Le pape vient-il de critiquer le processus allemand de réforme de l’Église « par le chemin synodal » ? Le principal organisme laïc dit « non ».
Par Cameron Doody
Un important organisme laïc allemand nie que le pape ait critiqué le processus de réforme de l’Église dans ce pays, sur le « chemin synodal ».
Controverse autour de l’audience générale
Cette semaine, le pontife a suscité une controverse dans l’Église allemande par les remarques qu’il a faites lors de l’audience générale du mercredi.
Dans sa catéchèse, François a reconnu : « Parfois, je ressens une immense tristesse lorsque je vois une communauté qui a de la bonne volonté, mais qui prend le mauvais chemin parce qu’elle pense que l’Église se construit dans les réunions, comme si elle était un parti politique. Mais la majorité, la minorité, que pensent-elles de ceci, de cela et de l’autre ? Et c’est comme un Synode, le chemin synodal que nous devons prendre… ».
Je me demande : « Mais où est l’Esprit Saint ? Où est la prière ? Où est l’amour communautaire ? Où est l’Eucharistie ? » Sans ces quatre balises, l’Église devient une société humaine, un parti politique – majoritaire, minoritaire – les changements se font comme s’il s’agissait d’une société, selon la majorité ou la minorité… Mais l’Esprit Saint n’est pas là ».
« Je ne peux pas imaginer que le Pape François veuille empêcher les décisions démocratiques » sur l’avenir de l’Église : président du Comité central des catholiques allemands
Un jour après la mise en garde du pape contre la transformation de l’Église en « société humaine » et la prise de décisions sur la base de la volonté majoritaire, Thomas Sternberg, le président du Comité central des catholiques allemands (ZdK) – l’organisme laïque clé en partenariat avec les évêques allemands sur la voie synodale – a nié que François faisait allusion au projet de renouveau de l’Église allemande.
Loin de critiquer le chemin synodal, dans ses commentaires, François a exhorté les catholiques « à chercher courageusement des solutions pour la voie de l’Église d’aujourd’hui et pour la prédication de la foi » tout en restant attentif à la « dimension spirituelle » de cette recherche, a déclaré Sternberg à l’agence de presse catholique allemande KNA.
Le processus de réforme du « chemin synodal » de l’Église allemande réunit des clercs et des laïcs ainsi que des experts extérieurs dans des discussions sur quatre questions clés de la vie et de la pratique de l’Église, que les évêques allemands ont identifiées comme ayant contribué à la crise des abus sexuels du clergé dans le pays.
Ces quatre questions sont l’abus de pouvoir et d’autorité dans l’Église, la morale sexuelle catholique oppressive, les exigences difficiles à supporter du célibat clérical obligatoire et l’absence de femmes dans les rôles décisionnels.
Les participants au cheminement synodal ont attiré à plusieurs reprises l’attention du Vatican sur leur volonté déclarée de voter pour des changements même aux vérités les plus sacrées de l’Église sur ces questions.
Mais, dans ses derniers commentaires sur le chemin synodal, Sternberg a minimisé la nature révolutionnaire des discussions, et a insisté sur le fait que le processus ne fait rien d’autre que combiner « la recherche démocratique de nouvelles solutions » avec « la spiritualité, la prière et le culte ».
« Je ne peux pas imaginer que le pape François veuille empêcher des décisions démocratiques sur les structures et les formes d’organisation en se référant à la dimension spirituelle de l’Église », a soutenu le président du ZdK.
« L’Église n’est pas une Église du clergé. Nous sommes tous ensemble l’Église » : l’archevêque de Fribourg.
Outre le cheminement synodal, un autre point de tension récent entre le Vatican et l’Église allemande a été l’instruction sur la vie paroissiale que la Congrégation du Vatican pour le clergé a publiée en juin.
De nombreux évêques et laïcs allemands ont considéré que cette instruction empiétait sur leurs projets visant à impliquer les communautés catholiques locales dans un mode de direction qui exclut les hommes et les femmes non ordonnés.
Le 12 novembre, le préfet de la Congrégation pour le clergé, le cardinal Beniamino Stella, a tenté d’apaiser les tensions en organisant une réunion en ligne avec le président et le vice-président de la conférence des évêques allemands.
Mais même avant cette réunion, au moins un archevêque allemand soutenait encore que l’instruction du Vatican sur les paroisses n’était pas un signe d’arrêt à la réorganisation des paroisses et aux plans de réforme de l’Église de plusieurs diocèses allemands.
« Rome montre le cadre dans lequel nous pouvons développer des perspectives pour l’organisation et la structure futures de l’Église », a déclaré l’archevêque de Fribourg Stephan Burger à la KNA le 30 octobre.
Même en concédant ce point au Vatican, Burger a insisté sur le fait que les différentes perspectives de tous les catholiques, hommes et femmes, sont nécessaires pour un « vivre ensemble » dans l’Église.
« L’Église n’est pas une Église du clergé. Nous sommes tous ensemble l’Église », a expliqué l’archevêque de Fribourg, tout en avertissant, à propos du cheminement synodal, que « nous ne devons pas oublier que nous sommes une Église mondiale et que l’Allemagne seule ne peut pas être la mesure de toutes choses ».
Source : https://novenanews.com/did-pope-just-criticise-synodal-path-church-reform/
Traduction : Lucienne Gouguenheim
NSAE a apporté son soutien au Chemin synodal
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