Roulons la pierre du tombeau
En clôture de l’Assemblée générale interne de NSAE, le 24 avril dernier, Michel Deheunynk nous a proposé cette prière « inspirée par l’intervention de Dominique Collin, et marquée par le contexte où nous la partageons : virus, Saint-Merry et aussi le temps pascal ».
Cette année, un virus nous a confinés. Toi aussi, frère Jésus, depuis des siècles, tu as été confiné. Mais aujourd’hui, te voilà en communion par vidéo avec nous.
En ce temps encore de Pâques, roulons la pierre du tombeau où bien d’autres virus et tous leurs variants n’ont cessé de te contaminer, de te confiner, de t’enfermer :
- Le virus de l’dentitarisme qui t’a confiné et confisqué au monde païen ;
- Le virus du conservatisme qui t’a confiné dans ses traditions cultuelles d’un autre âge ;
- Le virus du marketing religieux qui t’a confiné dans ses vitrines de tabernacles et d’ostensoirs clinquants ;
- Le virus du cléricalisme qui a confiné ton Évangile pour mieux humilier à genoux tous ceux que tu avais remis dignement debout ;
- Le virus du canonisme qui t’a confiné dans ses dogmes, ses doctrines, ses rituels sacralisés, ses fétiches idolâtrés ;
- Le virus du bio-moralisme qui a confiné ta foi en la vie dans une conception modélisée, et bien étriquée de cette vie ;
- Le virus du piétisme qui t’a confiné dans une exaltation de la sainteté d’hier au lieu d’ouvrir ton audace prophétique au monde de demain.
Tu veux te donner largement à tous mais les gardiens du temple contrôlent les papiers sacramentels, conjugaux, amoureux, … de ceux qui se rapprochent de toi.
Ils ont voulu t’enfermer. Tu as voulu t’échapper. Ils t’ont retrouvé parmi les tiens, à St Merry et ailleurs et t’ont remis les menottes hiérarchiquement bénies.
A quand la levée d’écrou ? A quand l’immunité collective de tes amis face à tous ces virus ?
Mais… ce Jésus contaminé, confiné, confisqué, est-ce vraiment encore toi ? Est-ce bien toujours celui que nous avons voulu aimer, suivre, servir, qui nous rassemble aujourd’hui encore en son nom ?
Alors, si le « Jésus » de l’appareil religieux, ce n’est… plus toi, alors, ses geôliers peuvent se le garder. Celui-là, il finira avec eux…
Mais toi, tu es et tu restes toujours avec nous, partenaire de tous nos combats comme une chance pour notre monde, peuple de Dieu dispersé dans notre société religieusement distante, comme un signe pour notre humanité qui, elle, ne prétend pas t’enfermer dans des catéchismes ou des vases sacrés mais qui est en recherche de sens pour éclairer son destin.
Et là, en plein cœur de nos vies, on te reconnaît déjà mieux. Oui c’est bien toi ! Il est là notre acte de foi en toi et en ton amour pour tous qui, lui, ne peut jamais être ni confiné ni réservé. Et ainsi, l’accueil de ton Évangile, enfin délivré de tout conditionnement et de tout formalisme, peut très librement proposer, en humanité, des projets de vie dans la dignité de chacun et la solidarité de tous.
Parce que toi, tu restes un homme libre et ici, dans nos collectifs où nous sommes aussi Église mais autrement, sur tous nos parvis et dans toutes nos périphéries, tu nous as donné le goût de cette liberté et ton Esprit pour la conquérir ensemble.
Alors, comme le temps de Pâques c’est tous les jours, roulons encore et encore la pierre de nos tombeaux ! En nous libérant, c’est toi que nous libérons !