Par Christopher Lamb

Près de deux ans après que le pape François ait annoncé qu’il allait reformer une commission sur le diaconat féminin, The Tablet peut annoncer que celle-ci devrait tenir sa première réunion à Rome au milieu du mois prochain.

La réunion de la commission intervient juste avant le lancement d’un processus synodal mondial qui rassemblera des laïcs, des prêtres et des évêques dans les églises locales afin de discerner de nouvelles priorités pastorales. Les femmes diacres seront certainement à l’ordre du jour.

Le Covid-19 a retardé le travail de la commission des diacres et le groupe ne s’est pas réuni à distance. Si la pandémie le permet, les membres sont attendus à Rome pour une semaine de discussions qui débutera le 13 septembre. Deux membres de la commission ont confirmé la réunion de septembre à The Tablet.

Une analyse des membres de la commission suggère une répartition égale entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre les femmes diacres, et on peut craindre une répétition de ce qui s’est passé avec la première commission, qui, selon le pape, n’a pas pu parvenir à un accord.

Toutefois, bien que les membres de cette commission aient présenté leurs attestations, ils n’ont pas vu ce qui a été soumis au pape par le cardinal Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui avait supervisé leurs travaux.

La question précise sur laquelle la nouvelle commission devra se pencher est cruciale. Personne ne conteste la présence de diaconesses dans l’Église primitive, mais ceux qui s’opposent à la réintégration des femmes diacres font valoir qu’elles n’étaient pas ordonnées et qu’elles n’effectuaient que des tâches liées aux femmes, comme l’aide au baptême. Certains membres de la commission ont exprimé leur scepticisme quant au fait que les rôles exercés par les femmes diacres étaient similaires à ceux des hommes.

Mais la nouvelle commission pourrait être chargée d’examiner la nature du service diaconal ordonné, et de déterminer quelles tâches effectuées par les diacres masculins sont impossibles à accomplir par les femmes.

Bien que les opposants à l’ordination des femmes diacres affirment qu’elle servira de prétexte à l’instauration d’un sacerdoce féminin, le Concile Vatican II a souligné que le diaconat était un « ministère de service » et Benoît XVI a modifié le droit canonique en 2009 pour renforcer la distinction entre le sacerdoce ordonné et les diacres. Les questions en jeu concernent le service ecclésial, et non la doctrine, et pourraient donc également être traitées par les synodes locaux, parallèlement à la commission papale.

Néanmoins, toute ouverture aux femmes diacres fera l’objet d’une résistance farouche de la part de certains à Rome, les cardinaux de la curie étant censés avoir été parmi ceux qui se sont opposés à toute ouverture au diaconat féminin lors du synode d’Amazonie. La CDF est considérée comme le centre de la résistance au changement.

Le choix par le pape du cardinal Giuseppe Petrocchi, archevêque polyglotte de l’archidiocèse de L’Aquila en Italie centrale et conseiller de confiance de François, pour diriger la nouvelle commission pourrait changer la donne. Il est significatif que le pape ait choisi une personne extérieure à la CDF pour diriger la commission. Aux côtés de G. Petrocchi, le secrétaire sera le père Denis Dupont-Fauville, un fonctionnaire relativement nouveau au bureau de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui supervisait auparavant le diaconat permanent de l’archidiocèse de Paris.

Interrogé sur la réunion à venir et sur les instructions reçues du pape, le père Dupont-Fauville a déclaré qu’il n’était pas en mesure de commenter car leur travail était couvert par le secret pontifical. François a rencontré le cardinal Petrocchi et le père Dupont-Fauville le 26 octobre 2020.

Après que la première commission sur les femmes diacres s’est retrouvée dans l’impasse, beaucoup ont supposé que le sujet avait été envoyé aux oubliettes. Cependant, dans la phase de consultation pour le synode de l’Amazonie, « le diaconat permanent pour les femmes a été demandé » tandis que les évêques de la région ont fait une demande pour « partager nos expériences et nos réflexions ». François a déclaré le 8 avril 2020 qu’il « relèverait le défi » et relancerait la commission en nommant de nouveaux membres.

Le document final du synode de l’Amazonie demandait que « l’Église en Amazonie promeuve et confère des ministères aux hommes et aux femmes de manière équitable ». Cette année, François a modifié la loi de l’Église pour permettre aux femmes d’être officiellement instituées dans les rôles de lecteur et d’acolyte, tout en créant le ministère de catéchiste, qui sera ouvert aux hommes et aux femmes.

Source : https://www.thetablet.co.uk/news/14417/women-deacons-commission-to-hold-first-meeting
Illustration : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/47/Foto_Cardinale_Petrocchi.jpg