François redessine l’Église avec de nouveaux ministères laïcs
Par Phyllis Zagano
Lorsque le pape François a déclaré qu’il ne voulait pas cléricaliser les laïcs, il était sérieux. Aujourd’hui, alors que trop d’évêques ont la gorge nouée par la question de savoir qui peut s’approcher de la communion, le 266e successeur de saint Pierre redessine l’Église.
Tout a commencé avec le Concile Vatican II. Puis, en 1972, le pape Paul VI a supprimé les ordres mineurs en réponse à la tempête du concile, créant à la place deux ministères laïcs « institués » : lectorat et acolyte.
Pour les hommes.
Les lecteurs et les acolytes installés devaient reprendre les fonctions autrefois exercées par les lecteurs, les porteurs, les exorcistes et les acolytes de l’Église médiévale, qui, à l’époque moderne, recevaient des ordres mineurs pour gravir les échelons du clergé. Pendant qu’il y était, Paul a supprimé l’ordre majeur de sous-diacre, dont les aficionados de la messe tridentine se souviennent avec tendresse. Le sous-diaconat était la dernière étape du cursus honorum (parcours des honneurs), désormais abandonné, avant l’ordre majeur de diacre.
À la fin du Moyen Âge, personne ne devenait clerc (par la tonsure) et n’entrait dans le cursus honorum à moins d’être sur la voie de la prêtrise. Peu importe l’histoire des femmes diacres. Peu importe que le diaconat ait été une réalité fonctionnelle. Peu importe que quelque 37 papes aient été diacres avant de devenir évêques de Rome. Tout cela a pris fin avec Grégoire VII, qui était archidiacre au moment de son élection en 1073. Grégoire a insisté sur l’ordination sacerdotale avant sa consécration épiscopale.
Aujourd’hui, François, dont la résistance apparente à certaines demandes du synode d’Amazonie a causé pas mal d’aigreurs, travaille rapidement à restaurer l’Église comme un corps de croyants fonctionnel et coopératif.
Bien que François ait passé outre certaines demandes du synode amazonien, notamment en ce qui concerne les prêtres mariés et les femmes diacres, il s’est concentré sur la fonction, plutôt que sur la fonctionnalité. Son magnifique Querida Amazonia, en réponse au document final du synode amazonien, a rappelé à l’ensemble de l’Église que le Canon 517.2 reconnaissait les coordinateurs de la vie paroissiale – certains religieux, certains séculiers, certains hommes, certaines femmes, certains mariés, certains diacres ordonnés – qui maintiennent les paroisses ensemble, les maintenant comme des communautés dynamiques. Il veut qu’ils soient reconnus, professionnalisés et rémunérés.
Il ne s’agit pas de savoir qui peut tout faire, comme les prêtres médiévaux qui s’arrogeaient essentiellement les fonctions de tous les autres ordres – majeurs et mineurs – en veillant à ce que leur sacerdoce soit le principal siège du pouvoir. Il s’agit pour les membres de l’Église tout entière d’assumer les promesses de leur baptême et de les mettre en pratique.
Considérez ceci : le 11 janvier de cette année, le pape François a ouvert aux femmes les ministères laïcs « institués » de lecteur et d’acolyte, auparavant réservés aux hommes (principalement des hommes en formation pour devenir diacres et prêtres).
Puis, l’autre jour, le pape François a répondu à une idée restée en suspens depuis le concile et a établi le ministère installé de catéchiste. Le pape a demandé « des hommes et des femmes de foi profonde et de maturité humaine, participant activement à la vie de la communauté chrétienne, capables d’accueillir les autres, d’être généreux et de vivre une vie de communion fraternelle ». Ce faisant, il a mis le doigt sur les échecs des paroisses « jumelées » ou « couplées », où un pasteur et son staff personnel gèrent plusieurs communautés, qui en elles-mêmes sont essentiellement sans chef.
L’ecclésiologie de François préfère les communautés de croyants rassemblées autour de l’Évangile et de l’Eucharistie avec la participation de tous. Il voit beaucoup de fleurs dans les champs de l’Église : des lecteurs, des acolytes, des catéchistes, des coordinateurs de vie pastorale, des diacres et des prêtres, tous dans des Églises particulières dirigées (et non gérées) par des évêques.
Bien sûr, quelqu’un doit coordonner les ministères (rémunérés, espérons-le) à tous les niveaux, mais plus la paroisse est petite, plus la coordination est importante. Ce document motu proprio sur les catéchistes n’élimine pas l’ordination comme nécessaire au ministère sacramentel, mais il élargit la notion d’évangélisation. Oui, les ordonnés peuvent évangéliser, mais la formation spécifique, les compétences, les personnalités et les disponibilités requises pour la catéchèse réelle peuvent être mieux trouvées parmi les laïcs.
Le ministère laïc est un véritable ministère, et l’accent est mis ici sur l’Évangile. Il s’agit de synodalité. Il s’agit d’évangélisation. Sans cela, il n’y aura pas d’Église.
Source : https://www.ncronline.org/news/opinion/just-catholic/francis-redesigning-church-new-lay-ministries
Traduction : Lucienne Gouguenheim