Par Jack Jenkins

Invoquant l’utilisation de cellules ayant un lien lointain avec l’avortement dans le développement du vaccin, les dirigeants de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) dissuadent les catholiques, s’ils en ont le choix, d’utiliser le nouveau vaccin COVID-19 de Johnson & Johnson.
Cette déclaration, qui fait suite à une proclamation similaire de l’archevêché de La Nouvelle-Orléans la semaine dernière, fait valoir que, si les dirigeants de l’USCCB ont déjà approuvé l’utilisation des vaccins COVID-19 créés par Moderna et Pfizer-BioNTech parce que, alors qu’ « une lignée cellulaire dérivée de l’avortement a été utilisée pour les tester, mais pas dans leur production », ce n’est pas le cas du vaccin de Johnson & Johnson.
« Le vaccin de Johnson & Johnson a été développé, testé et produit avec des lignées cellulaires dérivées d’avortements, ce qui soulève des préoccupations morales supplémentaires », selon la déclaration.
Celle-ci cite un récent document du Vatican qui déclare qu’il est « moralement acceptable de recevoir des vaccins COVID-19 qui ont utilisé des lignées cellulaires provenant de fœtus avortés ». Toutefois, l’USCCB a exhorté les catholiques à choisir un autre vaccin que celui de Johnson & Johnson – dont l’utilisation a été approuvée aux États-Unis au cours du week-end – si cette option leur était proposée.
« Si l’on a la possibilité de choisir un vaccin, ce devrait être les vaccins de Pfizer ou de Moderna plutôt que celui de Johnson & Johnson », peut-on lire dans la déclaration.
La déclaration des évêques a été rédigée par l’évêque Kevin C. Rhoades de Fort Wayne-South Bend, président du comité doctrinal de l’USCCB, et l’archevêque Joseph F. Naumann de Kansas City au Kansas, président du comité des activités pro-vie de l’USCCB.
La déclaration de La Nouvelle-Orléans décrit le vaccin Johnson & Johnson comme « moralement problématique » et demande, comme l’USCCB, aux catholiques de l’éviter si possible.
La controverse porte sur l’utilisation de cellules couramment utilisées dans la recherche médicale qui, selon les informations disponibles, pourraient trouver leur origine dans des fœtus avortés dans les années 1970 et 1980. Les lignées cellulaires – connues sous les noms de HEK293 et PER.C6 – ont été utilisées par Moderna, Pfizer-BioNTech et Johnson & Johnson à divers degrés, mais les chercheurs et les éthiciens ont noté que les cellules de ces lignées cellulaires et d’autres similaires sont des clones et ne constituent pas le tissu fœtal d’origine.
Un ecclésiastique catholique, l’évêque Joseph Strickland du diocèse de Tyler, a fait valoir que les catholiques devraient également éviter les vaccins Moderna et Pfizer-BioNTech en raison de leur implication dans les lignées cellulaires.
Interrogé sur les orientations de l’USCCB, un porte-parole de Johnson & Johnson a publié la déclaration suivante :
« Notre vaccin COVID-19 de Janssen ne contient pas de tissu fœtal. Notre vaccin COVID-19 est un vecteur adénoviral inactivé/non infectieux (semblable à un virus du rhume), qui code pour la protéine “spike” (S) du coronavirus. Nous sommes en mesure de fabriquer des centaines de millions de doses grâce à notre système de lignées cellulaires artificielles qui permet la production rapide de nouveaux vaccins viraux pour combattre un grand nombre des maladies infectieuses les plus dangereuses ».
Ces déclarations pourraient avoir un impact sur les efforts de déploiement de vaccins en cours dans tout le pays. Une multitude d’institutions catholiques, allant des hôpitaux aux églises individuelles, sont déjà impliquées dans la distribution des vaccins, et on ne sait pas comment elles réagiront à la nouvelle déclaration de l’USCCB.
Si les organisations devaient modifier leurs pratiques en réponse aux recommandations, le déploiement pourrait différer selon les diocèses : lundi, l’archidiocèse de La Nouvelle-Orléans a déclaré qu’il « demande à toutes les entités catholiques de distribuer les vaccins conformément aux directives éthiques que nous avons publiées ».
L’Association catholique pour la santé (ACS), qui représente quelque 600 hôpitaux et 1 600 établissements de soins de longue durée et autres établissements de santé, a publié le 25 février une déclaration selon laquelle les « éthiciens du groupe, en collaboration avec d’autres bioéthiciens catholiques, estiment qu’il est moralement acceptable de recevoir les vaccins Covid-19 développés par Johnson & Johnson ».
A la question de savoir si la déclaration de l’USCCB modifie leur conclusion ou s’ils refuseront de distribuer le vaccin Johnson & Johnson si on leur en donne la possibilité, un porte-parole de l’ACS a fait la réponse suivante : « Le porte-parole a ajouté : “Notre priorité est de s’assurer que tous ont accès à un vaccin”. »
Les responsables de l’USCCB figuraient parmi plusieurs chefs religieux qui ont fait part de leurs inquiétudes concernant le vaccin Johnson & Johnson dans une lettre adressée au commissaire de la Food and Drug Administration américaine en avril 2020, affirmant qu’il était produit en utilisant « des lignées cellulaires éthiquement problématiques ».
Le document du Vatican cité par l’USCCB a été publié en décembre et a conclu qu’il était « moralement acceptable » que les catholiques reçoivent des vaccins utilisant les lignées cellulaires controversées pour la recherche. Le document ne cite aucun vaccin nommément, bien que les responsables du Vatican aient proposé le vaccin Pfizer-BioNTech à tous les citoyens du Vatican. Le pape François, pour sa part, aurait été vacciné en janvier.
On reconnait au vaccin de Johnson & Johnson des avantages pratiques par rapport aux vaccins de Moderna et de Pfizer-BioNTech. Contrairement à ses concurrents, qui nécessitent deux doses, le vaccin de Johnson & Johnson n’en nécessite qu’une seule. On peut également le conserver au réfrigérateur, ce qui facilite sa distribution.
Cet article a été mis à jour pour inclure les commentaires de l’Association catholique pour la santé.
Source : https://www.ncronline.org/news/coronavirus/us-bishops-discourage-catholics-getting-johnson-johnson-vaccine-if-given-choice
Traduction : Lucienne Gouguenheim