Réforme canonique : le canon sur l’ordination des femmes n’est pas nouveau, mais il peut être modifié
Par Phyllis Zagano
Il est désormais formellement illégal d’ordonner une femme comme diacre. Ou comme prêtre. Ou comme évêque.
Le 1er juin, le pape François a promulgué des révisions au Code de droit canonique détaillant les crimes et les punitions. Le nouveau « Livre VI : Sanctions pénales dans l’Église » entre en vigueur le 8 décembre. La plupart des révisions concernent les crimes d’abus sexuels et les réponses (ou non-réponses) des évêques et des supérieurs religieux. Certaines concernent les délits financiers.
Et puis il y a celle qui concerne l’ordination des femmes : « Can. 1379 § 3. Tant celui qui tente de conférer un ordre sacré à une femme, que la femme qui tente de recevoir l’ordre sacré, encourent une excommunication latae sententiae réservée au Siège Apostolique ; un clerc, en outre, peut être puni par la destitution de l’état clérical. »
Alors que les gens de droite peuvent à peine contenir leur joie, et que d’autres à gauche se dirigent vers la porte, il n’y a rien de nouveau dans cette minuscule phrase dans un document beaucoup plus long. En fait, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a présenté la même formulation et la même sanction dans un décret général de 2007. Puis, en 2010, le pape Benoît XVI a présenté des modifications presque identiques aux normes juridiques concernant les « délits graves ».
François présente maintenant un livre de droit entièrement nouveau. Dans l’ensemble, il répète ou renforce les façons dont le droit canonique peut châtier, punir ou même renvoyer les délinquants dans une grande variété de crimes. Et il inclut les laïcs aussi bien que les clercs.
François codifie également certains concepts intéressants. Par exemple, l’ivresse n’est pas une défense. En fait, on est doublement responsable si le crime a lieu pendant une ivresse délibérée, et la peine pour un crime commis en état d’ivresse doit refléter cette plus grande responsabilité.
Mais là encore, il existe de nombreuses échappatoires : Il semble que l’ignorance de la loi soit en effet une excuse. Enfin, il y a un nouveau langage : les « moyens de communication sociale » sont mentionnés deux fois, une fois pour exciter le mépris de la religion ou de l’Église, une autre pour enregistrer les confessions et diffuser les informations. La « technologie » fait également son apparition, en relation avec la pornographie et la sollicitation de personnes vulnérables.
Les révisions apportées à ce livre de droit canonique actualisent des points dont François a parlé ; en particulier, elles décrivent plus clairement les crimes d’abus sexuels et les sanctions qui en découlent. Certains se plaignent qu’il n’est pas allé assez loin, d’autres qu’il semble favoriser le secret, mais dans l’ensemble, les canons révisés et nouveaux semblent être un pas dans la bonne direction.
Mais il y a aussi ce nouveau canon sur l’ordination des femmes, qui semble sorti de nulle part. Peut-être que oui, peut-être que non. Rappelons que le libellé fait double emploi avec le décret de 2007 de la CDF et les modifications apportées par Benoît XVI aux normes juridiques en 2010. Les partisans de l’accession des femmes aux rangs cléricaux peuvent être déçus, mais il n’y a rien de nouveau.
Cependant, le nouveau canon mentionne « un ordre sacré ». Cela pourrait n’être que le sacerdoce, du moins si l’on respecte l’histoire. À l’époque où le canoniste Gracian a rassemblé les lois canoniques au 12e siècle, peu de femmes et encore moins d’hommes étaient ordonnés au diaconat en tant que vocation permanente. Le droit s’est développé de telle sorte qu’aucun (homme) ne puisse être ordonné diacre à moins d’être destiné à devenir prêtre. Seuls des arguments plus modernes associent le diaconat et le sacerdoce, de sorte que le diaconat fait partie du sacerdoce. Ce n’est pas exact. Les orthodoxes ne connaissent pas une telle confusion, et le patriarche œcuménique Bartholomée I n’a rien dit contre l’ordination de femmes diacres. En fait, associer les deux ordres revient à plaider en faveur des femmes prêtres, car il existe une longue histoire documentée de femmes ordonnées sacramentellement comme diacres. Ce que l’Église a fait, elle peut le refaire.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la restriction désormais codifiée contre l’ordination des femmes, au moins comme diacres, est une « loi purement ecclésiastique ». C’est-à-dire qu’elle peut être modifiée. Rappelez-vous, si vous le voulez bien, que François a modifié le droit canon pour permettre à tous les laïcs – hommes et femmes – d’être installés comme lecteurs et acolytes. Il s’agissait d’une évolution de la doctrine. Et la discipline actuelle veut que toutes les personnes qui sont ordonnées diacres doivent d’abord avoir servi dans ces deux ministères laïcs installés.
Nous savons que les « simples lois ecclésiastiques » peuvent être modifiées. François le sait aussi.
La meilleure nouvelle dans tout cela est venue lors d’une conférence de presse, lorsque Mgr Juan Ignacio Arrieta, secrétaire du Conseil pontifical pour les textes législatifs, a répondu à une question intéressante. Catholic News Service a demandé pourquoi le canon révisé ne précise pas l’ordination sacerdotale, laissant ainsi ouverte la question des femmes diacres. Après tout, il existe maintenant une deuxième commission d’étude sur les femmes diacres.
Mgr Arrieta a répondu que la loi reflète l’enseignement actuel de l’Église et que « si nous arrivons à une conclusion théologique différente, nous modifierons la norme. »