autres serments demandent à Flannery d’affirmer que « les pratiques homosexuelles sont contraires à la loi naturelle », que les formes d’union entre partenaires hors mariage « ne correspondent pas au plan de Dieu pour le mariage et la famille » et que « la théorie des genres n’est pas acceptée par l’enseignement catholique ».
T. Flannery a déclaré que s’il a écrit et parlé sur les questions relatives aux trois premiers serments, l’inclusion du dernier l’a déconcerté.
« Je ne pense pas avoir jamais écrit une ligne sur la théorie des genres », a déclaré le prêtre, en plaisantant : « Je voudrais étudier et savoir ce que c’est exactement avant même de commencer. »
La lettre de la congrégation du Vatican, qui est adressée au supérieur de l’ordre des Rédemptoristes, le père Michael Brehl, fait référence à une lettre de Brehl datant de février 2020. La congrégation dit que la lettre citée proposait de « permettre au Père Tony Flannery de revenir au ministère public ».
Brehl n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaires sur cette affaire. La congrégation du Vatican, qui est dirigée par le cardinal Luis Ladaria, n’a pas non plus répondu immédiatement à une demande de commentaires.
Après avoir examiné les documents relatifs à l’affaire, un avocat canonique respecté, qui a demandé à ne pas être nommé, a déclaré qu’il semblait que le Vatican voulait sanctionner durement Flannery.
La lettre du Vatican n’indique pas que Flannery serait immédiatement réintégré dans le ministère s’il signait les quatre serments. Au contraire, elle promet qu’après la signature du prêtre, « une réadmission progressive du Père Flannery à l’exercice du ministère public sera rendue possible par le biais d’un accord avec cette congrégation ».
La lettre suggère également que si le Père Flannery devait reprendre le ministère, « il lui serait demandé de ne pas parler publiquement » sur les quatre sujets concernés par les serments prévus.
Flannery a déclaré qu’il n’avait pas demandé d’avis canonique sur la dernière lettre.
« Après un premier regard, même le plus superficiel, il était évident pour moi que je n’allais rien signer de tout cela », a déclaré le prêtre. « Je suppose que… ils auraient su que je n’allais pas la signer ».
Flannery, dont le dernier livre, From the Outside : Rethinking Church Doctrine, est publié en octobre, a déclaré que l’idée de retourner au ministère, mais de se voir interdire de parler sur certains sujets n’était pas attrayante.
« J’ai 73 ans, et passer par ce processus ne serait plus une vie », a-t-il dit.
Je suppose que ce que je fais maintenant, en rendant cela public, c’est dire : « Écoutez, oubliez ça. Je ne veux plus avoir à faire avec la CDF », a déclaré le prêtre, en utilisant un acronyme pour la congrégation du Vatican. « Je veux juste vivre ce qu’il me reste à vivre. »
Traduction : Lucienne Gouguenheim