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Le culte avant la culture ?

Publié le 17 décembre 2020 par Lucienne Gouguenheim dans Éditorial Aucun commentaire
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Le culte avant la culture ?

Par René Poujol

Ă€ trop se crisper sur la libertĂ© de culte, les catholiques pourraient bien la fragiliser. 

La culture en gĂ©nĂ©ral et les spectacles vivants en particulier, paient un lourd tribut Ă  la lutte contre la pandĂ©mie de Covid19. La non-rĂ©ouverture des cinĂ©mas, théâtres, salles de concert, cirques et musĂ©es Ă  la veille des fĂŞtes de fin d’annĂ©e a Ă©tĂ© perçue par nombre d’acteurs de ce secteur d’activitĂ© comme un coup de poignard dans le dos. Pire : comme une forme de mĂ©pris. Et l’on a entendu des comĂ©diens de renom se demander ouvertement pourquoi, dans un pays laĂŻc comme la France, on autorisait le retour au culte tout en refusant les mĂŞmes droits Ă  la culture. Les catholiques devraient y ĂŞtre attentifs Ă  l’heure oĂą certains seraient tentĂ©s de s’en tenir Ă  la seule revendication de leurs droits propres, fussent-ils constitutionnels. 

Que celui qui sait, de science exacte, ce qu’il eĂ»t fallu faire pour lutter plus efficacement contre la pandĂ©mie lève la main. VoilĂ  bien un geste auquel je ne me risquerai pas. Fallait-il, pour Ă©radiquer le mal, prendre le risque de fragiliser aussi durablement des pans entiers de notre Ă©conomie ? L’histoire le dira, peut-ĂŞtre, un jour. Pour l’heure prĂ©domine toujours la distinction, difficile Ă  trancher, entre besoins essentiels et non-essentiels. Or s’il est bien Ă©vident que l’urgence Ă  se nourrir, se soigner, s’habiller ou se dĂ©placer recouvre objectivement des prioritĂ©s, on peut comprendre le sentiment d’injustice et au-delĂ  l’angoisse de ceux – et ils sont nombreux – qui se demandent s’ils se relèveront de l’interdiction qui leur est faite de travailler. Et qui plaident que le besoin de socialisation au travers des loisirs, du sport, de la culture ou de la frĂ©quentation des bars et restaurants est Ă©galement « essentiel » Ă  l’équilibre de chacun comme Ă  la prĂ©servation de notre mode de vie. 

Le culte comme « libertĂ© fondamentale Â»

Dans ce dĂ©bat entre essentiel et non-essentiel, la question de la rĂ©ouverture des lieux de culte est venue nourrir la polĂ©mique. Lorsque des acteurs de renom comme Charles Berling ou Jacques Weber s’étonnent publiquement que dans un pays de laĂŻcitĂ©, comme la France, on puisse autoriser le retour au culte tout en maintenant l’interdiction des activitĂ©s culturelles, il faut prendre la mesure de l’incomprĂ©hension et de l’enjeu. 

Sur le fond, l’argument ne tient pas. Pour la simple raison qu’en droit français la liberté de culte – tout comme la liberté d’expression ou de manifestation – a statut de liberté fondamentale, consacrée par nos textes constitutionnels. C’est ce qu’a rappelé encore récemment le Conseil d’État en demandant au gouvernement d’assouplir la jauge (un temps bloquée à 30 personnes) applicable aux lieux de culte. Ce qu’ont rappelé, de leur côté, certains évêques tel Mgr Antoine Hérouard dans une tribune au Monde.

C’est lĂ  une donnĂ©e objective de notre droit, indĂ©pendante des prĂ©fĂ©rences de chacun au regard du culte ou de la culture. C’est notamment cette libertĂ© fondamentale, inscrite dans les textes, qui fonde l’obligation de diffusion d’émissions religieuses sur les chaĂ®nes publiques de radio et de tĂ©lĂ©vision et la prĂ©sence d’aumĂ´niers (catholiques, protestants, juifs ou musulmans) dans tous les lieux « clos Â» que sont les hĂ´pitaux, les casernes ou les prisons. Au regard du droit – et la France est un État de droit – on ne peut donc contester aux responsables des cultes de se prĂ©valoir d’une loi qui est le bien commun de tous les Français croyants ou non. Comme l’est, pour tous les citoyens, la libertĂ© d’expression et de manifestation. 

La libertĂ© de culte : concession Ă  l’obscurantisme ? 

Pour autant il faut ĂŞtre attentifs Ă  la manière dont tout cela est perçu par l’opinion publique. Que la rĂ©ouverture des Ă©glises au culte puisse ĂŞtre ressentie par certains comme discriminatoire au regard d’autres lieux demeurĂ©s fermĂ©s est un vĂ©ritable dĂ©fi et doit interroger les communautĂ©s de croyants. Qu’un journaliste puisse interprĂ©ter la levĂ©e du couvre-feu au soir du 24 dĂ©cembre et son maintien le 31 comme la victoire d’un « certain ordre moral Â» et religieux en dit long sur de possibles malentendus, alors mĂŞme que pour l’immense majoritĂ© des Français NoĂ«l est d’abord une fĂŞte sĂ©cularisĂ©e autour de la famille et des enfants. [1] Que les libertĂ©s d’expression et de manifestation soient globalement perçues par les Français, comme Ă©mancipatrices pour tous les citoyens lĂ  oĂą la libertĂ© de culte ferait figure de concession d’un autre âge Ă  l’obscurantisme religieux, au seul bĂ©nĂ©fice de quelques-uns, n’est pas sans consĂ©quence. Ce qui aujourd’hui est un droit pourrait ne plus l’être demain si la sociĂ©tĂ© en dĂ©cidait ainsi. 

Ces tensions surgissent dans le contexte du prochain dĂ©bat parlementaire relatif Ă  la loi sur les sĂ©paratismes. Une loi qui entend renforcer la laĂŻcitĂ© Ă  travers la lutte contre l’Islam radical. Mais avec de graves risques de dĂ©rives comme le dĂ©nonce l’historien de la laĂŻcitĂ© et sociologue Jean BaubĂ©rot dans diffĂ©rentes tribunes rĂ©centes. Il Ă©crit dans le Monde : « Le paradoxe c’est que le gouvernement affirme renforcer la laĂŻcitĂ©, alors qu’il porte atteinte Ă  la sĂ©paration des religions et de l’État. (…) Il va plus loin que ne le rĂ©clamaient les partisans d’un contrĂ´le Ă©tatique sur les religions, quand se prĂ©parait en 1904, la loi de sĂ©paration des Églises et de l’État. (…) Aujourd’hui on veut aller plus loin que les “combistes “ Â». VoilĂ  qui interroge ! [2]

Parler de Dieu quand Dieu n’intéresse plus personne

Au mois d’aoĂ»t dernier, une enquĂŞte IFOP publiĂ©e par le mĂŞme quotidien illustrait une nouvelle Ă©rosion de la culture chrĂ©tienne chez les jeunes Français. JĂ©rĂ´me Fourquet commentait l’étude en ces termes : « Il y a un phĂ©nomène global de sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ©. Pour beaucoup, cela n’a plus grand intĂ©rĂŞt de connaĂ®tre cette culture. C’est devenu une langue Ă©trangère, voire inconnue, pour une grande partie des jeunes gĂ©nĂ©rations. Â» Le 4 dĂ©cembre, revenant sur cette enquĂŞte,  Golias Hebdo titrait : « Parler de Dieu quand Dieu n’intĂ©resse plus personne. Â» Et l’auteur de l’article de livrer ce commentaire : « Quelle parole et quel tĂ©moignage pourraient surmonter ce manque d’intĂ©rĂŞt Ă©vident pour les rĂ©alitĂ©s de la foi ? (…) Comment suggĂ©rer un intĂ©rĂŞt pour la question de Dieu hors toute dĂ©marche religieuse ? Est-ce seulement possible ? Â» [3]

Autant d’évolutions qu’il faut avoir Ă  l’esprit. Elles portent le risque d’une incomprĂ©hension croissante entre la sociĂ©tĂ© et les croyants. Et au-delĂ , un risque de remises en question si ces derniers donnaient par trop le sentiment d’être dans la simple revendication ou la dĂ©fense de « droits acquis Â» fussent-ils constitutionnels, sans grande considĂ©ration pour le reste de la sociĂ©tĂ©. Revendiquer, par des manifestations publiques ostentatoires, le droit Ă  la rĂ©ouverture des Ă©glises, en pleine pĂ©riode de confinement, n’était assurĂ©ment pas la meilleure manière de dire sa solidaritĂ© avec l’ensemble des Français, Ă©galement contraints, et de leur offrir l’image de croyants soucieux de concilier leur foi et leur devoir citoyen.

Aux premiers rangs du combat pour la culture

Les Ă©vĂŞques de France l’ont bien compris qui, dans un premier temps, Ă  une dizaine d’exceptions près, ont plutĂ´t appelĂ© les fidèles Ă  la patience et Ă  la responsabilitĂ©. Ce qui a Ă©tĂ© l’attitude commune des leaders religieux protestants, juifs ou musulmans. La tonalitĂ© a changĂ© lorsque le gouvernement, ayant dĂ©cidĂ© une rĂ©ouverture des lieux de culte, s’est enferrĂ© dans cette jauge invraisemblable des 30 fidèles. Le recours alors intentĂ© devant le Conseil d’Etat contre une mesure reconnue par tous comme absurde ne justifiait sans doute pas les condamnations sans appel qui, ici ou lĂ , ont par moment pris l’allure d’un bishop-bashing. Comme si l’essentiel Ă©tait de se dĂ©marquer, aux yeux de l’opinion, d’un Ă©piscopat suspectĂ© d’être sous influence d’« ultras Â». Voir certains catholiques relativiser les conditions d’exercice rĂ©el de la libertĂ© de culte, lĂ  oĂą ils n’auraient fait aucune concession sur les libertĂ©s d’expression et de manifestation mĂ©rite rĂ©flexion et dĂ©bat.

Pour le reste, les religions prĂ©sentes sur le territoire national font partie de notre patrimoine commun. En prĂ©server le libre exercice est un enjeu essentiel de culture, non seulement pour les croyants, mais pour la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Raison de plus pour que les catholiques soient au premier rang du combat pour la culture, dans sa diversitĂ©, au cĂ´tĂ© de celles et ceux qui la font vivre et qui en vivent. Il leur faut, lĂ  encore, Ă©couter le pape François. Ce n’est pas le moindre mĂ©rite de son encyclique Laudato si’ que d’avoir soulignĂ© combien, Ă  travers le dĂ©fi Ă©cologique, la CrĂ©ation Ă  protĂ©ger n’était pas que nature, mais Ă©galement culture. 

Notes :
[1] Cédric Enjalbert dans une Newsletter de « Philosophie magazine » cité par le philosophe Denis Moreau dans un billet de son compte Facebook.
[2] Le Monde du 15 dĂ©cembre 2020, p.30 
[3] Voir https://nsae.fr/2020/12/14/parler-de-dieu-quand-dieu-ninteresse-plus-personne/

VERBATIM

Festival de Sylvanès : Michel Wolkowitsky, directeur de l’abbaye et Michel Piquemal.

« La laĂŻcitĂ© reprĂ©sente Ă©galement, dans l’univers de la culture, un idĂ©al de rencontre oĂą diffĂ©rentes traditions religieuses et spirituelles peuvent entrer en dialogue les unes avec les autres et ensemble avec la sociĂ©tĂ© et le monde des arts. C’est ce que vit depuis plus de quarante ans l’abbaye de Sylvanès, proche de ma ville natale, dans le Rouergue mĂ©ridional. Et je reste infiniment reconnaissant au frère AndrĂ© Gouzes, op, et Ă  Michel Wolkowitsky d’avoir fait de cette abbaye cistercienne du xiie siècle un lieu ouvert de dialogue et de crĂ©ation, dans une triangulation fĂ©conde entre le rĂ©pertoire musical d’inspiration catholique, la richesse des autres traditions religieuses et spirituelles du monde et la sociĂ©tĂ© sĂ©cularisĂ©e qui est notre rĂ©alitĂ©. Mon attachement Ă  ce lieu, Ă  travers diverses publications et mon appartenance Ă  son conseil d’administration, tient Ă  la conviction que se joue lĂ , non sans difficultĂ© ni rĂ©sistance parfois, le meilleur de ce que la laĂŻcitĂ© peut reprĂ©senter de richesse pour notre pays lorsqu’on a compris que des croyants pouvaient la servir avec loyautĂ©, gĂ©nĂ©rositĂ© et dĂ©sintĂ©ressement. Â» (RenĂ© Poujol : Catholique en libertĂ©, p.147)

Source : https://www.renepoujol.fr/le-culte-avant-la-culture/?fbclid=IwAR14o6CEsYyLndZ_lCFQ4et4ICVruTT-zfPWBQM4SY4oPdt6bmhhKJU6UxU

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