Par Phyllis Zagano

Bonne nouvelle : le Pape François a nommé la religieuse Xavière, Sœur Nathalie Becquart, au poste de sous-secrétaire du bureau du Synode des évêques du Vatican, avec éventuellement un droit de vote. Autre nouvelle : le deuxième sous-secrétaire nommé, l’augustinien Luis Marín de San Martín, deviendra évêque.
Plus ça change…
Néanmoins, il est important d’avoir une voix féminine au sommet, et que Sœur Becquart ait probablement droit de vote constitue une déclaration importante sur le rôle des non ordonnés.
Convaincu que la pandémie sera terminée d’ici là, le pape François convoque un synode pour octobre 2022 afin de discuter de la synodalité.
Pour discuter de quoi ?
De la synodalité. Essentiellement, il s’agit d’avancer ensemble. Le concept tourne autour de la façon dont l’Église a – ou semble avoir – pris des décisions au cours des siècles. Ainsi, bien que personne ne sache exactement qui sera convoqué à Rome, nous pouvons être assurés que ce seront les évêques. À en juger par l’expérience du dernier synode – un synode extraordinaire qui a examiné l’Église dans la région panamazonienne – des femmes peuvent également être convoquées. Il reste à voir si elles auront le droit de vote.

Le thème pour octobre 2022 est « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». La tâche des membres du synode, qu’ils soient hommes ou femmes, religieux, clercs ou laïcs, est d’entrer dans un discernement sérieux sur la manière dont l’Église (communion) – c’est-à-dire l’Église tout entière (participation) – peut avancer (mission) à la lumière de l’Esprit. Le mot clé ici est le discernement.
Ainsi, un synode sur la synodalité ne consiste pas tant à prendre des décisions qu’à prendre des décisions sur la manière dont l’Église peut prendre des décisions et, finalement, prendre des décisions. Cela vous paraît déroutant ? Bien sûr. L’Église est une entreprise désordonnée, et si elle n’était pas d’origine divine, elle aurait suivi le chemin de centaines de sociétés en faillite à travers les âges.
Et le mot clé, comme je l’ai dit, est le discernement. François parle souvent du besoin réel de discernement alors que l’Église continue à avancer, à croître et à se développer. Lorsque la Commission théologique internationale a publié sa longue exégèse sur le discernement en mars 2018, elle a omis le chapeau du paragraphe 114 :
Le discernement doit s’effectuer dans un espace de prière, de méditation, de réflexion et d’étude, dont nous avons besoin pour entendre la voix de l’Esprit ; au moyen d’un dialogue sincère, serein et objectif avec nos frères et sœurs ; en prêtant attention aux expériences et aux défis réels de chaque communauté et de chaque situation ; dans l’échange des dons et dans la convergence de toutes les énergies en vue de l’édification du Corps du Christ et de l’annonce de l’Évangile ; dans le creuset des sentiments et des pensées qui nous permettent de comprendre la volonté du Seigneur ; en cherchant à être libérés par l’Évangile de tout obstacle qui pourrait affaiblir notre ouverture à l’Esprit. .
Le discernement est donc la clé, et non la loi. Le discernement est le processus, pas la procédure parlementaire. Le discernement est le moyen, pas le commerce du pouvoir. Associés à une véritable compréhension du discernement, les mots liés entre eux du thème du prochain synode – communion, participation et mission – offrent une possibilité passionnante à l’Église de l’après-Vatican II dirigée par François. Ils constituent également des cibles attrayantes pour les partisans de la ligne dure de l’Église.
Il ne fait aucun doute que la droite ecclésiale est souvent directement liée à la droite politique, et pas seulement aux États-Unis. Regardez les luttes intestines en Allemagne. Voyez la mêlée politico-ecclésiale en Pologne. Comparez la faible réaction de la conférence des évêques américains à l’insurrection du Capitole du 6 janvier avec leur attaque directe contre le président Joe Biden.
Ajoutez à cela la frange folle croissante de l’Église – les prêtres-blogueurs, les exorcistes amateurs et les déplaisants médias « catholiques » aux États-Unis et ailleurs – et la perspective de la synodalité semble bien faible.
Cette frange sera-t-elle entendue ?
En fait, un véritable discernement exige de prêter attention à toutes les voix, même celles de la cacophonie. Que veulent-elles ? D’où viennent-elles ? Parfois, le hurlement signifie que la voiture sort de la route. Et parfois, cela signifie qu’elle est sortie de la route exprès. Qu’en est-il ?
Le catholicisme a toujours eu une très grande tente. L’histoire des synodes et des conciles est vraiment celle d’un effort pour que tout le monde s’entende. Il ne s’agit pas d’« être d’accord pour bien s’entendre », mais plutôt de se présenter à la table avec un réel intérêt pour la discussion et, oui, du discernement.
La différence, du moins dernièrement, est que les femmes sont autorisées à entrer dans la tente et à s’asseoir à la table. La dernière fois, qu’elles votent ou non, leur voix a été entendue même si toutes leurs questions et demandes n’ont pas été retenues. Pas encore.
Le synode d’Amazonie a demandé que des femmes soient installées comme lecteurs et acolytes, et le canon limitant ce ministère laïque aux hommes a été modifié. Le synode a demandé qu’il y ait des femmes diacres – ou du moins que l’existence de femmes diacres soit prise en considération – et la demande a été soumise à une (énième) commission. Il a souhaité des prêtres mariés, mais il n’y a pas eu de véritable demande.
Le fait est qu’un organe représentatif de l’Église a participé à une discussion sur la manière dont la mission de l’Église en Amazonie pourrait s’accomplir en communion avec l’Église tout entière. Ils ont discerné.
Sur certains points, le pape a pris une décision. Sur certains points.
Source : https://www.ncronline.org/news/opinion/just-catholic/womens-voices-necessary-genuine-discernment-synods
Traduction : Lucienne Gouguenheim